VIES ANTERIEURES
ET
SCIENTOLOGIE
Comment la scientologie amène ses adeptes
à se construire un mental peuplé
de souvenirs de vies antérieures
« Projet domination »
Réflexion sur le thème
« sectes et société »
Paul Vannieuwenhuyze
Quatrième partie
Une « église » entièrement vouée au crime
« Hubbard n’avait pratiquement plus eu aucun contact avec ses parents et la famille Waterbury ; seule Toilie s’efforçait de ne pas couper tout lien en lui écrivant une ou deux fois par an et c’est donc elle qui avait été chargée de retrouver la trace de Ron quand May avait été transportée à l’hôpital. Dans la friture de la communication intercontinentale, elle entendit son neveu répondre qu’il était « trop occupé » pour venir. Malgré son âge, Toilie n’avait rien perdu de sa vivacité de jeune fille : « Tu vas prendre le premier avion, Ron, dit-telle. C’est un ordre ! Tu ne peux pas faire moins pour ta mère et je prie le Seigneur que tu arrives avant qu’elle ne meure ».
Quand Hubbard débarqua à Bremerton, sa mère était déjà dans le coma. Il se rendit à son chevet, lui parla en lui tenant la main et dit ensuite à sa famille qu’il était sûr qu’elle avait été consciente de sa présence. May rendit le dernier soupir le lendemain. « Ron n’est pas resté pour l’enterrement, se souvient sa tante Marnie. Il a organisé les obsèques, payé la pierre tombale et fait venir un homme de son « église de scientologie » pour escorter le cercueil avec Hub et Tolie jusqu’à Helena, où May voulait être enterrée ; lui est reparti aussitôt après en Angleterre. Je ne sais vraiment pas ce qu’il y avait de si urgent là-bas pour qu’il n’assiste même pas à l’enterrement de sa propre mère » (Russell Miller, Le gourou démasqué).
« Il dormait ensuite toute la matinée et passait souvent l’après-midi à bavarder avec Richard. « Il me parlait surtout de lui-même mais sans faire de vraies confidences […] Il m’a beaucoup parlé de Jack Parsons et d’Aleister Crowley […] des séances de magie noire auxquelles il affirmait n’avoir assisté qu’en spectateur […] Son absence totale d’altruisme m’a effaré. Pour lui, les gens étaient faits pour être exploités. Il n’avait pas enlevé Alexis pour la garder, il se servait d’elle comme moyen de pression sur Sara […] Quand je l’ai vu pour la première fois au Shrine Auditorium, je le considérais comme un grand homme qui avait fait une découverte si importante qu’elle éclipsait ses défauts personnels […] Il n’avait jamais fait de véritables recherches mais il avait beaucoup lu et savait beaucoup de choses sur Freud, l’hypnose, l’occultisme, la magie, etc. C’est de là que sort la Dianétique […] Je ne crois pas que la Dianétique ait eu du succès uniquement parce qu’elle arrivait au bon moment […] Si quelqu’un lance une idée en affirmant qu’elle changera le monde, il y aura toujours des gens pour le croire et le suivre. En un sens, Lénine a été le Hubbard de 1917 » (Russell Miller, Le gourou démasqué).
« S’il se présente une menace à long terme, vous devez immédiatement l’évaluer et provoquer une campagne de Propagande noire afin de détruire la réputation de la personne responsable et de la discréditer de telle manière qu’elle soir mise au ban de la société » (L. Ron Hubbard, Lettre de règlement, HCOB du 30 mai 1974).
« La personne Fair Game (note : gibier de potence) peut être privée de ses biens, ou blessée par n’importe quel moyen, par n’importe quel scientologue sans que celui-ci soit passible d’aucune mesure disciplinaire de la part de la Scientologie. On peut tromper une personne Fair Game, la poursuivre en justice, ou lui mentir, ou la détruire » (L. Ron Hubbard, Lettre de règlement, HCOB du 7 octobre 1962).
« Mon père est et a toujours été un escroc […] Mon père s’est toujours servi des informations confidentielles extraites pendant les séances d’audition pour intimider, menacer et forcer les gens à faire ce qu’il voulait, ce qui signifiait souvent se faire payer. Mon père usait couramment de fausses menaces et d’informations d’audition quant à des crimes commis par eux pour leur extorquer de l’argent […] Les principes de base de mon père concernant les « personnes suppressives », la « Loi du Gibier de Potence » (fair game), « attaquer l’attaquant », etc., ont toujours été et seront toujours parties intrinsèques de la scientologie. La structure même de l’organisation scientologique et ses théories ne peuvent opérer sans cela, et la scientologie ne serait pas la scientologie sans ces principes réglementaires » (Affidavit de Ronald De Wolfe, né L. Ron Hubbard, junior).
Extrait de l’entretien de Ron De Wolfe, né L. Ron Hubbard jr, dans le magazine Penthouse :
« Hubbard : Fin des années 50, il y avait Errol Flynn et un type haut placé du Parti Travailliste anglais ; mon père et Errol Flynn étaient assez semblables : intéressés par l’argent, les drogues, le sexe et la chopine. A cette époque, Flynn avait tout du lourdaud mal foutu. Mais il s’arrangeait avec mon père pour les affaires : l’or de la Méditerranée, et des drogues, surtout de la coke.
« Ils étaient juste un peu plus larges que l’existence. Il me faut au moins admirer ça chez mon père. Comme je l’ai dit plus haut, c’était un écrivain de science fiction raté, le voilà qui écrit un bouquin de science-fiction et réussit à faire croire à tout le monde que c’est la vérité. Il en vend des millions, se fait des milliards de dollars, et plein de types le prennent pour un Dieu. Il était vraiment plus grand que la vie. Flynn aussi, d’ailleurs. On peut dire des tas de choses sur leur dos, mais ils ont vécu comme ils voulaient et fait ce qu’ils voulaient. Ça a toujours été distrayant de les entendre papoter aux repas. Des gens bizarres.
« Errol Flynn était aussi comme mon père pour le fric : il aurait fait n’importe quoi. Il fichait tout ce qu’il pouvait dans son lit : garçons, filles, des femmes de 55 ans, des gamins de dix ans. Flynn et mon père avaient des appétits insatiables. Des tonnes de maîtresses. Ils vivaient en goinfres complets.
« Penthouse : Et cet officiel du Parti Travailliste ?
« Hubbard : C’était un agent double pour le KGB et MI5 – les services secrets anglais. Il voulait que mon père utilise sa magie noire et ses techniques de craquage de cerveau sur des gamins. Il voulait en faire ses esclaves sexuels ; il voulait se servir des techniques de mon père pour voir ce qu’il y avait dans la tête des gens parce qu’il avait beaucoup d’influence dans le gouvernement, et qu’en plus, il monnayait ses infos auprès des Russes. Comme mon père.
« Penthouse : Votre père vendait de l’information aux Soviets ?
« Hubbard : Oui. C’est comme ça qu’il a eu l’argent pour acheter le château de St Hill Manor à East Grinstead dans le Sussex anglais, devenu le QG de la scientologie.
« Penthouse : Qu’est-ce qu’il leur vendait comme informations, aux Russes ?
« Hubbard : Il ne faisait pas d’espionnage ; normalement, il faisait rentrer ces gens bizarres la nuit ; il m’a dit qu’il laissait le KGB fouiller dans nos dossiers, et qu’il en tirait 40 000 livres sterling [environ 4 millions de F au cours 1997]. C’est comme ça qu’il a acheté St Hill.
« Penthouse : Est-ce que vous connaissez des informations spécifiques que le KGB a obtenu de votre père, qui pourraient créer des problèmes de sécurité?
« Hubbard : Les plans d’un missile à tête chercheuse par infra-rouge dans les années 50. Ils ont eu l’information en auditant bien à fond l’un des ingénieurs en chef du projet. Pas mal d’infiltrations. il y a toujours eu un intérêt colossal de la scientologie pour le personnel militaire et gouvernemental. Je ne peux le prouver d’ici, mais je crois que le KGB entraînait des agents d’Allemagne de l’Est arrivant à Londres par le Danemark, puis les envoyait aux Etat-Unis: ils étaient supposés être des scientologues. Ils étaient très bien entraînés.
« Penthouse : Est-ce seulement pour l’argent que votre père le faisait ?
« Hubbard : Oui. Plus il en faisait, plus il en voulait. Il est devenu cupide. Il ne s’intéressait qu’à l’argent et au pouvoir, d’où qu’ils viennent et quel que soit le résultat. La moralité et la politique ne faisaient qu’un pour lui » (Penthouse Magazine).
« J’ai personnellement travaillé avec Hubbard sur le navire Apollo, de 1971 à 1973. J’ai personnellement observé Hubbard gérer tous les aspects des réseaux de la Scientologie, de la Sea Org et du Bureau du Gardien. J’ai cru que Hubbard m’avait sauvé la vie : j’avais été « jeté par dessus bord », Hubbard avait alors ordonné que je sois remonté à bord. J’ai donc cru qu’il m’avait sauvé la vie et j’en ai été encore plus dévoué à sa personne et à la scientologie. De ce fait, j’étais souvent seul avec lui – même aux moments où il s’injectait une solution dans le bras avec une seringue, ce qu’il faisait fréquemment. J’arrangeais aussi les pilules qu’il prenait, de 10 boîtes numérotées différentes » (Déclaration sous serment d’André Tabayoyon du 5 mars 1994, Los Angeles, Californie).
« Chaque jour, Steven Fishman reçoit un mail-bombing de près de 500 messages. Il est harcelé en permanence au téléphone et suivi dans tous ses déplacements. Récemment, il a perdu son travail dans une maison de repos, car les patients avaient appris qu’il avait séjourné en prison. Les scientologues agissent de la même manière que Steven Fishman auparavant. A l’époque où il travaillait pour la Scientologie, il avait lui-même pour mission d’essayer de ruiner la vie d’anciens membres. Tout a basculé lorsqu’il a été arrêté en 1988 pour opérations financières frauduleuses. C’est la Scientologie qui l’a poussé à ces pratiques, d’après Fishman. Il a présenté des fausses déclarations dans le but d’obtenir de l’argent pour payer les cours proposés par la secte. Fishman en a révélé tous les détails à son médecin-psychologue Dr Uwe Geertz. A cette même époque Fishman avait reçu l’ordre de l’Eglise de Scientologie d’assassiner Dr Geertz, et de se suicider ensuite (faire un « End of Cycle » [fin de cycle] dans le jargon scientologue, ndt). Dr Geertz est parvenu à lui faire renoncer à ce projet. Fishman fut condamné à 5 ans de prison et à une amende de 400°000 dollars. Le 29 décembre 1992, il a été libéré sur parole […] « La peur est la principale chose qui retient les adeptes dans la Scientologie. » […] « la Scientologie présente un type de comportement particulier. Elle abuse du système légal pour obtenir ce qu’elle veut. C’est une secte qui dépense près de 20 millions de dollars en frais de justice chaque année ! » (Interview of Fishman, par Helene Schilders, 13 décembre 1995, Nieuwe Revu, magazine hebdomadaire néerlandais)
« […] j’ai dû adhérer au GO (Gardian Office). Dans ce service, je fus surprise de constater qu’ils avaient le don de prédire 10 minutes à l’avance que la police allait débarquer. […] J’ai été envoyée à Saint-Hill, East-Grinstead en Angleterre pour faire un entraînement complet appelé PR training (entraînement sur les relations publiques). Je me rappelle avoir lu Public Relations de Cutlip et Center, Un espion et son maître et L’art de la guerre ainsi que des tonnes de documents de L. Ron Hubbard […] Une nuit, les missionnaires se sont mis à nous crier dessus. Après leurs hurlements, l’un d’entre eux nous demanda si nous avions une question à poser. J’avais une question à poser et j’ai levé la main. Ils ont dû penser qu’il était très impudent d’avoir une question à poser, alors ils voulurent donner l’exemple et m’ordonnèrent d’avancer. On me fit asseoir sur une chaise en face de 80 personnes. Ils dirent aux autres de me regarder comme étant la vraie personnalité suppressive. Les 3 missionnaires me crièrent dessus et m’humilièrent pendant 2 heures et devant tout le monde. Mes camarades furent ordonnés de partir et je restai seule avec eux. Je passais 3 heures de plus avec leurs hurlements me disant que je n’avais jamais rien fait de bien de toute ma vie. Mike Sutter en vint à me cracher au visage, à jeter des chaises et il lança une table qui me heurta à l’estomac. Il me dit que je serai expulsée de la Scientologie pour toujours. Il n’y avait rien d’autre qui ne me faisait aussi peur que d’écouter de tels mots. Je me rappelle que je pensais : « expulsée ? mais je suis encore en vie ! » Après 3 heures d’un tel traitement, je me mis à pleurer et à leur dire que j’avais toujours essayé de faire au mieux en suivant les lettres de règlement de LRH tout le temps que je faisais partie du staff. Ce moment précis marqua un tournant ; on me dit que cette mise en scène était un test pour vérifier si je pouvais tenir ma position. Je devais ensuite devenir leur premier officier dans leur nouveau département d’OSA ! (My story about Scientology, Birgitta Dagnell, suédoise, ex-membre de l’OSA).
« […] ils la chargèrent dans un break privé pour l’amener à un hôpital distant de 40 km où un médecin d’urgence scientologue, le Dr David Minkoff, avait pris rendez-vous avec eux pour tenter de cacher sa condition physique et la cause de son décès […] aussi bien le Dr Minkoff que la scientologie savaient qu’il est illégal d’écrire des prescriptions pour des personnes qui ne sont pas patientes chez le Dr Minkoff. […] Dr Minkoff fut d’accord pour voir Lisa McPherson et instruisit les compagnons scientologues qui la gardaient d’avoir à amener son corps vers un hôpital éloigné de 40 km afin de cacher les faits véritables associés à sa mort, ainsi que la cause de celle-ci […] Lisa McPherson a subi ces extrêmes : tortures, isolement, hématomes, contusions, abrasions, morsures d’insectes, saignements de nez, du menton, déshydratation, coma, méchanceté et d’incroyables dommages, douleur, souffrances et angoisses psychologiques ayant finalement abouti à la mort […] Tandis qu’elle était emprisonnée à l’Hôtel Fort Harrison, Lisa McPherson demanda à être libérée, se frappa dans les murs, et fut par moments empêchée physiquement de partir par la scientologie […] Plutôt que fournir une famille/église aimante et les moyens de parvenir à un état divin, libéré d’ennuis physiques et autres, état promis dans nombre de publications du défendant, ainsi que dans des cours, vidéos et autres achetés par Mlle McPherson, le défendant lui a provoqué des crises de psychose telles qu’elle eût un besoin urgent de soins médicaux et psychologiques, que le défendant refusa de lui fournir, même après qu’il fut devenu parfaitement évident que les contraintes physiques et mentales allaient rapidement mener Lisa McPherson vers une mort prématurée » (plainte civile déposée aux Etats-Unis à la suite du décès de Mlle Lisa McPherson, 36 ans).
« La hiérarchie scientologue emploie une tactique des plus coercitives : impliquer ses membres dans des actes criminels pour lesquels ils peuvent être poursuivis, ce qui les empêche dès lors de parler. Même lorsque l’adepte réussit à fuir, il craindra de parler en justice ou aux officiels, ayant lui-même participé à ces crimes. En outre, l’organisation use de tactiques maffieuses pour menacer tout ancien membre, au cas où la hiérarchie craint son témoignage. Si l’ex-membre parle, l’organisation prétendra ne rien savoir et accusera l’individu, le qualifiant de criminel alors que cette personne n’a rien fait d’autre que suivre les ordres en raison de la pression exercée […] A la torture psychique s’ajoutent les mauvais traitements physiques : privation de sommeil, privation des soins élémentaires, nourriture appauvrie, conditions de travail dangereuses, obligation de courir. Pire encore; le jour où elle est enfermée dans un des locaux les plus inaccessibles du mitard du RPF, elle aperçoit dans l’obscurité une femme enchaînée aux chevilles, en train d’écoper l’eau depuis on ne sait combien de jours, et dont les chances d’en sortir vivante sont minces. […] Il avait été contraint de retirer sa plainte à l’époque où il avait quitté la Scientologie, car il était l’objet d’un chantage sur des confessions qui avaient soigneusement été notées au cours de ses séances d’audition. La secte, qui s’engage pourtant à tenir confidentielles les « dossiers paroissiaux » des « audités », use ainsi de moyens de pression contre ses ex-membres » (Témoignages contre la Scientologie, Récits d’anciens adeptes).
« Il y a tous ces avantages fiscaux, et ces avantages constitutionnels, puisque le gouvernement ne peut s’impliquer dans les opérations d’une église. Je crois que c’est surtout ça, plus que toute autre chose, qui l’a décidé à utiliser ce « véhicule » religieux, car on peut voir qu’il a toujours été difficile pour n’importe quel gouvernement de s’en prendre aux activités des églises […] La cruauté de Hubbard alla jusqu’aux enfants. Une fois, Hubbard se mit en rogne parce qu’un gamin avait involontairement mâchonné un télex. Hana Eltringham : « Il a collé ce gamin de 4 ans et demi – Derek Greene – dans le puits d’ancre du bateau, pendant deux jours et deux nuits. C’est une sorte de local en fer, fermé, plein d’humidité et d’eau de mer, ça pue. Mais Derek était assis là, sur la chaîne, et ça a duré deux jours. On ne lui permettait même pas d’aller faire ses besoins : il a fallu qu’il reste là, à se faire dessus. On lui donnait à manger ; je n’étais pas dans les parages, mais les gens l’ont entendu pleurer. Ça, c’est du pur sadisme, c’est de la violence gratuite contre un gosse […] Gabriel CAZARES – ancien Maire de Clearwater : « Ces ordres très clairs étaient d’envahir, de trouver qui étaient les amis et de les aider, trouver qui étaient les ennemis et les détruire. Puis envahir tous les domaines possibles de la vie communautaire, les affaires, le social, l’éducation, le religieux. » Le plan marcha. Clearwater est un bastion scientologique. La Scientologie y possède plusieurs sites primordiaux. De grands noms de la scientologie s’y sont installés, Lisa Marie Presley par exemple » (Vies secrètes – L. Ron Hubbard – Télévision : Channel 4, ANGLETERRE, MERCREDI 19 novembre 1997, 21 heures).
« Des célébrités sont impliquées dans la Scientologie, telles que Priscilla Presley, Julia Migenes, Johnson, Karen Black, John Travolta, Tom Cruise, Chick Corea et bien d’autres encore (ndt : en France, Xavier Deluc, Arnaud Boetsch et Cyprien Katzaris revendiquent également leur appartenance à la Scientologie). Même si ces célébrités ont suivi de nombreux cours avancés, les rendant persuadés de la puissance apporté par la Scientologie, il est certain qu’elles n’ont jamais connu la face cachée de leur église. Les artistes reçoivent un traitement de faveur dans des centres conçus pour eux, justement appelés « Celebrity Centers ». Quand ils sont invités par les organisations scientologues, telles que l’Hôtel Fort Harrisson à Clearwater, en Floride, ils obtiennent les meilleures chambres et sont servis par des garçons en uniforme dans de luxueuses salles à manger. On ne leur montre pas les parkings de garage, où les récidivistes de la Sea Org sont condamnés à séjourner à titre punitif. C’est quelque chose que Priscilla Presley n’a jamais vu, vous pouvez en être certains. Elle et sa fille n’ont jamais été enfermés dans la cale d’un bateau, un fait dont je peux témoigner puisque c’est arrivé à de jeunes personnes à plusieurs reprises alors que j’étais à bord de l’Apollo. Elle conçoit encore la Scientologie telle que je l’idéalisais à mes débuts, et elle ne sera jamais autorisée à voir autre chose que ce qu’ils auront bien voulu lui montrer – pas plus qu’elle ne s’autorisera elle-même à croire des témoignages comme le mien […] Selon Hubbard, le SP a commis dans son passé (y compris les vies antérieures) un crime d’une extrême gravité contre l’humanité. C’est la raison pour laquelle le SP doit être harcelé […] Nous étions à peine en vue de la Caroline du Sud lorsque Ron Hubbard fut averti que des agents de l’IRS (ndt : le fisc américain) l’attendaient sur le quai pour l’arrêter […]Il y avait certaines tâches que je détestais dans mon nouveau travail, comme téléphoner aux adeptes qui n’avaient pas encore payé pour leur niveau d’OT suivant. Il m’était demandé d’exercer avec insistance des pressions psychologiques pour faire payer les retardataires. Je me souviens même d’avoir dit à un adepte que, s’il ne s’inscrivait pas au niveau d’OT supérieur, il risquait d’en mourir. Je détestais particulièrement ces appels téléphoniques, mais c’était une obligation de mon poste » (Monica Pignotti, Mes neuf vies dans la scientologie).
« Hubbard récupéra peu à peu, administrant ainsi à tous la preuve de l’efficacité miraculeuse de l’auditing à tous sauf à son auditeur. Car Mayo était profondément troublé par ce qu’il découvrait pendant ces séances quotidiennes : « Il révélait sur lui-même et sur son passé des choses absolument contraires à presque tout ce qu’on nous avait dit. Je me moquais de ce qu’il avait fait pendant la guerre, je n’étais pas devenu scientologue parce qu’il était ou non un héros, mais j’étais angoissé de découvrir que ses véritables intentions étaient à l’inverse de celles qu’il professait : ainsi, je voyais ses Messagères lui apporter des valises pleines de billets de 100 dollars alors qu’il avait toujours dit et écrit que la Scientologie ne lui avait jamais rapporté un sou… Je ne lui reprochais pas de gagner de l’argent ou d’avoir de la fortune, j’estimais au contraire qu’il méritait la récompense de ses actions extraordinaires… Mais pourquoi fallait-il qu’il mente à ce sujet ? Et puis, j’ai commencé à prendre conscience qu’il n’agissait nullement pour le bien de l’humanité – peut-être en avait-il eu l’ambition au début mais ce n’était plus du tout le cas. Un jour que nous parlions des cours de l’or ou de quelque chose de ce genre, il m’a dit avec une parfaite conviction qu’il était obsédé par une soif insatiable pour l’argent et le pouvoir. Je ne l’oublierai jamais et je le cite textuellement : « Une soif insatiable pour l’argent et le pouvoir » (Russell Miller, Le gourou démasqué).
« A sa mort en 1986, la fortune personnelle de Hubbard est estimée à plus de 640 millions de dollars, amassés grâce à la Scientologie (en dépit de son démenti selon lequel il n’a jamais touché de royalties sur la vente de ses livres) […] Le GO est inspiré du réseau Gehlen ». Ses agents dérobent des dossiers médicaux, envoient des lettres anonymes et calomnieuses, préparent des coups montés contre les opposants afin qu’ils soient poursuivis pour des actes criminels qu’ils n’ont pas commis, pratiquent le chantage, le harcèlement et les cambriolages à domicile. Ils vont jusqu’à infiltrer les milieux gouvernementaux pour voler des milliers de dossiers (y compris des fichiers d’Interpol sur le terrorisme et ceux d’échanges d’informations entre les Etats-Unis et le Canada). De nombreux opposants ont fini par se décourager et sont réduits au silence […] La direction de la Scientologie est devenue une organisation paramilitaire, sous la direction du « Commodore » L. Ron Hubbard. Tous les membres de la Sea Org sont censés s’entraîner aux arts martiaux et au maniement des armes. Des officiers se vantent publiquement que la direction est « dure » et « impitoyable ». La compassion est pratiquement ignorée dans les enseignements prolixes de Ron Hubbard. Les membres de la Sea Org sont soumis couramment à un emploi du temps écrasant de 90 heures par semaine, pour une rémunération dérisoire. Certains doivent parfois se contenter d’un régime alimentaire composé de riz, de haricots, et de porridge. La discipline est stricte et les sanctions très dures: la suspension de salaire et la privation de nourriture équilibrée précèdent l’exclusion des quartiers dortoirs (quand le personnel est consigné dans la « hutte à cochons ») […] En juillet 1992, l’Eglise de Scientologie est déclarée coupable d’infiltration au sein de la Police Montée de Toronto, Ontario, la royauté canadienne, mais aussi parmi les différents services fiscaux du Canada, chez le Procureur Général de Ontario et à l’intérieur de divers autres organismes d’Etat. Des milliers de dossiers ont été volés par le réseau d’espionnage de Ron Hubbard » (Jon Atack, Le piège de la liberté totale).
« Jean-Marie Cavada : Est-ce qu’il est indiscret de vous demander combien vous étiez payés pour votre dernier travail ?
« Claude : Alors là c’est facile… (ironique).
« Pierre : Cela variait entre 0 et 100 francs par semaine, je n’ai jamais été payé au-delà.
« Jean-Marie Cavada : Et dans ce monde-là, il n’y a pas plus de 4 semaines par mois… Donc en gros 400 ou 500 francs par mois. Hébergés, nourris, logés ?
« Pierre : Voilà. Disons que pour détailler la paye, étant donné que nous étions hébergés, logés et nourris. Cet hébergement était à concurrence de 400 francs. On avait droit à une somme qui n’était même pas versée puisque automatiquement retenue […]
« Jean-Marie Cavada : Et vous aviez contracté des dettes ?
« Claude : Non. Simplement quand j’étais membre du personnel, j’étais soi-disant auditée « gratuitement » et je recevais de la technique de Hubbard « gratuitement », mais je devais à chaque fois signer une reconnaissance de dettes comme quoi si je n’étais plus scientologue, je devais « rembourser » des grosses sommes à la Scientologie (ndr : c’est un des multiples procédés employés par la secte pour tenir l’adepte en laisse. D’ailleurs, l’Eglise de Scientologie n’hésite pas parfois à menacer l’ex-adepte de le poursuivre en justice pour réclamer cet argent. Ce que l’adepte ignore en général, c’est que cette secte ne mettra jamais ce genre de menace à exécution, pour la simple raison que cette forme de reconnaissance de dettes est totalement illégale, et qu’elle le sait très bien !).
« Jean-Marie Cavada : Grosses sommes, cela veut dire combien au total ?
« Claude : Cela s’élevait à environ 140 000 francs » (Interview d’un couple d’ex-scientologues sur France 3).
« A ce monde de sa création, Hubbard ajouta bientôt un corps d’élite, les « Messagers du Commodore », composé d’adolescentes recrutées parmi les enfants des scientologues. Ils avaient à l’origine pour fonctions, anodines en apparence, de relayer les instructions orales du Commodore à l’équipage et aux élèves. Fillettes à peine pubères pour la plupart, ces Messagères n’allaient pas tarder à abuser du pouvoir que leur conférait ce statut d’autre moi de Hubbard. Dans leurs coquets uniformes bleu marine galonnés d’or, elles devaient répéter ses messages en l’imitant servilement ; ainsi, s’il était de mauvaise humeur, elles devaient jeter au visage du destinataire les mêmes insultes et sur le même ton. Nul n’osait contredire une Messagère ni désobéir à ses ordres. Investies de l’autorité du Commodore, elles devinrent de véritables petits monstres unanimement redoutées.
« A partir de 70, les Messagères se mirent jour et nuit au service de Hubbard. Quand il dormait, deux d’entre elles montaient la garde à la porte de sa cabine en attendant le signal de son réveil et deux autres passaient la journée devant la porte de son bureau.
« Elles l’escortaient dans ses promenades sur le pont, l’une portant ses Kool, l’autre un cendrier. Elles enregistraient dans un journal les activités quotidiennes du Commodore et ses messages transcrits mot à mot. Soucieuses de se montrer dignes de cet insigne honneur, elles rivalisaient d’ardeur pour plaire au Commodore, en lui allumant ses cigarettes, par exemple, ou en époussetant ses feuilles de papier, avec d’autant plus de zèle que ces initiatives leur valaient bons points et récompenses.
« Doreen Smith, jolie blondinette de douze ans, arriva aux Açores en septembre 1970 pour embarquer sur l’Apollo. Née dans une famille de scientologues, rêvant depuis toujours d’approcher le Commodore, elle dut commencer par faire ses preuves en lavant la vaisselle avant de passer son examen d’entrée devant un jury de Messagères de quatorze ans. Ce fut le plus beau jour de sa vie : « Je devenais enfin ce dont j’avais toujours rêvé. LRH était le héros de mon enfance… » Car Nul à bord, Mary Sue moins que tout autre, n’ignorait que le Commodore préférait son escadron de jeunes et jolies Messagères à ses propres enfants […]
« Les soins journaliers incombaient aux Messagères, pour qui cela devint bientôt un calvaire : « Jusqu’à son accident de moto, se souvient Jill Goodman, il était charmant et sympathique. Après, il est devenu un emmerdeur de la pire espèce […] On ne savait jamais à quoi s’attendre quand on entrait chez lui. » « Il n’a pas bougé de ce maudit fauteuil de velours rouge pendant trois mois, renchérit Doreen Smith. Il dormait par tranches de trois quarts d’heure, le reste du temps il braillait sans arrêt. Nous ne savions jamais comment le satisfaire, nous en perdions le sommeil. J’étais la seule, disait-il, à savoir disposer ses coussins, une autre son tabouret, une troisième ceci, une quatrième cela, de sorte que chaque fois qu’il ouvrait les yeux nous devions courir le dorloter pendant qu’il nous couvrait d’injures ordurières. Les plus aguerries en pleuraient […] Ce fauteuil rouge était devenu pour nous le symbole de ce qu’il y a de pire dans la nature humaine. Nous aurions voulu le réduire en miettes et le jeter par-dessus bord.
« Tandis que Hubbard écumait et jurait dans son fauteuil rouge en imputant les mobiles les plus sinistres aux erreurs les plus vénielles, il édicta une nouvelle règle qui allait rendre les conditions de vie à bord de l’Apollo dignes de l’univers concentrationnaire de George Orwell.
« Persuadé que chacun sabotait ses instructions, il institua une section disciplinaire baptisée « Rehabilitation Project Force » ou RPF. Chaque personne soupçonnée de ne pas exécuter ses ordres avec assez de diligence ou de bonne volonté était condamnée à un stage plus ou moins long au RPF, qui prit bientôt d’imposantes proportions. Ses pensionnaires, vêtus de salopettes noires, n’avaient pas le droit de se mêler aux autres et couchaient dans une cale sans air et sans lumière sur des matelas crasseux destinés à être jetés. Ils dormaient sept heures par nuit, ne bénéficiaient d’aucune pause pendant la journée et mangeaient les restes de l’équipage.
« La situation s’est nettement dégradée à partir de moment-là, se souvient Gerry Armstrong, alors promu second de l’Apollo. Hubbard devenait de plus en plus paranoïaque et violent. Il se croyait entouré de gens malveillants qu’il condamnait au RPF pour un oui ou pour un non…
« Si une odeur lui déplaisait, l’ingénieur chargé de la ventilation était condamné.
« Si le cuisinier brûlait un toast, RPF.
« Si une Messagère se plaignait de n’importe qui, RPF…
« Depuis son accident de moto, il n’était plus le même. On l’entendait hurler et délirer à longueur de journée Il accusait les cuisiniers de l’empoisonner. A l’époque, personne n’osait encore se dire que l’empereur était nu.
« Il exerçait un tel contrôle sur nos pensées les plus intimes que ne pouvions pas même envisager de tout plaquer sans croire que c’était nous qui étions anormaux.
« Au soulagement général, le Commodore parut remis de son accident pour son soixante-troisième anniversaire en mars 1974 et l’Apollo reprit ses errances, dans un triangle délimité par le Portugal, Madère et les Canaries. Mais il s’était produit entre-temps un bouleversement dans la hiérarchie : après le Commodore et sa femme, les personnes les plus influentes étaient désormais des fillettes en débardeurs et mini-shorts, nouvel uniforme des fidèles Messagères. Pendant que Hubbard exhalait bruyamment sa douleur, les Messagères avaient en effet assumé à son service nombre de nouvelles tâches. Elles lui lavaient la tête et le coiffaient, elles l’aidaient à s’habiller et à se déshabiller, elles lui tartinaient le visage d’onguents qui, croyait-il, préservaient sa jeunesse. Une fois guéri, les Messagères continuèrent à le dorloter et à se rendre indispensables. Toutes blondes, jolies et bâties comme des majorettes, elles avaient conçu, avec la bénédiction du Commodore, ce nouvel uniforme destiné à mettre leurs attraits en valeur. Mais si les membres masculins de l’équipage rivalisaient d’ardeur pour tenter de déflorer ces troublantes lolitas, Hubbard ne leur manifestait aucun intérêt sexuel. « Il n’a jamais rien essayé avec nous, se souvient Tonya Burden, embarquée sur l’Apollo à quatorze ans.
« Il ne couchait même plus avec Mary Sue et, pour nous, il était devenu impuissant. A mon avis, il s’excitait en nous regardant, sans plus. » « Je lui ai demandé une fois pourquoi il s’entourait d’adolescentes, raconte Doreen Smith. Il m’a répondu que l’idée lui venait des nazis. Hitler était peut-être fou, disait-il, mais il était un génie à sa manière et la Jeunesse hitlérienne une de ses plus brillantes initiatives. Pour lui, les jeunes étaient des ardoises vierges sur lesquelles on pouvait écrire ce qu’on voulait […] Il préférait les filles parce qu’il considérait en général les femmes plus loyales et plus fidèles que les hommes.
« Plus les Messagères flattaient ses caprices, plus Hubbard les considérait comme les seules personnes de son entourage dignes de sa confiance. Le soir, après le rituel de son coucher, il leur racontait interminablement ses aventures qu’elles écoutaient fascinées, assises à ses pieds. De tels privilèges ne pouvaient toutefois leur faire aucun bien : « Nous étions devenues de malfaisantes petites garces, intouchables et toutes-puissantes, admet Jill Goodman. Il n’était pas rare de voir une gamine de quatorze ans se ruer sur un officier en criant : « Tu vas faire un tour de RPF, sale connard. Ça t’apprendra à foutre le bordel ! » Il était impensable de répliquer, c’eût été aussi grave que de tenir tête à Hubbard. « [Elles] étaient ivres de leur pouvoir au point de devenir vicieuses et malhonnêtes, affirme la sœur d’Amos Jessup. Elles formaient une caste dangereuse […]
« Il s’était fait confectionner des uniformes en soie blanche et avait doté ses fidèles Messagères de tenues blanches fort seyantes, complétées par des lunettes réfléchissantes leur donnant une sinistre allure de mutantes ou de robots tueurs […]
« Transporté d’urgence à l’hôpital, il y resta trois semaines avec, bien entendu, une garde permanente de Messagères à la porte de sa chambre et passa sa convalescence dans un bungalow du Hilton local […]
« Hubbard chargea des émissaires de dénicher l’oiseau rare, car la propriété devait être assez vaste pour loger non seulement sa famille mais aussi son entourage, le Commodore ne pouvant envisager de vivre sans ses courtisans et son escadron de jeunes Messagères à sa dévotion […]
« Le mercredi 17 novembre, en venant prendre son tour de garde, Doreen Smith entendit depuis la cour Hubbard hurler à pleins poumons : « Sale con de gamin. Tu vois ce qu’il m’a fait. Sale con de gamin ». En s’approchant, elle entendit les gémissements quasi inhumains de Mary Sue se mêler aux rugissements du Commodore. Dans le vestibule, la Messagère qu’elle venait relever lui dit en sanglotant : « Quentin s’est suicidé » (Russell Miller, Le gourou démasqué).
« Une porte s’ouvrit sur un espace obscur et puant ; une chose remuait dans le fond, j’ai pensé à des rats et je réprimai un haut-le-cœur. Les yeux s’habituant à l’obscurité, j’ai pu distinguer un spectacle insoutenable. Dans le fond, une forme, puis une femme, oui, une jeune femme, la trentaine, ruisselante de sueur et de fièvre était enchaînée. Elle avait une chaîne de cinquante centimètre environ qui reliait ses deux chevilles si bien qu’elle devait faire des petits pas rapides et saccadés. Elle réalisait une besogne imprécise dont je n’arrive toujours pas à saisir le sens mais il semblait qu’en autres tâches elle écopait de l’eau. Nous étions dans un endroit qui devait être une sorte de buanderie avec des machines et de la tuyauterie un peu partout comme il doit en avoir dans les sous-sols des hôtels. Le type me dit : « Voilà tu travailleras ici jusqu’à nouvel ordre » […]
« Au RPF nous étions étiquetés comme traîtres et forcés à travailler 18 heures par jour, 7 jours sur 7 nous ne recevions parfois que du riz des fayots et de l’eau. Pendant ce temps-là j’ai observé qu’une personne a été enchaînée aux tuyaux de la chaufferie du Fort Harrison pendant des semaines. Dans le RPF j’ai vu des gens qui hurlaient et pleuraient durant leur « auditing » (application des procédés de la secte). Tonja a travaillé dans la SO dés l’âge de 13 ans sans être scolarisée elle avait été amenée dans la SO par ses parents qui y étaient entrés. Tonja s’est échappé du RPF de Flag en Novembre 1977, elle avait 17 ans et était illettrée. Elle a peu après été séquestrée par deux « agents » de Hubbard dont elle réussit à s’échapper une seconde fois. Tonja a fait un procès de 16 millions de dollars en avril 1980 accusant d’avoir été victime d’exploitation d’esclave (slave labour) par Hubbard lui-même dans la CMO (Commodore Messengers Org). Elle a aussi porté plainte pour séquestration. Depuis ce procès Hubbard vécut caché pour échapper à la justice. Les dommages et intérêts montèrent en 1985 à 45 millions de dollars […]
« Les RPFers devaient toujours se déplacer en courant. Ils n’avaient pas le droit de marcher. Ils devaient courir en permanence durant les travaux de nettoyage des toilettes et des salles de bains, quand ils s’occupaient des ordures ou quand ils montaient et descendaient les 12 étages de l’hôtel Fort Harrison en transportant des seaux parfois remplis de matériel de construction, balais, ou tout autre matériel de nettoyage. Ils n’avaient pas le droit d’emprunter les ascenseurs, même celui de service. Pour empêcher que des inspecteurs municipaux découvrent les conditions dans lesquelles vivent les RPFers, nous devions nous entraîner à transformer dans les plus brefs délais nos « chambres à coucher » en quelque chose qui ressemblait à un entrepôt de matériel. J’ai souvent espéré que l’hôtel Fort Harrison fît l’objet d’une visite surprise dans les garages par la municipalité mais cela ne se produisit jamais […]
« Certaines infractions étaient passibles du RPF du RPF, dans la salle des chaudières située au sous-sol de l’hôtel Fort Harrison, en compagnie des tuyauteries d’eau chaude qui grondaient et sifflaient 24 heures sur 24. La pièce était faiblement éclairée. Elle était constituée d’enchevêtrements de tuyaux énormes connectés aux chaudières hautes de trois mètres, entre lesquelles il fallait ramper à quatre pattes. C’était une pièce sombre dans laquelle on ne se sentait pas en sécurité. Une de mes amies s’est vue assignée à deux mois de RPF du RPF pour avoir refusé de révéler des informations confidentielles liées à son engagement dans le Guardian Office (services secrets de la secte) Elle fut enfermée 24 h sur 24 dans ce lieu d’isolement avec des possibilités limitées de toilette et de maintien d’hygiène et sous la menace et le harcèlement incessants des superviseurs. elle en sortit finalement brisée, silencieuse et prostrée. Peu après elle réussit à s’échapper du RPF. Elle s’appelait Lynn Froyland […]
« L’audition du l’RPF m’a pratiquement détruite. J’avais beaucoup de mal à retourner dans le passé, dans les vies antérieures. Après avoir appris les « Remèdes aux difficultés » où l’on apprend à dire n’importe quel truc qui vous saute à l’esprit, genre monstres ou navires spatiaux en guerre, mon imagination commença à ficher le camp dans tous les sens. J’avais deux ou trois images qui me sautaient dessus à la fois, je n’arrivais pas à savoir laquelle était dans les vies antérieures ou s’il s’agissait de mon imagination ou si toutes arrivaient en même temps, etc. On m’auditait des trucs que j’avais déjà vus. J’ai eu 3 ou 4 « procédures sur les drogues » (remarque : techniques d’audition ayant pour thème les drogues et les médicaments même si la personne n’a pris que des aspirines ou des antibiotiques), revérification de ma « Méthode 1 » (procédés de clarification de mots), 35 heures de « Procédés d’ouverture par duplication » (procédé durant lequel vous vous promenez d’une table à l’autre avec une bouteille dessus vers une autre table avec une autre bouteille dessus, en les décrivant pendant des heures entières, des semaines durant dans certains cas). J’étais bouleversée et plus je l’étais et plus on me donnait de l’audition. Comme mon programme allait de mal en pis, je devenais de plus en plus une menace pour la sécurité. Je me tus en fin de compte et leur laissais auditer ce qui les amusait. Cela m’amena à la Dianétique Amplifiée (c’est là que s’auditent les buts malfaisants, les mauvaises intentions, les « rockslams » (mouvement erratique de l’aiguille de l’électromètre). Les buts malfaisants sont : vouloir tuer, désirer détruire, vouloir tout casser, etc. Je dois en avoir parcouru des dizaines. C’était vers le début de 1978. J’ai beaucoup perdu le sens du temps. Tous les jours étaient pareils. Sans rien qui change ; les week-ends ? identiques à la semaine. Tout cela me fait l’effet d’un gros mélange plus encore après que j’aie entamé la Dianétique amplifiée et que ma tête ait vraiment commencé à mal aller. J’étais la majorité du temps dans une sorte de nuage, de brouillard. J’avais la sensation d’être KO, druggie, dans les vapes. Je passais en audition ces buts malfaisants liés aux « rockslams » et je commençais à hurler et voir les choses les plus étranges du genre, « être un autre », « exploser une planète », « se suicider », « ne jamais grandir », « me tuer », « détruire des corps », une liste sans fin. Ma tête était complètement coincée dans les vapes. Je me sentais la plus abominable des personnes ayant jamais vécu. Je me souviens avoir passé la moitié du temps vaguement morte. Je faisais les choses comme si je me voyais en train de les faire sans m’en rendre vraiment compte comme s’il s’agissait d’une autre, je gueulais après mon auditeur, je jetais les boîtes de l’électromètre (« le patient » est lié par des boites servant d’électrodes), je refusais d’aller en séance, je faisais une vraie scène. Ça finissait en Ethique et on me collait un garde du corps sur le dos. Cela dura des semaines, je pense ; dans l’état où je me trouvais, ça peut avoir duré aussi bien 2 jours que 2 mois. C’est vers cette période que je tombai malade.
« Je fis alors le mur et commençai à errer en ville. Personne ne m’avait vue car j’avais juste quitté les malades je n’étais pas encore sous bonne garde. J’ai marché un quart d’heure comme un zombie un peu comme si ma tête était hors de tout espace, rien ne me venait à l’esprit, vide complet, un zombie, quoi. Je ne remarquais rien de ce qui m’entourait, je ne savais pas où j’allais, je marchais, quoi. Au bout d’un quart d’heure, j’ai commencé à réaliser que je venais tout bêtement de faire le mur. J’étais très ennuyée, j’étais pétrifiée. Je voulais rentrer mais si je le faisais, je serais de nouveau sous bonne garde et envoyée au RPF du RPF. On me remettrait à nouveau sur la « liste des mauvais indicateurs » (gens placés sous garde continuelle). Je ne sais pas où j’étais, quelque part dans Fort Harrison Avenue peut-être ? Je me suis assise sur un trottoir pour réfléchir. Puis je me suis souvenu que j’avais le numéro de mon amie. Je l’ai appelée d’une cabine. Elle me dit le chemin pour arriver chez elle. C’était à 7 ou 8 kilomètres. J’ai marché et en arrivant il y avait 4 ou 5 gars qui m’attendaient. J’ai complètement perdu la tête en les voyant, j’ai hurlé, pleuré, leur disant que je voulais voir mon amie seule. Je tenais des propos incohérents, les larmes coulaient, je continuais à crier que je ne pourrais plus continuer le RPF que c’était de ma faute, que j’étais psychotique, que je ne pourrais pas « manier mon cas » mais que je ne pouvais pas le faire dans le RPF car j’étais trop « restimulée » et que je n’arriverais donc jamais à sortir du RPF. Mon amie m’a convaincue de retourner sur le RPF. Elle m’a dit qu’il fallait être fou pour s’en aller avec une « dette de déserteur » pareille, que je ne pourrais pas la payer (la scientologie fait payer tous les services de formation et autres qui ont été pris par un membre du personnel si celui-ci s’en va avant d’avoir rempli son contrat, même celui d’un milliard d’années ! C’est évidemment illégal mais cela augmente la pression exercée ; cette pratique se nomme « dette de déserteur »). Elle me raconta qu’un de nos amis avait quitté la sciento et s’était tué peu après dans un accident de moto. Que j’allais fabriquer un « motivateur » (si vous faites une mauvaise action, vous pouvez vous punir vous-même, c’est l’idée du motivateur). Finalement, je fus d’accord pour revenir et être « routée dehors » de la SO. Les gars m’escortèrent, on me mit sous bonne garde immédiate. Je pense que c’était début août. Les semaines suivantes me laissent le souvenir d’un brouillard indistinct – une masse de confusion. Je sais qu’on m’a fait une Cours d’Ethique (justice disciplinaire scientologue à caractère grave), un Comité d’Evidence (plus grave encore) avec des témoignages à l’appui. Tout cela servant à démontrer à quel point j’étais mauvaise de vouloir quitter la SO. Si je commençais à douter de la sciento, le maître d’armes me disait que je n’appliquais pas convenablement les formules d’éthique et me faisait tout recommencer. Peu à peu, je devenais folle. J’étais gardée tout le temps et refusais la plupart du temps de travailler. Finalement, on en vint à ce qu’ils me laissent simplement assise sans rien faire ou en train de remplir mes formules de conditions d’éthique à longueur de journée. L’un des maîtres d’armes a essayé de me balancer au RPF du RPF mais j’ai hurlé que s’il me touchait, je le mordrais. Ils me laissèrent m’asseoir me harcelant de temps à autre en me disant que je serais déserteur ; ils me disaient : tu ne crois pas que tu pourrais au moins travailler pour payer le pain que tu manges ? ce à quoi je répondais : non. Je crois qu’ils en étaient arrivés au point où ils ne savaient plus que faire de moi. J’ai finalement dit que s’ils ne me laissaient pas partir je deviendrais folle […]
« Miscavige (note : chef suprême de la scientologie depuis la mort de Hubbard) avait aussi ordonné que je fasse le « programme de course » (Running Program) dans mes obligations du RPF. Cela consiste à courir autour d’un piquet orange douze heures par jour. J’étais censée le faire jusqu’à ce que je me rende compte de ce qui n’allait pas chez moi, auquel moment j’étais censée arrêter mes critiques à l’encontre de Miscavige […] Tout les staffs ayant travaillés dans les parages de Miscavige peuvent raconter les horreurs du genre de celles-ci. Les seuls qui parleront seront cependant ceux qui sont partis parce qu’aussi longtemps qu’ils sont dedans, Miscavige a le droit de vie et de mort sur eux. Il peut séparer les couples, séparer les enfants des parents, les empêcher de dormir, de manger quoique ce soit d’autre que du riz et des haricots, les emprisonner pendant des années dans des camps de prisons comme le RPF. Le pouvoir de Miscavige est absolu et se fiche des frontières des entités corporatives. Comme le fit Hubbard avant lui, il transmet son pouvoir via la Sea Org qui est un corps sans existence corporative et qui n’est qu’un corps de scientologues farouchement dévoués à la cause.
« Le 29 août 1982, David Miscavige avec ses hommes m’ont enlevé sur ordre de Ron Hubbard, tenu en captivité et fait subir des sévices physiques et psychologiques pendant 6 mois. A cette époque, David Miscavige, officier et directeur de RTC (Religious and Technology Center) m’avait dit en présence de Vicki Aznaran, présidente de RTC et de Mark Yaeger, officier commandant CMO INT (commodore messenger org international) du CSI que si je m’échappais, il veillerait personnellement à ce que l’Eglise de scientologie emploie tous les moyens pour détruire ma personnalité et ma réputation internationalement. Au cours de ces 6 mois de captivité, j’ai été obligé de courir autour d’un arbre dans le désert, sous une température de plus de 40 C, 12 heures par jour et 7 jours sur 7, pendant 3 mois successifs. Je subissais de terribles contraintes. J’étais privé de traitement médical dentaire (à l’issue de ma captivité, j’ai perdu 6 dents et dépensé des milliers de dollars de frais de dentiste pour sauver celles qui me restaient). Je n’avais pas le droit d’appeler ou de recevoir des communications téléphoniques et toutes les lettres que j’écrivais étaient relues par les gardiens de sécurité de la Scientologie. J’ai été souvent réveillé et interrogé en pleine nuit (principalement par Jesse Prince). Au début de février 1983, Rick Aznaran, directeur de la sécurité m’a dit qu’il était inutile de penser à une évasion, puisque, selon lui, je ne quitterais jamais la propriété en vie.
« Néo zélandais, David Mayo était le Senior C/S international jusqu’en 1982. Il a travaillé directement sur le niveau de Nots et était l’auditeur de Hubbard sur Nots. Théoriquement il était l’héritier testamentaire en ce qui concernait la technologie de la secte. Il a été évincé du pouvoir avec beaucoup d’autres par David Miscavige qui gagna ainsi le contrôle total de la secte multinationale. David Mayo a ouvert une église dissidente qui applique les procédés de la Scientologie, semblerait-il de manière un peu plus démocratique. Elle s’appelle The Church of the New Civilization, Santa Barbara, Californie (USA) […]
« En 1987, j’ai aperçu David Miscavige donnant l’ordre d’incarcérer Vicki Aznaran dans un endroit appelé « Happy Valley ». Happy Valley est un ranch situé à 11 miles de la base Gold près de Hemet (Californie). Cet endroit a ensuite été transformé en un centre de détention et de correction RPF. Vicki était le directeur exécutif au sein du RTC quand à l’issue d’une querelle de pouvoir, Miscavige est parvenu à l’évincer et la faire incarcérer au RPF de la base Gold, une unité du CSI. Je me trouvais dans le complexe de Happy Valley lorsque Vicki fut amenée en voiture. Miscavige la suivait dans une autre voiture derrière elle. A leur arrivée, j’ai entendu Miscavige crier à Vicki : « Tu vas faire ce putain de RPF ». Miscavige m’a dit que Vicki, Jesse Prince et Spike Bush avaient été consignés au RPF. Il a ajouté : je suis sûr qu’ils ne pourront plus nuire aussi longtemps qu’ils resteront au RPF. Ce ne sont que des criminels. Vicki a passé 120 jours au RPF. En tant que directeur des rénovations de Gold j’étais chargé de superviser le travail exécuté à cette époque. Miscavige m’a demandé de garder un œil vigilant sur Vicki car il craignait qu’elle tentât de s’évader. A raison de 12 heures par jour, pendant toute la durée de son séjour, sauf dans les moments où elle était trop malade pour bouger, je l’ai vue courir autour d’un poteau (conformément au « Running program », programme de course). C’est une des formes de sévices les plus dures du RPF. Ce traitement est réservé aux personnes déclarées « en très basse condition d’éthique ». Il est souvent considéré comme un programme pour dominer les personnes jugées démentes par la hiérarchie scientologue. En plus de son « running program », Vicki « travaillait sur d’autres projets » 5 heures additionnelles. Finalement, Vicki a réussi à s’évader du RPF. Elle poursuit actuellement la Scientologie en justice.
Remarque : curieusement, Vicki Aznaran ne mentionnera pas son expérience au RPF dans sa propre déclaration sous serment du 7 mars 1994 » (Les goulags du gourou, Néfertiti).
Extrait de la déclaration sous serment d’André Tabayoyon du 4 avril 1994 (traduction Roger Gonnet) :
« 1) L’endoctrinement que j’ai reçu dans la SO était extensif. Il m’a entièrement fait découvrir les méthodes de coercition dont se sert la Scientologie envers les gens du public et les membres du personnel (staff) Mon entraînement a inclus :
« a) le FEBC – Cours pour cadre de Flag. Toutes les lettres de règlements écrites par Hubbard sur la façon de gérer et réparer si nécessaire, créer une organisation complète en se servant des méthodes de réforme de pensée et de pratiques, jointes à la persuasion coercitive envers le staff et le public ;
« d) entraînement à endoctriner le RPF ;
« e) cours d’officier de section du RPF ;
« f) cours du Maître d’Armes (MAA) du RPF. Dans ces derniers j’ai appris comment user des procédés de réforme de la pensée pour rendre les personnes perméables à la persuasion ;
« g) cours de Technicien responsable du RPF (Tech I/C Hat). J’y ai appris comment administrer diverses procédures de réforme de la pensée, de l’idéologie et du comportement social afin que la personne accepte les buts de la Scientologie tels que les définit Hubbard – ou Miscavige ;
« h) cours de Technicien des qualifications (QUAL) du RPF. Cet entraînement m’apprit à reconnaître les erreurs d’application des procédures de réforme de la pensée, de l’idéologie et du comportement social, afin d’en maximiser les effets envers les personnes que je supervisais ;
« i) cours de Superviseur des Cas du RPF (C/S). J’y ai appris comment me servir de la réforme de pensée pour changer les aspects de la personnalité du sujet et obtenir un engagement de la personne à aller vers les buts de la Scientologie et de « clarifier la planète » (conquérir la planète) ;
« j) cours d’Auditeur du RPF. J’y ai appris comment me servir des méthodes de réformes de pensée pour contraindre les sujets à confesser leurs crimes et pêchés envers la Scientologie en tant qu’ »étape » vers leur réhabilitation afin de redevenir des scientologues dévoués ;
« k) entraînement « Roll Back » destiné à devenir capable de suivre la trace des rumeurs, des déclarations de désaccord ou opposées à la scientologie afin de remonter jusqu’à la source et qu’elle ne reste pas cachée et que les sources de désaffection soient éliminées ;
« l) entraînement à la procédure de Propagande Noire (Black PR Rundown). Ce cours apprend à découvrir qui est la source des informations négatives et à la manier complètement par des méthodes et pratiques de coercition mentale. J’ai appris à rechercher les informations négatives envers la scientologie une fois que leurs auteurs sont découverts, ils sont sujets à la règle et aux pratiques du Gibier de Potence (Fair Game) par exemple en les envoyant au RPF du RPF (prison scientologue des prisons scientologues) ou en les abusant mentalement ;
« m) entraînement à la Procédure de Vérité (Truth Rundown). J’y ai appris comment me servir de la réforme de pensée pour corriger la conduite erronée de gens rependant des rumeurs ou de la propagande noire à l’extérieur de la scientologie ;
« n) entraînement à l’Instrospection (Instrospection Rundown). J’ai appris les techniques scientologiques destinées à reprendre contact avec des personnes ayant souffert d’une crise de psychose durant les procédés de réforme de la pensée. Les gens dans ce cas ne pouvaient plus lier les choses au monde réel. Dans la majorité des cas, l’entraînement à l’instrospection visait à destimuler (réduire) les stimuli auxquels la victime était sujette, en espérant qu’elle se remettrait ensuite ;
« o) entraînement à la Procédure sur les Faux Buts (FPRD : False Purpose Rundown). Il s’agit d’une volée de procédés de réformes de pensée utilisées pour changer la manière de penser des personnes. J’ai appris comment superviser les auditeurs réformant les pensées des gens alors qu’ils se trouvaient au RPF ;
« p) entraînement à faire « sauter les idées fausses » (False Data Stripping). Il s’agit d’une technique destinée à découvrir et faire disparaître « l’out – tech », c’est-à-dire les pensées non orthodoxes par rapport à la scientologie et remplacer ces idées par de l’information Hubbard ;
« q) procédé d’« éducation KTL » (Key to Life ?) Il s’agit d’un procédé d’intimidation capital durant lequel on ré-endoctrine entièrement la personne depuis la grammaire de base et l’usage de l’anglais afin qu’elle communique les principes scientologiques de façon correcte et concise ;
« r) entraînement au « trop horrible » (Too gruesome Training) Cet entraînement est destiné à instiller la terreur totale et la crainte abjecte à des subordonnés afin qu’ils obéissent sans hésiter aux ordres du superviseur. J’ai été membre de la Scientologie 21 ans durant, de 71 à 92. Durant toute cette période j’ai reçu un entraînement complet et extensif en tant que scientologue.
« […] 16. La Sea Org est à la scientologie ce que le parti Communiste était à l’ex-URSS ou la Gestapo à l’Allemagne Nazie. En fait, ses membres ne sont pas autorisés à lire des doctrines communistes, ni des magazines ou livres traitant de contrôle mental, en raison des similitudes avec la vie interne à la Sea Org que l’on verrait dans ces papiers.
« […] 18. En tant que membre de la Sea Org, j’ai reçu des milliers d’heures d’entraînement sur la politique de base de la Sea Org. On m’a assigné au RPF en 1977, durant 18 mois. En 1980, on m’y a remis pendant 2 ans et demi. En 1987 à nouveau pour 18 mois. J’y ai donc passé environ 6 ans au total. Durant ces 6 années, j’ai aussi passé 19 jours entiers au RPF du RPF. Le RPF du RPF est destiné à détruire totalement tout déterminisme individuel chez ceux qui ne veulent pas faire le RPF. Le RPF c’est le goulag pur et simple, le camp de concentration. Pour sortir et ne plus y rentrer, vous devez prouver que vous avez altéré les valeurs idéales, morales, émotionnelles et l’attitude d’un autre membre du RPFsur une longue période, comme le prouveront le comportement et les actions de la personne ainsi « modifiée ». On doit aussi préparer des preuves sous forme de lettres de succès indiquant à quel point le RPF est merveilleux et qu’on l’a fait de plein gré. »
André Tabayoyon a eu le courage d’écrire un témoignage d’une trentaine de pages édifiant à tout égard. Je n’ai pris ici que les passages relatifs au RPF mais je recommande vivement qu’on le lise dans son intégralité. D’ailleurs tous les témoignages dont j’ai choisi les extraits présentent un intérêt particulier en ce qui concerne la description de la secte de scientologie dans son ensemble.
André Tabayoyon termine son témoignage en nous informant qu’étant subitement tombé en disgrâce (Miscavige) après 20 ans de loyaux services dans la SO, il réussit à s’enfuir avec sa femme de Hemet en décembre 92 en y laissant son fils de 21 ans qu’il ne put localiser et qu’il n’a plus revu depuis.
Mary Tabayoyon, quant à elle, a écrit un témoignage édifiant sur les pratiques d’avortements systématiques exigés pour le personnel de l’« Organization maritime » (Les goulags du gourou, Néfertiti).
« […] 28. En 199, j’ai reçu comme tâche de préparer la base afin qu’elle soit en mesure de résister à la possibilité d’être prise par les autorités, en cas de crise. Il y a environ 750 personnes à la base. J’étais responsable de la conception du projet de base de sécurité, barrières ultra-aiguës, éclairage de tout le périmètre, gestion électronique, microphones cachés, détecteurs de chocs enterrés, détecteurs de mouvements et caméras cachées ont été installées partout, et même en dehors de la base.
« 29. L’argent de l’Eglise a servi à acheter des fusils d’assaut semi-automatiques (des HK91 capables de tirer 300 à 350 cartouches minute), des pistolets calibre 45, des automatiques calibre 38, et des fusils de chasse calibre 12 ont été stockés. Ces armes ne sont pas enregistrées. L’argent de l’église a également servi à acheter les munitions.
« 30. L’argent de l’église a également été utilisé pour l’achat d’un forte quantité d’explosifs pour construire bon nombre de pièges explosifs utilisés dans la défense de la base.
« 31. Les gardes à moto ont été entraînés à se munir de pistolets calibre 45 chargés. Le garde du « mirador » (nom de code : aigle), qui domine largement la base, a été entraîné à utiliser un fusil puissant avec viseur télescope. Il y a aussi un télescope de 1 000 mm de focale, avec vision de nuit.
« 32. J’ai recensé trois groupes d’intrus et établi le niveau de violence à utiliser avec chacun. En plus des armes à feu, les gardes savent se servir de matraques efficacement : ils savent les fondements, comme frapper au centre du cœur, au cœur du plexus, puis sur le côté du cœur, etc.
« 33. J’ai entraîné les gardes de sécurité aux frais de l’église, ainsi que d’autres personnes sur la base. Je les ai également entraînées à connaître le combat (mortel) au corps à corps. Nous avons construit un centre d’entraînement et j’ai enseigné aux scientologues diverses méthodes pour tirer sur les gens. Je les ai également entraînés à la vision de nuit et aux techniques d’embuscade. Nous utilisions un ravin empêchant les bruits d’être gênants afin de ne pas être sujets à des enquêtes […]
« 34. Durant ces décades passées en scientologie, j’ai observé fréquemment qu’on utilisait la tech de Hubbard dont l’intention était d’aider, afin d’assister des gens à venir à bout d’eux-mêmes et de leurs ennuis, ou des gens et choses alentour. J’ai cependant également vu utiliser délibérément la tech de Hubbard pour punir des scientologues qui n’étaient plus dans les faveurs de Hubbard ou de Miscavige. Quand on se sert délibérément de la tech de Hubbard pour faire du tort, la pratique s’appelle Dianétique Noire ou Processus Inversé. Mon opinion est que Fishman a été victime de Dianétique Noire, et n’a été distrait du suicide imminent que par l’intervention du Dr Geertz. Les bases de cette opinion sont ci-après énumérées : a/ Fishman n’était ni ministre Scientologue, ni en entraînement alors qu’on lui a vendu des électromètres ; b/ Fishman était un pc [patient en scientologie] illégal du fait d’avoir reçu des séances psychiatriques par le passé ; c/ On a vendu a Fishman des conférences telles que celles portant sur la Piste Entière [passé supposé vieux de quadrillions d’années que Hubbard prétend que nous avons vécu] ; celles de Philadelphie, le livre Histoire de l’homme, des matériaux d’audition et le livre sur la façon d’user d’un électromètre. Cela relève de l’application de la Dianétique Noire pour les raisons que voici :
« (a) Fishman n’était pas auditeur convenablement entraîné ;
« (b) Mon expérience en tant que superviseur des cas pour le maniement de cas tels que celui de Fishman m’a conduit à l’idée que Fishman était encouragé à utiliser la tech sur lui-même plutôt que sous la supervision de superviseurs ou d’auditeurs. Cela, selon MON opinion, ne conduit qu’à des conséquences désastreuses voire suicidaires. En effet, L. Ron Hubbard, dans « Quelques notes à propos de la Dianétique Noire », dit « qu’une personne peut se rendre folle avec la dianétique, sans difficulté » […] « qu’avec la Dianétique Noire vous pourriez tisser exactement le type de folie que vous voulez. La personne peut ne rien manifester le jour même, ou pendant peut-être un mois. Peut-être trois mois plus tard, elle est dans la rue, se sent un peu malade, quelque chose la « frappe » ou un truc comme ça, et brusquement elle pique sa crise : la voilà démente ! C’est un moyen merveilleux de commettre un meurtre ! » Voir pièce.
« 35. Ces observations sont directes et personnelles. Je suis auditeur du RPF, très entraîné. Lorsque j’avais la responsabilité de surveiller comment l’audition scientologique était appliquée aux cas des scientologues envoyés au RPF, je recevais directement mes ordres de David Miscavige, Marc Yeager, Ray Mithoff, Sandi Wilhere et Hansuli Stalli, et d’autres, de mal user de la tech de Hubbard afin de créer une tension mentale et émotionnelle extrême, et la folie, chez des gens ; j’étais formé à leur faire des « vérifications de sécurité », ou « sec-checks ». Nous nous servions de la tech de Hubbard incluant les vérifications de sécurité à l’électromètre, en conjonction avec des méthodes coercitives bien rodées de techniques de contrôle mental incluant privation de sommeil, de nourriture, déshydratation et refus du minimum de confort pour vivre et dormir. Exemples des conditions que les gens qui sont sur le RPF doivent parfois subir: une fois, pendant que j’étais sur le RPF, je devais dormir sur une dalle dans la vieille morgue de l’hôpital du Cedar Sinaï (Los Angeles, propriété de la scientologie). Alors que j’étais à Gold, j’occupais le poulailler. C’était un vieux poulailler puant la fiente. Il n’y a pas que les gens sur le RPF qui soient privés de sommeil et de nourriture convenables: à Gold, des centaines de membres de la Sea Org étaient privés de sommeil suffisant et mis au riz et aux haricots parfois durant six semaines d’affilée, leur paie réduite de moitié, soit 15 dollars/semaine. C’était la punition pour de mauvaises conditions éthiques ou pour mauvaise production. Lorsque cela avait lieu, Miscavige n’était pas privé de ses oeufs au bacon, ni de ses dîners de sandwiches et de steaks.
« 36. La réaction des êtres humains à ces conditions est prévisible. J’ai vu bien des gens piquer une crise de psychose. J’entends par là qu’ils en étaient réduits à un blabla incohérent, à se mettre nus, à ramper sur le sol, à se taper la tête, les membres ou d’autres parties du corps contre les meubles, les murs, en aboyant, perdant tout sens de leur identité, et désirant intensément le suicide. C’est ce que le scientologie nomme les Phénomènes de PTS type III. Mon opinion est que Fishman a été délibérément mené à cet état par la Dianétique Noire et/ou les Procédés Inversés.
« 37. J’ai volontairement participé à infliger ces procédés à d’autres en scientologie. J’étais Superviseur des Cas du RPF. Cela signifiait que je voyais les dossiers d’audition de tous ceux qui étaient sur le RPF, alors que j’avais cette responsabilité. Je voyais cette tech appliquée exprès de travers dans des buts malfaisants. Les notes préparées par les auditeurs pendant les séances étaient altérées et ôtées du dossier par des cadres supérieurs, cela, afin d’empêcher des auditeurs suivants d’estimer et manier convenablement le cas. C’est un peu comme piloter à l’aveuglette, sans instruments. La probabilité de faire quelque chose de dangereux est largement augmentée.
« 38. Richard Aznaran, Sinar Parman et Annie Breeder m’ont dit que Hubbard était PTS type III non manié lorsqu’il est mort. Selon Richard Parman, Hubbard était en psychopathie profonde, hurlant à mort après des BTs et des Clusters [d’après Hubbard, nous trimballerions des milliers de BTs, des sortes d’êtres vivants, accrochés à nous, en groupes – des clusters – ou esseulés – les BTs, cela signifie Body Thétans ou « thétans du corps » et cet « enseignement » fait partie des niveaux secrets OT III et plus].
« 39. On m’a aussi donné l’ordre d’auditer nombre de gens, y compris Stacy Young, alors que j’étais sur le RPF. Les dossiers de Stacy montraient que j’auditais une personne stable et bien équilibrée. Lorsque Stacy fut amenée en salle d’audition, je fus confronté à une personne échevelée, incohérente et irrationnelle, que je reconnus à peine. Stacy passa la première demi-heure à hurler et dire n’importe quoi, hystériquement. Son dossier avait manifestement été altéré afin d’augmenter au maximum la probabilité que davantage d’audition lui fasse plus de tort encore.
« 40. Ce que je sais de l’entraînement et l’expérience sur la Dianétique Noire et le Procédé Inversé montre qu’on me les a également infligés. J’ai survécu à cela sans piquer de crise de folie. Je crois que l’entraînement intensif reçu en tant que Marine m’a permis d’échapper à l’extrême dégradation et à l’autodégradation que j’ai vu d’autres vivre.
« 41.J’ai également observé nombre d’individus devenir fous lorsqu’ils subissaient la tech de Hubbard, même sans intention malfaisante de la part des gens la leur appliquant. J’ai vu par exemple John Colletto devenir marteau après avoir été exposé aux matériaux d’OT III [Niveau secret III des « thétans opérants », « Ots »]. Il a pris un flingue, et, en ma présence, il a tiré une balle dans la tête de sa femme; elle est morte sur le coup. Puis il a couru un peu plus loin et s’est suicidé en retournant l’arme contre lui. De plus, l’auditeur de John Travolta m’a dit qu’à deux reprises, John Travolta avait subi de profondes dépressions après l’audition et avait subi des crises de psychose.
« 42. J’ai personnellement observé nombre d’autres scientologues devenir fous et se suicider, résultat de leurs procédés d’audition. Bob Shaffner et moi étions condamnés au RPF du RPF ensemble. Bien qu’il nous ait été interdit de discuter alors que nous nous y trouvions, Bob se fit un devoir de me faire comprendre qu’il se tuerait à cause de ce qu’il vivait durant le RPF du RPF et l’audition d’OT°III. Un jour, nous travaillions ensemble sur une machine dangereuse, Bob y mit brusquement le doigt, qui fut coupé par la machine. La Direction de la scientologie était tout à fait consciente de la condition dans laquelle se trouvait Bob. Il était sur la liste des risques de suicide. Du fait qu’il était suicidaire, ses quartiers étaient réduits au premier étage. Quoi qu’on ait pu faire, cela ne marcha pas; Bob finit par se suicider quelques années plus tard.
« 43. J’ai vu les procédés de réforme de pensée appliqués à un grand nombre de scientologues placés au RPF ou au RPF du RPF. Ces procédures aboutissent à un changement d’attitudes, de comportement, de personnalité, d’idéaux, de valeurs, durablement installé chez les sujets. Quelques unes des victimes à qui j’ai fait ces procédés étaient : Tom Ashworth, Clarisse Brousseau, Betsy Byrne, Al Crevello, Steve Crevello, Julie Fisher, Janadair Hockaday, Fred Houch, Annie Logan, Jim Logan, Judy More, Toni Pribilsky, Tom Saeker, Johnny Schleshenger, Homer Schomer, Jeff Wrothwiler, Stacy Young et bien d’autres encore.
« 44. J’ai observé, participé à, et été victime de l’usage de la réforme de pensée lors du RPF, en tant que moyen d’imposer la « Loi du Fair Game » [Loi du Gibier de Potence, consistant à déclarer qu’un scientologue peut faire ce qu’il veut à la personne « fair game », la voler, etc.] envers des scientologues dissidents. En dépit des déclarations, cette loi n’a jamais été annulée, et ne le sera jamais. Les mots « Gibier de Potence » sont annulés dans les publications. Cependant, les actions destinées à manier les suppressifs au moyen de mensonges, de tromperie, et même de destruction n’ont jamais été annulés et sont toujours en usage. J’ai reçu, directement de Ray Mithoff, des instructions d’utiliser la tech de Hubbard de réforme de pensée pour conduire Tom Ashworth à faire une crise de psychose. L’objectif express consistait à le rendre fou et à se suicider. Plus tard, Tom s’évada du RPF et fut repris contre son gré, isolé avec deux gardes, et l’on se servit sur lui d’autres procédés de réforme de la pensée pour le calmer plutôt que de le faire se suicider.
« 46. J’ai aussi vu utiliser les procédés de réforme de pensée de Hubbard pour faire piquer une crise de psychose à Gary Epstein, pour le punir de refuser d’obéir à des ordres reçus lors de la Mission Wayne Marple 47. J’ai vu ces mêmes techniques servir sur des gens qui n’avaient violé ni loi ni exigence scientologue. On s’en servait pour pousser les gens vers le « Pont vers une Liberté Totale » [l’ensemble des procédés de Hubbard]. Monter le Pont exige de suivre des cours et des auditions. Plus on grimpe, plus ces cours et auditions coûtent cher. Ces méthodes de réforme de pensée servent donc hypocritement à engranger des sommes de plus en plus importantes pour la scientologie.
« 48. A diverses périodes pendant le temps passé à la base Gold près de Hemet, je devais assurer diverses fonctions de sécurité. Les personnes assurant ce service sont en contact radio permanent avec d’autres personnes du réseau sécurité. Nous surveillions les gens susceptibles d’être en désaccord avec la scientologie ou Miscavige, par exemple, Vaughn Young et Terry Gamboa. On exigeait que nous confirmions à nos supérieurs que ces suspects étaient sous surveillance. Nous avions aussi un genre de mirador armé nom de code « Eagle » (aigle) situé pour pouvoir surveiller la base entière et ses occupants au moyen d’un puissant télescope. Lorsque Miscavige voulait donner aux gens travaillant à Hemet l’impression qu’ils n’étaient pas surveillés et tester ses théories sur ceux qui risquaient de filer de leur poste, on nous enlevait du passage, et nos responsabilités étaient attribuées à « Eagle ».
« 49. Nous avions aussi bien mis au point et énormément entraîné les procédures à suivre si quelqu’un semblait prêt à quitter la base de Gold. Si les membres en désaccord essayaient de quitter en voiture, la sécurité devait les intercepter. S’ils partaient à pied, nous devions les suivre et rester en contact radio avec la base Gold proche de Hemet.
« 50. Si l’on apprenait qu’un membre en désaccord essayait de filer, nous devions appeler des détectives privés qui avaient été retenus par les avocats de la scientologie pour traiter ces choses. Une fois ces gens renseignés, ils s’occupaient de l’affaire. Dès qu’ils étaient en piste, notre rôle se limitait à servir d’yeux et d’oreilles à ces enquêteurs. On nous expédiait là où risquaient de se manifester les déserteurs. Une fois localisés, les enquêteurs s’occupaient du reste.
« 51. J’ai été personnellement impliqué dans les efforts destinés à récupérer Sinar Parman, Jeff Walker et Julie Fisher. Pour Julie Fisher et Sinar Parman, ça a marché. Nous n’avons pas réussi à ramener Jeff Walker à la base Gold. Dès qu’il est sorti, il a fait signe à une patrouille de la Police des Routes californienne. Il les a informés qu’il ne voulait plus rentrer à la base de Hemet. Pour bien faire comprendre cela aux scientologues de la base, il revint à la base escorté par la Patrouille de Police, prit ses affaires, et annonça sans équivoque possible qu’il voulait partir et qu’il ferait toute action appropriée pour préserver sa liberté. Il quitta la base escorté par la Patrouille.
« 52. Durant cette longue période où je fus à Gold, un nombre important de gens dirent vouloir partir, ou leur conduite montra leur désir de s’en aller. Julie Fisher disait sans cesse qu’elle voulait s’en aller. Elle disait qu’elle ne voulait plus rester à la Base de Gold. Mes instructions consistaient à l’y conserver. Mark Fisher, que Miscavige avait violemment frappé, répétait sans cesse à Miscavige et à d’autres qu’il ne voulait plus rester à la base de Hemet. Miscavige et d’autres ayant battu Mark en ma présence, il répondait à ses agresseurs qu’ils pouvaient le frapper, mais qu’il voulait quand-même s’en aller. Miscavige quitta finalement le bâtiment de garde en exprimant son dédain et en laissant Mark sous surveillance.
« 53. J’ai également vu des gardes armés au quartier où dorment des membres du personnel en ville à Gilman Hot Springs. Ils étaient postés afin d’empêcher les membres du personnel de filer à l’anglaise.
« 54. La fonction des gardes ne consiste pas seulement à empêcher les membres du personnel de partir, mais aussi, d’empêcher les non-scientologues d’entrer. En 1991, un huissier [une personne accréditée pour délivrer une assignation en justice, ndt] essaya d’entrer à la base. Il fut frappé et les gardes le menottèrent. La police arriva, ôta les menottes et dit aux scientologues : « Ça, vous n’avez pas le droit, et vous pouvez être poursuivis ». L’huissier porta plainte et le cas fut arrangé. Le garde de sécurité, Danny Dunnigan, était dans une telle confusion quant à ce que son supérieur lui avait dit de raconter qu’il se parjura environ quatre fois devant la Cour.
« 55. Je sais également personnellement que des gens sont détenus contre leur volonté par la sécurité à Gold, une division de la CSI (Church of Scientology, International) à la base fortifiée et armée de Gilman Hot Spring (Gold) ainsi qu’à Happy Valley, autre base scientologue à 17 km de là.
« 56. De plus, je connais personnellement des faits concernant la reprise et le retour de gens qui avaient essayé de fuir et quitter l’organisation scientologue. Cela inclut la détention d’Anne Broeker contre son gré. J’appris qu’Anne avait filé de son poste lorsque la sécurité me demanda si je l’avais vue. Ils me le demandèrent. Ils m’informèrent qu’elle n’était pas au travail ni là où elle couchait. J’ai demandé ce qui lui était arrivé, plusieurs jours après. Russ Andress me répondit de ne pas poser de questions à son sujet. Plus tard, je la vis à Happy Valley. Les gens dont on suppose qu’ils pourraient gêner la scientologie sont détenus à Happy Valley. La supposition qu’Annie était détenue est renforcée par le fait qu’elle n’avait pas son uniforme et n’était pas en poste. De plus, quand je la vis, elle était accompagnée par le Directeur de Inspections et Rapports et du Maître d’Armes (mon fils, à cette époque, Casavius Tabayoyon). Mon expérience montre que les personnes se trouvant en pareil cas sont sous bonne garde et retenues si elles tentent de s’en aller. Lors d’un exposé, Miscavige a dit que Marty Rathbun et une autre personne de son personnel avaient loué un avion pour récupérer un personnel qui avait filé (Annie Broeker). Ce exposé avait pour objet de critiquer le personnel de Golden Era sur ses façons de travailler. A mon avis, il est significatif que la récente déclaration en justice de Marty Rathbun dise qu’il est sorti de la juridiction des Etats-Unis depuis l’an passé.
« 57. Lors d’une mesure de « condition de doute » [mesure disciplinaire contre des membres du personnel supposés avoir mal fait] un système de garde fut mis en place aux logements des membres du personnel de la base de Hemet. Quand les membres du personnel arrivaient à leur emplacement, les gardes les gardaient. Ces zones existent dans toutes les bases scientologues. C’est là que dort le personnel, « l’équipage ». C’est similaire aux cabines de bateaux. Le baratin raconté aux voisins non-scientologues, c’était qu’il fallait des gardiens pour protéger le personnel quand il rentrait tard, mais la vérité est qu’il sont là pour empêcher les personnel d’aller à chez Vons [supermarché de la ville, ndt] ou d’aller dans un restaurant ouvert tard. Ils étaient là pour s’assurer que les membres du personnel sortaient du bus et allaient tout droit à leur local et au lit. On a aussi raconté du baratin de quai à bord du navire Apollo. Une baratin de quai, c’est une histoire mensongère destinée aux autorités du port local, pour qu’elles ne sachent pas qu’on était scientologues et nous fassent quitter le port.
« 58. Une des autres devoirs des gardes des « logements de membres du personnel » consistait à empêcher les membres du personnel de filer de la scientologie, le terme utilisé étant « blower » [en anglais : to blow (note : s’envoler)]. Si les membres du personnel voulaient « blower », nous devions les prendre dans le véhicule et les détenir, et, si la police nous arrêtait, nous devions les baratiner en disant que la personne avait des difficultés mentales et que nous allions l’aider à rentrer chez elle. Nous devions faire comme si on aidait la personne, pas comme si on l’entravait. Une autre tâche était d’appeler la base et de faire un compte-rendu complet, une fois que la personne était sous bonne garde. En tant que responsable de la garde de sécurité des logements des membres du personnel, je devais tourner en ville à Hemet pour trouver les membres du personnel qui n’étaient pas chez eux. Ces gardes sont des employés de la CSI. Miscavige donnait lui-même des ordres aux gardes des logements » Déclaration sous serment d’André Tabayoyon du 5 mars 1994, Los Angeles, Californie, traduction Roger Gonnet).
« L’opération « Blanc comme neige », imaginée par lui trois ans plus tôt dans le dessein de « blanchir » les dossiers officiels, obtenait des résultats inespérés. Au début 75, les scientologues étaient infiltrés à l’Internal Revenue Service, à l’US Coast Guard et à la Drug Enforcement Agency. Dès le mois de mai, Gerald Wolfe, taupe scientologue dans les services de l’IRS à Washington sous le nomde code « Silver », avait réussi à dérober ou photocopier plus de trente mille pages de documents concernant les Hubbard et la Scientologie. La responsabilité hiérarchique de l’opération incombait à Mary Sue, qui occupait le poste de contrôleur; ses agents se glissaient avec une incroyable facilité dans les services fédéraux pour y perpétrer leurs méfaits. Ils s’exposaient toutefois, et leurs supérieurs avec eux, à des risques considérables s’ils se faisaient prendre en flagrant délit. Or Hubbard se souciait peu de savoir sur qui retomberait le blâme du moment que ce ne serait pas sur lui : peu avant son installation à Dunedin, il avait autorisé l’infiltration des Parquets fédéraux de Washington et de Los Angeles par des agents spécifiquement chargés de donner l’alerte aux premiers signes de poursuites judiciaires intentées contre lui […]
« A Washington, LRH avait l’air heureux de voir des gens, de se mêler à la foule, d’aller au cinéma. Sur le navire, il avait perdu le contact avec le monde extérieur. Un moment, il a envisagé d’installer ici son quartier général mais Mary Sue l’en a dissuadé sous prétexte que c’était trop dangereux. C’est comme cela qu’elle le menait, je crois, en jouant sur ses phobies. Quand il ne se promenait pas dans les rues, Hubbard passait de longues heures à la Bibliothèque du Congrès, où il lisait des ouvrages sur l’occultisme et la magie noire. Il poursuivait aussi de sa vindicte le maire de Clearwater, sur le compte duquel la Scientologie s’efforçait en vain de dénicher de quoi le compromettre. C’est ainsi qu’ayant appris que Gabriel Cazares venait à Washington pour un congrès d’élus municipaux, le « Bureau du Gardien » tenta de l’impliquer dans un faux accident de la circulation avec délit de fuite. La prétendue victime, Michael Meisner, allait bientôt faire parler de lui dans un autre contexte. Cheville ouvrière de l’opération « Blanc comme neige », Meisner était l’interlocuteur des agents infiltrés dans les ministères et administrations de Washington; il avait personnellement participé à des cambriolages au Ministère de la Justice et photocopié de milliers de dossiers confidentiels.
« Le 11 juin 1976, le FBI le surprit en compagnie de « Silver » dans le bâtiment de la Cour fédérale, où les deux hommes attendaient que les femmes de ménage aient terminé leur travail dans un bureau qu’ils s’apprêtaient à cambrioler. Ils s’en sortirent de justesse en exhibant des faux papiers et en expliquant leur présence par des recherches de jurisprudence aux archives, mais l’alerte avait été chaude […]
« Armstrong avait fait installer un télex et le matériel de codage, de sorte que les communications reprirent sans tarder entre le refuge du Commodore et le « Bureau du Gardien », respectivement appelés Alpha et Bêta. C’est ainsi qu’Alpha fut informé que Gerald Wolfe, l’agent « Silver », avait été arrêté à son bureau de l’IRS et qu’un mandat d’arrêt était lancé contre Michael Meisner, présumé en fuite. Ce dernier point n’étonna personne car Meisner était déjà confié aux soins diligents de Bêta, qui lui faisait subir un changement d’aspect et le munissait de faux papiers. Selon les consignes de Mary Sue, il devait ensuite « se perdre dans la foule d’une grande ville » (Russell Miller, Le gourou démasqué).