VIES ANTERIEURES
ET
SCIENTOLOGIE
Comment la scientologie amène ses adeptes
à se construire un mental peuplé
de souvenirs de vies antérieures
« Projet domination »
Réflexion sur le thème
« sectes et société »
Paul Vannieuwenhuyze
Cinquième partie
L'internet, le plus grand ennemi de la scientologie
« L’internet a ceci de fabuleux qu’il possède toutes les informations qu’un ex-adepte a besoin de savoir, mais il le met aussi en rapport avec d’autres ex-adeptes susceptibles de le comprendre, l’écouter, l’aider, l’informer, etc. Il permet l’anonymat de la personne dans un premier temps lorsqu’elle le désire. Elle peut donc librement consulter tranquillement chez elle et à son rythme. C’est, je crois, le meilleur outil de reconstruction d’une personne victime de secte ou de groupe totalitaire. D’ailleurs, la Scientologie a une peur bleue de l’impact de ce réseau extraordinaire qu’elle a essayé d’interdire à grand renfort de procès et intimidations en tout genre. Elle a notamment voulu interdire la liberté d’expression sur le réseau. Elle a attaqué le CAN (Cult awareness network) en justice dans d’innombrables procès provoquant sa faillite ; elle a fait des descentes dans des maisons privées volant des disques durs et des archives personnelles ; elle continue à intimider ceux qui osent faire valoir leur droit de libre expression garanti par la Constitution. Il est d’ailleurs amusant de constater que plus ils s’acharnent à faire taire les gens, plus les gens en parlent et s’insurgent contre leurs procédés dignes de l’Inquisition. Ils fabriquent donc eux-même une publicité désastreuse qui se retourne contre eux, à notre plus grande joie d’ailleurs ! Ils se révèlent à un large public tels qu’ils sont ; une secte sinistre et dangereuse. Les scientologues suivent des directives. Personne n’a le droit de changer ou d’adapter une directive (cela fait partie d’une directive de Hubbard qui lui même interdit tout changement ou adaptation). Or Hubbard est mort en 86 sans avoir écrit de directives concernant l’internet, il était déjà trop diminué physiquement et mentalement pour comprendre le phénomène du réseau Internet. Donc les fanatiques de la Sea Org ne pouvant changer ni adapter leurs directives se trouvent en porte à faux dans l’incapacité d’y répondre adéquatement et font d’énormes gaffes. Je suppose qu’ils vont continuer à appliquer leurs directives inadéquates à notre plus grande satisfaction puisqu’en plus, la majeure partie de leurs directives ne marchent pas de toute façon. C’est que sur le réseau, sur le web, l’internet est le garant de la liberté d’expression pour tous, notion intolérable pour tous ces marchands de malheur. L’internet est devenu le mode de libre communication international par excellence, un ennemi à abattre à tout prix pour tous ces marchands de malheur. Et puis, c’est vrai que sur le web, il y souffle un formidable vent de liberté ! » (Les goulags du gourou, Néfertiti).
Exercice illégal de la médecine psychiatrique
« Il n’est pas inintéressant de remarquer que l’époux de la prévenue exerce la profession d’agent commercial dans le cadre de la société U-MAN et qu’à ce titre, il propose des tests de personnalité pour l’embauche du personnel. M. Gérard Stordeur, technicien à la société Deinos à Dardilly, expose qu’en juillet 1991, à l’occasion d’un changement de convention collective, un stage de communication d’une durée de deux jours a été organisé. Au cours de ce stage, un test de personnalité émanant de la société U-MAN a été distribué aux cadres de l’entreprise qui durent écouter des intervenants louant les thèses scientologiques de Ron Hubbard. Ces tests défavorables à ce cadre, manifestant peu d’intérêt à la philosophie scientologique, lui valurent son licenciement » (Les méfaits reconnus par le tribunal correctionnel de Lyon, procès de Lyon, 22 novembre 1996).
On ne vous le fait pas dire, M. le Président ! Le problème, c’est qu’on attend toujours que la loi soit appliquée et que soit enfin réprimé l’exercice illégal de la médecine psychiatrique, surtout dans le travail, à commencer par la fonction publique. C’est un épouvantable phénomène auquel nous assistons impuissants depuis plusieurs décennies. Pour n’importe quelle embauche, on a pris la liberté de soumettre le candidat à toutes sortes de tests. En cours de carrière, on repasse encore des tests : tests psy, tests de QI, tests psychotechniques. C’est une activité criminelle qui s’est développé partout dans le monde du travail. Cela porte un nom : exercice illégal de la médecine psychiatrique ; ou encore : administration forcée de médecine psychiatrique contre la volonté et l’intérêt du patient. On attend toujours que les foudres de la justice tombent sur les recruteurs-violeurs psychiques, ces mercenaires du mental au service d’employeurs plus immondes qu’eux. La scientologie n’a fait que profiter de portes déjà ouvertes. Tant qu’on tolèrera le moindre entretien psychologique dans le cadre du travail, tant qu’on laissera violer les droits élémentaires des personnes à l’intégrité mentale (plus importante que l’intégrité physique), on fera le lit des sectes en plus de faire des sectes de nos entreprises. La psychologie, ou la psychiatrie, est une médecine. Elle ne peut être administrée que dans l’intérêt du patient, et jamais dans l’intérêt d’un tiers, surtout d’un employeur. C’est là une activité criminelle contre laquelle il est nécessaire de sévir avec la plus grande rigueur. La place de tous ces soi-disant « psy » - et surtout de leurs commanditaires - qui bafouent si impunément et depuis si longtemps le serment d’Hippocrate est en prison. Le statut flou des « psy » doit être révisé et mis en conformité avec le serment d’Hippocrate. Il n’est plus tolérable que n’importe qui puisse faire de la médecine psychiatrique pour n’importe quoi. Tout ce qui est « psy » relève de la médecine uniquement et doit être mis en conformité avec les règles médicales. Il est inconcevable que des diplômes universitaires non médicaux de psychologie soient délivrés. C’est un détournement officiel de la médecine psychiatrique.
Sectes coupables et société innocente
Les sectes ont toujours existé. Le pouvoir a toujours été détenu par de petits groupes d’individus unis par une philosophie commune. Il est probable qu’il en sera toujours ainsi car l’accession et l’exercice du pouvoir ne peuvent se faire sans le soutien prolongé d’un collectif structuré. Le problème n’est donc pas d’éliminer les sectes en général mais de faire face à cette réalité : nous avons les sectes que nous méritons. Après la famille, la secte est le second fondement d’une société. Certaines sectes sont utiles, d’autres intolérables. La secte est comme la famille : elle est parfois détestable mais on ne peut s’en passer. La France est actuellement dirigée par deux sectes : la secte maçonnique pour le pouvoir temporel, et la secte « psy » pour le spirituel. Le totalitarisme est le péché mignon des sectes. Lorsqu’on voit le « psy » de service invité dans presque tous les débats télévisés, on ne peut s’empêcher de penser à l’homme d’église qui remplissait cette même fonction dans les soirées d’autrefois. Les débordements de la franc-maçonnerie font, de temps à autre, la une des journaux. A l’instar de la famille, la secte ne doit plus être un tabou. L’opacité dont s’entourent celles qui sont au pouvoir ne sert que trop à couvrir des sectes beaucoup moins recommandables. Il est de leur volonté de faire en sorte que la justice extérieure ne puisse disposer que de moyens ridicules. Ces organisations ont une justice interne qui les satisfait. Elles ne veulent pas que l’on puisse se mêler de leurs affaires. De même qu’on ne pouvait régler son linge sale qu’en famille, on ne peut toujours pas traiter une affaire de secte à l’extérieur. « Il n’avait qu’à pas y’aller », c’est le tabou qui protège les sectes. Autant dire : « Il n’avait qu’à pas vivre ». C’est aussi malin que « Il n’avait qu’à ne pas naître », pour une affaire de famille.
Remarquons que le monde du travail est protégé par une justice d’exception que sont le Code du travail et les tribunaux prud’homaux. Est-il normal qu’un voleur de voitures se fasse arrêter et mettre en prison alors qu’un employeur ou un collègue peut causer, sans raisons valables, des dégâts autrement plus considérables dans la vie d’une personne sans jamais voir l’ombre d’un képi ? Est-il normal que les employeurs puissent continuer de s’abriter derrière des « inspecteurs du travail » qui n’inspectent pratiquement rien du tout puisqu’ils n’ont aucun pouvoir de police ? Ceux qui ont quelque observation à formuler doivent se faire eux-mêmes juges d’instruction, enquêteurs de police ou de gendarmerie, et convoquer eux-mêmes, à l’aide de leur propre milice ou de leur propre armée (on en a tous une sous la main !), pour audition, leurs propres témoins. Avez-vous déjà vu un employeur passer devant une Cour d’Assise ? Pourtant ce ne sont pas les morts et les suicidés du travail qui manquent. Là aussi, on a affaire à une justice hors du droit commun qui fait qu’à l’intérieur des entreprises, on se conduit comme dans les sectes totalitaires. Et c’est souvent pire ! On ne peut quand même pas se contenter de dire aux gens : « Vous n’aviez qu’à ne pas aller travailler ». Regardez le développement de la précarité. N’est-ce pas typiquement sectaire que d’organiser une classe de sous-hommes avec lesquels on ne partage pas ses privilèges ? Employés en renouvellement de période d’essai, employés en contrat à durée déterminée, intérimaires, prestataires de services, sous-traitants, ces pratiques d’externalisation du personnel dans des structures où ils ne peuvent que se soumettre sont devenues la norme de nos entreprises. Il n’y a plus de « Direction du personnel » mais des « Direction des Ressources Humaines » qui gèrent la généralisation de la précarité à l’aide d’un noyau de privilégiés. Allez faire un tour à l’ANPE et vous verrez si l’on y propose des contrats de travail normaux. Les ANPE sont devenues les annexes gratuites des boîtes d’intérim, des prestataires de services et des sous-traitants.
Un exemple qui me vient à l’esprit : lorsque la mairie de Paris a décidé de faire nettoyer les crottes de chien, a-t-elle embauché un seul employé municipal ? C’est pourtant bien un travail permanent concernant la propreté de la ville, et qui doit donc être effectué par des employés municipaux. Eh bien, non ! Elle a fait ce qui se fait aujourd’hui : faire appel à un sous-traitant. Elle lui a attribué deux fois le marché puis l’a confié à un autre sous-traitant. Qu’en est-il des employés qui sont balancés d’un sous-traitant à l’autre ? Quels sont leurs droits ? La mairie de Paris a beau jeu de leur répondre : « Mais je ne suis pas votre employeur. Voyez ça avec votre employeur ». Les employés municipaux sont, eux, chargés de contrôler le travail des sous-traitants. Ils font office de gardes chiourme et d’inspecteurs des travaux finis. Ils en sont très contents. Du moins jusqu’au jour où leurs enfants arrivent à leur tour sur le marché du travail pour y être confrontés à la galère de la précarité laissée par leurs chers papas et leurs chères mamans. Connaissez-vous beaucoup d’entreprises qui ont leur propre personnel de sécurité ? de nettoiement ? de transport ? Certaines n’ont déjà plus un seul employé à elle dans leur service informatique. L’entreprise idéale n’aura bientôt plus du tout de personnel mais seulement des ressources humaines, c’est-à-dire tous ses employés externalisés dans des structures précaires où le droit du travail est réduit à sa plus simple expression. Qui se décidera à prendre des mesures pour taxer de façon suffisamment dissuasive ces pratiques qui se sont généralisées ?
L’église de scientologie n’hésite pas à faire paraître des offres d’emploi. Pourquoi se gênerait-elle ? Elle recrute du monde comme cela. Je ne serais même pas étonné d’apprendre que certains viennent par l’ANPE. Exemple :
« M. François Marty, lui aussi, répondait à une annonce parue dans un journal gratuit, Le 69, concernant une offre d’emploi d’auditeur pour le centre de dianétique de Lyon, sans savoir ce qu’était ce centre. Après avoir répondu au test de personnalité, M. Marty a pris des cours puis a suivi une cure de purification et, au début du mois de juin 1988, sur les conseils de M. Mazier, s’est perfectionné en faisant « les ponts ». M. Mazier l’a conduit au Crédit Lyonnais, sa banque, où un prêt de 20 000 F a été consenti et viré sur le compte personnel de M. Mazier. Constatant qu’il s’agissait « d’un piège à fric », M. Marty a cessé toute relation avec le centre de dianétique. Non content d’avoir exercé ces pressions, M. Mazier a relancé par la suite M. Marty pour lui faire rédiger une attestation de prêt. Devant le refus qui lui était opposé, il n’hésita pas à tenter un chantage à l’égard de la victime, le menaçant de le dénoncer auprès de l’inspecteur des impôts. A l’audience, M. Mazier n’a pas contesté avoir écrit cette lettre de menace qu’il a qualifiée de maladresse de sa part […]
« Ghislaine Peyronnel épouse HUET. Elle exerçait la fonction de conseiller au centre de dianétique de Lyon. Après avoir rencontré Mazier au centre, à la suite d’une annonce parue dans Le 69, elle a suivi des cours, puis signant un engagement religieux de cinq ans, elle est devenue membre permanent de l’Eglise de Scientologie. Offrant des prospectus dans la rue, elle a, à partir de janvier 1987, reçu les nouveaux arrivants au centre et exercé l’interprétation des tests après une formation très courte de quinze jours. La prévenue reconnaît à l’audience, avoir reçu un certain nombre de parties civiles. Après avoir effectué un séjour de trois semaines au centre FLAG en Floride (Clearwater) pour recevoir un cours de communication, et suivi une cure de purification, Mme Huet et son mari ont quitté la Mission de l’Eglise de Scientologie de Lyon le 26 février 1990 et ont été déclarés « freeloader » (scientologue qui, ayant rompu son engagement envers l’église de Scientologie, doit rembourser les dettes contractées au cours de sa formation.). Le couple Huet ayant des dettes vis-à-vis de l’Eglise, la prévenue a été engagée à Manhattan Langues. Mme Huet a, au cours de son passage au centre de dianétique de Lyon, eu un rôle essentiel, celui d’inciter, après avoir fait passer le test de personnalité, les individus à s’engager plus avant dans la recherche d’un mieux être en vendant des cours de communication (témoignage de Mme Cléostrate). Bien que peu formée à l’interprétation des tests de personnalité, elle a réussi par son action à faire adhérer le nouvel arrivant à l’association en lui faisant croire à un espoir chimérique. Elle a même participé à des auditions (témoignage de Mme Machicoane). Elle est intervenue notamment sur Jacques Dalmazir pour l’inciter à partir à FLAG, ce qui a conduit ce dernier à solder son capital de 100 000 francs déposé à la BRED au titre de la participation des salariés au fruit de l’expansion de l’entreprise, somme destinée à la création d’une société d’audiovisuel. Elle a fait pression par des appels téléphoniques répétés sur Mme Cléostrate, alors en dépression, pour la faire revenir au centre. Elle n’a pas hésité à se rendre à son domicile, en compagnie d’Evelyne Chabert, pour tenter de parvenir à ses fins. Cette action lui a permis de lui vendre un électromètre pour la somme de 39 000 francs en convaincant cette victime affaiblie par ses difficultés personnelles du bienfait de cette acquisition. Dès lors, la participation active de Mme Huet aux manœuvres qui ont amené des victimes à se dépouiller au profit de la Scientologie est caractérisée […]
« Evelyne Tiraboschi épouse Chabert. Recrutée par annonce, par Mazier, à la fin de l’année 1988, Mme Chabert s’occupe de la comptabilité de la mission de Lyon tout en devenant avec son mari, adepte de la Scientologie. Mme Evelyne Chabert est mise en cause par Mme Cléostrate pour avoir accompagné Ghislaine Huet à son domicile et avoir fait pression sur elle pour l’achat d’un électromètre, au prix de 39 000 F, pour auditer son jeune fils ; acquisition qu’elle se résolut à faire compte tenu de la pression psychologique exercée sur elle. Cette action ponctuelle caractérise les manœuvres établissant le délit de complicité d’escroquerie […]
« Pour illustrer le parcours d’un profane dans les dédales de l’Eglise de scientologie, le cas de Marie-Thérèse Massard est édifiant et mérite d’être cité. Cette femme, âgée de 52 ans, au chômage depuis 4 ans, lorsqu’elle répond à une annonce parue dans un journal gratuit, proposant une offre de devenir auditeur, croit à la possibilité d’obtenir un emploi en répondant à cette invitation et n’imagine nullement le long parcours destructeur qu’elle va emprunter. Reçue par M. Mazier, Mlle Massard achète, sur ses conseils, le livre de Ron Hubbard et commence des cours, puis suit des auditions et une cure de purification. Elle va subir le traitement médicamenteux prescrit par M. Mazier ou Corinne Medalin, de niacine et de vitamines A, B, C, D. Cette cure n’a pas connu le « résultat final » espéré et d’ailleurs promis par Corinne Medalin. Dès lors, elle est orientée vers les intensives supervisées par Mme Denise Pompidor et M. Mazier. Puis pour compléter sa formation, ce dernier la convainc de poursuivre ses études de scientologue à Copenhague. Comme la partie civile avait un crédit d’argent pour ses cours, elle en demanda la restitution ou du moins la modification d’affectation. M. Mazier refusa. Tout au plus lui proposa-t-il de la rembourser en ouvrages de Scientologie. Convaincue de la possibilité d’accéder à l’état de « clair » au Danemark, Mlle Massard fit le voyage à deux reprises, en juillet 1990 puis en janvier 1991. Lors de son premier séjour, elle fut retenue contre son gré alors qu’elle voulait rejoindre son père hospitalisé en France. Cette voie de fait est confirmée par le témoignage de M. Arnaud Berthenet. Harcelée pour retourner à Copenhague pour obtenir l’état de « clair », Mlle Massard céda et obtint enfin cet état mais ce, après avoir déboursé une somme de l’ordre de 183 000 F en dissipant l’héritage de son père. Quelques semaines plus tard, les responsables de l’Eglise de scientologie parvinrent à lui vendre les listes de l’Avoir et de l’Etre relatives à des techniques spéciales d’audition, pour la somme de 124 000 F. Enfin, Mlle Massard fut persuadée de partir à Clearwater (Etats-Unis), voyages et stages pour lesquels elle déboursa sous la contrainte la somme de 120 000 F. Son stage fut parsemé d’embûches ; dépossédée de son libre arbitre, vivant sur les nerfs, dépouillée de ses biens, Mlle Massard, de retour à Lyon le 8 mai 1991, resta prostrée pendant plusieurs semaines, ne parvenant pas à comprendre ce qu’elle venait de vivre. Et pourtant, à son retour, elle fut à nouveau harcelée par Denise Pompidor et Damien Calvin. Aujourd’hui, Mlle Massard analyse avec esprit critique son parcours en scientologie. Elle considère avoir été victime d’une escroquerie et réclame l’indemnisation de son préjudice qu’elle fixe à un million de francs. Le Tribunal a choisi d’évoquer cette expérience car elle illustre parfaitement les différentes étapes du processus destiné à tromper le nouvel adepte choisi pour sa faiblesse psychologique. A cet égard, la tromperie se trouve à tous les stades de ce parcours ; alors que la clause de remboursement est prévue par les règles internes de l’association, la réalisation du remboursement est délicate, pour ne pas dire impossible puisqu’à chaque requête de ce style, le scientologue cherche à renouer le contact avec l’adepte pour lui démontrer son erreur. Le présent dossier démontre que seules les poursuites pénales ont été à l’origine des remboursements opérés » (extrait du verdict du procès de Lyon, 22 novembre 1996. Ce verdict est actuellement en appel).
C’est assez édifiant sur ce que les gens sont prêts à accepter aujourd’hui pour trouver du boulot ! Même pour un salaire dérisoire, c’est toujours mieux que de rester à s’angoisser tout seul à la maison. Alors pourquoi se gêner ? Notre système protège toutes les magouilles des employeurs. Ils ont tous les droits. Il faut vraiment que cela devienne énorme pour qu’une parodie de justice se mette en branle. Ici deux personnes qui cherchaient du boulot se retrouvent condamnées pour participation et complicité d’escroquerie ! Est-ce que cela ne concerne que les sectes ? Evidemment, non.
Prenons, par exemple, votre journal préféré. Le plus grand groupe (ou un des plus grands) de la place est le groupe « Le Figaro ». J’ai travaillé dans une de ses salles informatique. Le personnel y est d’abord recruté par des boîtes d’intérim pour une des sociétés du groupe (il y en a pas mal, au moins autant que de titres de journaux). Après quelques mois en intérim, on lui fait faire un premier contrat à durée déterminé (CDD) dans une autre société du groupe. Puis un autre CDD dans une autre société, suivi d’un autre CDD dans une autre société, etc. Il est toujours au même endroit à faire le même travail pendant des années. Il a parfaitement conscience que tous ces contrats sont des magouilles et qu’il se porte complice en les signant. Comment pourrait-il en être autrement ? Tout le monde le sait et tout le monde s’en fout. Que peut-il faire ? Aller « gagner » un procès aux prud’hommes s’il a de la chance, et surtout s’il n’est pas pressé ? S’inscrire sur la liste noire de sa profession et perdre son boulot en échange d’une indemnité ridicule ? Il sait que les employeurs n’en ont rien à faire de perdre un procès aux prud’hommes. (Cela fait partie du jeu : une fois je perds, mille fois je gagne. Il n’y a qu’un employé lésé sur mille qui va aux prud’hommes tellement cette justice inique est désolante. Il vaut mieux pour l’employeur faire mille arnaques et payer une fois une indemnité dérisoire. Cette dernière n’est calculée que sur l’unique cas jugé, jamais sur les mille arnaques réelles où les gens ont laissé tomber.) Il fait comme tout le monde, il la ferme. Il sait très bien que ce n’est pas demain la veille qu’on verra le patron du groupe « Le Figaro » se prendre en Cour d’Assise la peine de prison criminelle à perpétuité qu’il mérite. Il va même jusqu’à dénoncer à ses supérieurs ceux voudraient faire quelque chose, histoire de se faire bien voir. On ne sait jamais, peut-être qu’à lui on offrira un jour un contrat à durée indéterminé puisqu’il est si soumis. Avec renouvellement de la période d’essai, bien sûr. Il ne faut pas trop en demander. (Selon l’article 7 de la convention collective SYNTEC, le renouvellement de la période d’essai doit être justifié et revêtir un caractère exceptionnel. C’est tellement exceptionnel et justifié que la quasi totalité des employeurs l’imposent à tous avec des formules du genre : « Comme il est stipulé dans votre contrat et conformément à l’article 7 de la convention collective SYNTEC […] vous avez une période d’essai de […] qui peut être renouvelée. Votre période d’essai venant à terme le […], nous la reconduisons pour une période de […] ». Sachant combien les employeurs ont pris la mauvaise habitude d’utiliser abusivement et impunément cette disposition « exceptionnelle », qui aura le courage de faire voter une loi mettant définitivement fin à cette vexation injustifiée et aujourd’hui imposée à tous que sont les renouvellements de période d’essai ?) Peut-être qu’un jour il aura enfin une année en contrat à durée indéterminée, qu’il pourra alors postuler pour un appartement digne de ce nom et cesser de squatter à son âge chez ses parents.
Le sentiment général que l’on en tire, c’est que soit nos dirigeants se foutent complètement de nous, soit ils sont à mille lieux de la réalité de nos problèmes. Nos dirigeants, ce sont d’abord nos élus. 80% de nos parlementaires sont issus de la fonction publique et y retournent après leur mandat. C’est dire à quel point ils vivent dans une secte en dehors de la société. Est-ce que l’un d’entre eux a déjà répondu à une petite annonce pour se retrouver en train de vendre par téléphone un produit bidon pour une entreprise dans laquelle les clients sont appelés « pigeons » ? Nos parlementaires n’ont jamais connu ça, ils n’ont aucune idée de ce qu’est la vraie vie. Est-ce qu’un parlementaire a déjà été intérimaire, prestataire de service, sous-traitant ou en CDD ? Est-ce qu’un parlementaire a déjà signé un contrat de travail avec un avenant postdaté de renouvellement de la période d’essai ? Ils ne savent même pas que cela existe. Il y en a ras le bol de ces premiers de la classe, de ces sortis de l’ENA et de ces M. ou Mme Propre. Ils n’ont rien à voir avec ceux qu’ils sont censés représenter. Tout ce qu’ils connaissent de la vie, c’est de longues études grâce à l’appui de leur famille, un concours d’entrée ou une entrée directe dans la fonction publique, une carrière assurée jusqu’à la fin de leurs jours et du militantisme politique pour se donner bonne conscience et ne pas mourir d’ennui. Quand on s’étonne de la « prime à la casserole » de ceux qui se font réélire après avoir eu des démêlés avec la justice, on sous-estime à quel point les gens n’en peuvent plus de ces « mis en disponibilité par leur ministère d’origine » ; et à quel point ils préfèrent des ripoux plus ou moins repentis, et dont on peut espérer que leurs ennuis leur auront appris quelque chose sur la vraie vie, plutôt qu’un fonctionnaire propre sur lui et toujours aussi inconscient du monde qui l’entoure. On sous-estime à quel point les gens sont prêts à voter massivement pour d’ex-taulards qui représentent quelque chose, plutôt que pour des juges qui ne représentent rien.
Ne devrait pouvoir se présenter aux élections que des personnes qui n’ont pas été salariées de la fonction publique depuis au moins cinq ans. Cinq ans, c’est un minimum pour redescendre du nuage de la fonction publique. Ces fonctionnaires qui démissionnent pour briguer un mandat juste derrière, on n’en veut plus ! On ne veut plus voter pour nos juges, nos institutrices et nos professeurs. Trop, c’est trop ! Un gouvernement de militaires, c’est une dictature qu’on peut espérer renverser ; un gouvernement de fonctionnaires, c’est une dictature où il n’y a plus aucun espoir. Voter, c’est se soumettre au parti unique et multiforme des fonctionnaires. De toute façon, quelle que soit votre couleur politique, vous n’avez pas le choix, vous ne pouvez voter que fonctionnaire. Montrez-moi un candidat intérimaire, prestataire de services ou sous-traitant. Il n’y en a pas. Pourtant ce sont les seuls boulots offerts par l’ANPE. Pourtant c’est là que soi-disant se résorbe le chômage (prendre un million d’emplois ; bien agiter jusqu’à en faire deux millions d’emplois précaires ; laisser reposer sous le regard ébahi des statisticiens ; présenter fièrement au peuple dubitatif votre million de chômeurs en moins). Comment une telle disparité est-elle tolérable ? A la rigueur, on trouve quelques privilégiés de grandes entreprises à cheval entre le public et le privé. Est-ce qu’Arlette Laguiller aurait pu militer avec autant d’aisance toute sa vie si elle avait été intérimaire au lieu de jouir des immenses privilèges des employés du Crédit Lyonnais. Nous vivons dans une société totalitaire où ce sont les membres de la même secte qui font les lois et qui les font appliquer. Les lois ne sont pas faites au nom du peuple mais au nom de ceux qui les font appliquer. Ceux qui devaient servir l’Etat et ainsi servir le peuple se sont rendu maîtres de l’Etat et maîtres du peuple. Ce « putsch » civil a des conséquences plus redoutable qu’un putsch militaire. Nos serviteurs sont en fait nos maîtres ; et nos maîtres nous font croire qu’ils sont nos serviteurs. Autrement dit, nous vivons la tête en bas, et dans un monde de fou.
La franc-maçonnerie compte quelque 120 000 membres pour 60 000 000 de Français. Elle accapare environ 50% des instances du pouvoir. Ce qui fait qu’on a 250 fois plus de chances de faire une carrière politique en étant franc-maçon qu’en ne l’étant pas. François Mitterrand disait qu’avec cinquante ou soixante personnes bien placées, on pouvait tenir la France. Quid des autres sectes ? Elles ont le même but : faire prévaloir leur doctrine et s’octroyer des privilèges. Peut-il en être autrement ? Certainement pas. Autant demander à une entreprise de ne plus chercher à gagner de l’argent. Elle est faite pour ça, et elle sert la société en le faisant. Il en va de même pour les sectes : elles sont un acteur indispensable de l’évolution. Il n’y a que de mauvaises sectes comme il n’y a que de mauvaises entreprises et de mauvaises familles, mais on ne peut s’en passer. Ce qui ne veut pas dire qu’une secte, une entreprise ou une famille ait le droit de faire tout et n’importe quoi. En ce qui me concerne, l’existence du « conflit œdipien » des « psy » est aussi scientifiquement prouvé que l’existence du « Xénu » scientologique. Les théories « psy » actuelles sont seulement descriptives mais pas explicatives. Autant demander l’avis pertinent de sa concierge. Il y a la tchatche et le psychologais qui enrobe le tout, mais derrière il n’y a rien. Du bluff, c’est tout. Bac + 10 pour en arriver à un résultat scientifique nul ! « La personne était fragile psychologiquement, c’est pour ça que… » Merci. Je vous dois combien, Docteur ? J’estime néanmoins que la médecine psychiatrique est tolérable. Il ne faut pas désespérer de l’être humain ; on a vu pire dans notre Histoire ! Elle peut au moins produire l’effet placebo. Et puis tous les psychiatres ne sont pas bornés. Il y en a beaucoup qui sont conscients du néant de leur savoir et qui le vivent avec humour, ce qui n’est déjà pas mal. Si le « psy » est sympa et qu’il respecte la déontologie médicale, ça ne peut faire que du bien de s’entretenir avec lui.
Le paradis au sortir de la secte ?
J’ai du mal à croire à cette vision idyllique des choses selon laquelle il suffit de quitter la secte pour « s’en sortir ». Ce n’est pas comme ça que les choses se passent. C’est généralement pire après qu’avant. Tant que la personne est dans la secte, elle bénéficie de la force du groupe ; au sortir, elle est seule. Certains créent leur propre secte avec plus ou moins de succès. Ceux qui y arrivent sont ceux qui s’en sortent le mieux ! C’est horrible mais c’est comme ça. Combien la scientologie a-t-elle engendré de sectes dissidentes ? Un grand nombre, certainement. Il faut que cela arrive car une secte ne peut être abattue que par une ou plusieurs de ses filles. Ce n’est pas le monde libre et démocratique qui est venu à bout de l’URSS mais des communistes sincères. La scientologie, elle aussi, ne sera vaincue que par des scientologues. Les meilleurs espoirs sont actuellement : David Mayo, le dauphin désigné de Hubbard qui s’est fait éjecter par l’arriviste David Miscavige, et qui a depuis monté sa secte « orthodoxe », l’Eglise de la Nouvelle Civilisation ; et Bill ROBERTSON, autre dauphin désigné qui a lui aussi monté sa secte « orthodoxe » Free Zone en 1982. Ce n’est pas la pression externe, qui ne peut que renforcer, mais uniquement l’explosion interne qui viendra à bout du monstre enfanté par Hubbard. A mon avis, la bonne stratégie consiste à mettre en avant l’Eglise de la Nouvelle Civilisation et Free Zone. Tous unis contre l’usurpateur Miscavige, l’infâme criminel, le nabot inculque qui a jeté la Scientologie plus bas que terre. Vive l’Eglise de la Nouvelle Civilisation ! Vive David Mayo, le véritable héritier spirituel du grand Vladimir Illitch Hubbard ! Ou vive Free Zone ! Vive Bill Robertson, autre véritable héritier spirituel ! Au lieu de perdre du temps à être contre la scientologie, soyons « pour » la Nouvelle Civilisation, Free Zone et tous les autres dissidents. « Nous voulons la vraie scientologie, celle de la Nouvelle Civilisation de David Mayo, ou bien celle de Free Zone de Bill Robertson, ou bien celle d’autres encore, mais pas celle détournée par Miscavige » : voilà quelque chose d’utile à mettre sur nos pancartes lorsque nous manifestons en face des membres de l’église de scientologie.
A l’heure où j’écris cela, j’apprends par Roger Gonnet que David Mayo avait jeté l’éponge après avoir gagné son procès contre la scientologie et touché un énorme pactole. Il roule sur l’or depuis qu’il s’est désisté. En fait, la scientologie y a plus que gagné en perdant ce procès car elle l’a finalement bel et bien acheté légalement pour qu’il renonce à sa propre secte. Ce n’est pas grave, elle ne pourra pas couvrir d’or tous ses dissidents. Elle a payé parce que c’était David Mayo, l’auditeur personnel de Hubbard, celui qui connaissait les secrets du tréfonds de l’âme perfide du gourou, mais elle ne le fera pas toujours. La consigne que je préconise reste la même : encourager et favoriser les dissidents. Il y en a des nouveaux qui arrivent tous les jours. Nous ne sommes pas à un David Mayo près.
Mais d’abord, si vous le pouvez, faites-lui cracher son fric. Personnellement, je n’ai jamais dit que j’étais incorruptible. Si la scientologie y met le prix, je veux bien signer tout ce qu’on veut et fermer ma grande gueule à tout jamais. Faut voir… Tout est négociable. Chaque homme a son prix. « Aucune forteresse n’est imprenable là où peut passer un mulet chargé d’or » (Philippe de Macédoine). Je vous encourage à faire de même : viser la tête et le cœur du monstre scientologique : son pognon. Mafieux de tous les pays, unissez-vous : il y a des centaines de millions de dollars à prendre. Faites comme moi ou plutôt, tâchez de faire mieux. Lorsque j’en ai eu fini avec les magouilles financières de cette secte de malheur, je suis parti avec leur pognon. Je me suis payé sur la bête. C’était l’argent noir de la semaine à Paris que Maria Maloney de la Sea Org me faisait transiter par Paris-Lausanne-Jersey-Copenhague. Tout l’argent, ou presque, est noir en scientologie car ils demandent aux émetteurs de ne pas libeller l’ordre de leurs chèques (laissez ! je le remplirai…), afin de les encaisser sur des comptes de particuliers qui n’ont officiellement rien à voir avec la scientologie. Eh bien, ce coup-là, l’argent noir a oublié de transiter ! Il est resté coincé. Ce sont des choses qui arrivent dans une banque, parfois l’argent se bloque. Allez savoir pourquoi, c’est tellement compliqué et il y a tellement d’erreurs ! Par exemple, lorsque vous envoyez régulièrement la même somme, les demandes de confirmation du virement précédent sont si souvent prises pour de nouvelles entrées que cela en est confondant ! Tant qu’un compte reste ouvert, il n’est pratiquement pas vérifié, cela serait trop coûteux. Il n’est vérifié qu’à la clôture dans la plupart des cas. Alors pourquoi le clore ? Rien ne vous y oblige. La banque réceptionnaire peut mettre des mois, voire des années, pour réaliser ses erreurs. Cela vous laisse de la marge pour intervenir. La scientologie a réagi plus vite mais ils n’ont pas pipé mot. J’avais pris la précaution de noter le nom et l’adresse de tous les émetteurs des chèques qui me passaient entre les mains. C’est Maria Maloney qui s’est pris un long séjour au RPF pendant que je me la coulais douce. Je n’allais pas pleurer pour elle. Elle venait de me faire commencer à sortir l’argent d’Italie en plus de la France. Et bientôt, l’Europe entière ; et pourquoi pas l’Amérique ? Un jour ou l’autre, je me serais fait prendre comme d’autres avant moi. Elle aurait nié qu’elle dirigeait le trafic. Elle m’aurait désavoué et tout mis sur le dos. Alors, un conseil, servez-vous avant qu’il soit trop tard. On peut ne pas se faire prendre quelques temps mais on se fait obligatoirement prendre à la longue. Le grand regret de ma vie (j’en souffre encore, c’est si dur le remords), c’est de ne leur avoir piqué que 200 000 F, une misère sur ce que j’ai vu défiler ! J’aurais pu au moins essayer d’arrêter l’argent de plusieurs semaines dans les différentes banques. Je sais. J’avoue. C’est de ma faute. Cela a été impulsif. Je me suis laisser emporter par la colère du moment. J’étais jeune, je n’ai pas réfléchi. Si seulement c’était à refaire, croyez bien que je m’organiserais mieux et que je te les ratiboiserais avant de larguer les amarres. A défaut de marine régulière, les corsaires ont de quoi se mettre sous la dent dans les parages scientologiques.
« Quantité de dissidents ont fort bien compris : ils appliquent des variétés SD (note : Scientologie Dianétique) sans nombre ; d’aucunes sont aussi fantaisistes que celles de Hubbard (celle de Bill Frank par exemple, qui en est mort) ; d’autres ont de bons résultats et ne se font pas remarquer ni attaquer ; elles ne prétendent plus à la religion et valent bien diverses formes de psychologie, parfois même mieux ; parfois moins bien. Leurs tenants sont libres de contraintes absurdes, paient leurs taxes et font ce qu’ils croient devoir faire en leur âme et conscience […]
« Ce n’est pas seulement ces minettes qui sont exposées sur papier glacé dans les organes de vente-à-la-dure de l’affaire, de la sale affaire scientologue. Celles-là, on pourrait aussi bien les retrouver à la rue trois ans plus tard, sans rien, sans métier, sans argent, sans but ; car perdre ce but de « clarification de la planète et de l’univers », ce n’est pas rien » (La secte armée pour la guerre, Roger Gonnet).
La voie de l’introspection
La scientologie a au moins le mérite de nous faire voir à quel point l’antique « Connais-toi toi-même » est la plus grosse bêtise jamais proférée. S’il est louable de pouvoir s’évaluer face à l’adversité de la vie, il l’est encore plus d’évaluer l’adversité elle-même. Dire à une gazelle qu’en s’analysant, elle va s’en porter mieux est une erreur meurtrière. La gazelle a mieux à faire d’analyser les lions et tout ce qui rôde comme prédateur dans la savane si elle veut vivre une heure de plus. En dehors des cas de traumatisme profond où la personne est un danger immédiat pour elle-même ou pour la société, la voie de l’introspection est celle de la schizophrénie. L’être humain est un être social, ses problèmes viennent essentiellement du monde qui l’entoure et non de lui-même.
J’ai pris la liberté de nommer « principe de causalité compulsive sur l’inéluctable » cet état d’esprit qui pousse à renforcer ce qui est subit, à être du côté du manche quoi qu’il arrive, y compris, et même surtout, en tant que victime. Il est plus facile de s’envisager comme le point central du monde que comme un simple élément du chaos universel. Il est plus rassurant de croire que les choses partent de soi parce qu’on peut opérer sur soi-même alors que sur l’extérieur, c’est une autre affaire ! L’enfant qui culpabilise en croyant que c’est de sa faute si sa mère vient de trouver la mort dans un accident cherche d’abord à se rassurer. Eh bien, non ! Il n’y est absolument pour rien, et c’est ça qui est insupportable. D’autres événements au moins aussi douloureux pourront se produire sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit. Ce refus d’affronter le chaos universel produit la solution qui consiste à être ce que j’appelle « compulsivement cause sur l’inéluctable », à croire que tout dépend de soi, que l’on est forcément pour quelque chose sur ce qui arrive, car il suffira de se changer soi-même pour que les choses aillent mieux. Ce qui m’arrive, je l’ai mérité parce que na na na na na… Est-ce que le monde a mérité un monstre d’une méchanceté aussi incroyable que L. Ron Hubbard ? Certainement pas. Personne ne mérite un tel prince de la guerre. Il y a certes des fautes antérieures mais elles ont une incidence minime par rapport à l’absence de gestion du chaos. Un phénomène comme la scientologie aurait pu être évité si une police mondiale des sectes avait existé. Après Hitler, on a créé l’ONU. Le « machin », comme disait De Gaulle, vaut ce qu’il vaut, mais il représente un espoir de solution face au fléau des guerres. Espérons qu’après la scientologie, on créera une sorte d’ONU contre les sectes dangereuses.
Une autre leçon à tirer de la scientologie, c’est l’abus d’introspection : trop de psys, trop de psychanalystes, trop de psychologues, trop de psychothérapeutes, trop de « Connais-toi toi-même », trop d’éleveurs de viande à gourou. Tout cela, il va falloir s’en débarrasser. La psychiatrie est une médecine. Une médecine administrée à des gens bien portants les rend malades. La psychiatrie a sa place dans les centres médicaux, pas en tant que drogue mentale pour faire des surhommes et découvrir de nouveaux mondes. Il faut en finir avec les soi-disant prodigieuses victoires de la psychanalyse. C’était un rêve, ou plutôt, un cauchemar ! Si les Etats-Unis d’Amérique sont actuellement les plus grands fabricants de sectes, ce n’est pas pour des raisons constitutives et historiques mais parce qu’ils sont devenus le pays des psys. Déboulonnons les statues de Freud et de ses successeurs (Lacan, Dolto, etc.), et remisons-les à l’hôpital d’où elles n’auraient jamais dû sortir. Sortons les psys de nos vies, de nos écoles et surtout de nos entreprises. N’acceptons plus le moindre test d’introspection réalisé en dehors des voies médicales. Pourquoi ? Parce que c’est dangereux, parce que ça rend malade en plus d’asservir cyniquement. Etes-vous docteur en psychiatrie pour poser ce genre de question ? Est-ce que vous faites vos consultations selon les normes de l’éthique médicale ? Avez-vous prêté le serment d’Hippocrate ? Non. Alors arrêtez de faire n’importe quoi en détournant de la psychiatrie frelatée et en l’administrant à tort et à travers. Allez vendre votre drogue mentale ailleurs, on a cessé d’être « accro ».
De l’introspection à l’introversion, il n’y a qu’un pas qui est vite franchi. « T’es qui ? » est la formulation de base de l’agression verbale. Il s’agit de tourner l’attention de la personne sur elle-même, de l’« introvertir ». Une fois qu’elle a donné les verges pour se faire fouetter, elle n’est plus rien, elle peut être détruite. Qui suis-je ? d’où viens-je ? où vais-je ? dans quel état j’erre ? sont des questions auxquelles personne n’a jamais répondu de façon convaincante. Cela appartient au non-savoir. Demander à quelqu’un de s’exprimer sur ce qui relève du non-savoir, c’est se moquer de lui. Je me souviens du prof de philo qui m’a fait échouer de trois points sur quatre cents (la rage !) au baccalauréat en m’interrogeant sur « Qu’est-ce que la liberté ? » Le gars était probablement franc-maçon pour avoir la moindre certitude sur un tel sujet. A l’époque, j’étais simplement honnête en disant que je ne savais pas. Je ne sais d’ailleurs toujours pas ce qu’est la liberté. Par contre, j’ai appris depuis que j’avais raison de dire que je ne savais pas car cela fait partie du non-savoir. Entre le « Ferme ta gueule ! » de la tyrannie et le « Cause toujours… » de la démocratie, où est la liberté ? Personne n’en sait rien. Tout ce qu’on voit, c’est que chacun se dépatouille comme il peut dans le chaos universel.
Refusons l’introversion. Même si les « psy show », « reality show » et autres « loft story » sont à la mode, ne portons pas notre attention sur les nombrils et portons-la sur le monde. Lorsqu’un journaliste conduit un entretien, il estime nécessaire de le centrer sur la personne au lieu de traiter du sujet. C’est pourquoi les journalistes bénéficient de peu d’estime. Espérons qu’ils changeront et qu’ils traiteront des sujets sans plus « introvertir » leurs interlocuteurs. Le « T’es qui ? » des journalistes actuels est plus raffiné que celui des voyous sans stylo et sans micro mais l’agression verbale est au moins aussi violente. Personne n’a à s’excuser d’exister. Les seuls qui s’en sortent à ce jeu sont les plus gros menteurs.
Qu’avons-nous appris avec les tests qu’on nous oblige à subir ? Nous avons appris à tricher, à répondre comme il faut avec la tête qu’il faut à des questions imbéciles. Nous sommes devenus des menteurs professionnels. C’est surtout aux tests d’intelligence que nous avons appris à mentir. Non pas pour passer pour plus intelligents que nous le sommes, car les gens intelligents ne sont pas pris, mais pour être classés dans le créneau des médiocres que l’on peut employer sans risquer de les voir un jour prendre sa place. Pourquoi continuer dans ce malaise ? A quoi sert-il de faire passer des épreuves où ne réussissent que les tricheurs ? Oui mais, me direz-vous, les psys ont compris que c’était les tricheurs qui passaient le mieux les tests et ils en tiennent compte. Vous croyez que les tricheurs n’ont pas toujours une longueur d’avance ? et qu’ils ne tiennent pas compte de ce dont les psys tiennent nouvellement compte ? Arrêtons ce cirque et virons les psys.
Les tests psys sont des détecteurs de mensonge moins performants que les tests à l’électromètre de la scientologie mais il s’agit de la même paranoïa : la hantise de la conspiration, de la prise du pouvoir. Les entretiens psychologiques des entreprises sont plus primaires mais identiques dans leur principe aux interrogatoires de sécurité de la scientologie. Que s’est-il passé en scientologie ? qui a finalement pris le pouvoir après la mort de Hubbard ? Les scientologues les mieux entraînés à mentir aux interrogatoires de sécurité les plus poussés. Ceux qui avaient le mieux appris à mentir à l’électromètre quelles que soient les circonstances sont maintenant aux postes de commande. Le plus gros de tous les menteurs étant David Miscavige. C’est normal puisqu’il succède à Hubbard. C’est ça que nous voulons avec nos tests psys ? C’est ça que nous voulons voir à la tête de nos entreprises ? La seule différence qu’il y a entre le déshabillage psychologique complet effectué par les actuels recruteurs et l’interrogatoire de sécurité à l’électromètre avec plusieurs personnes qui utilisent la violence verbale et tout ce qui peut déstabiliser, c’est que les psys ont une technologie moins avancée. On tolère les crimes des psys parce que chacun se dit : je suis assez malin pour arriver à les blouser, je ne suis donc pas concerné. Avec Hitler, on se disait : je ne suis pas juif. On voit où cela a mené.
Les psys ne sont pas seulement la secte qui domine spirituellement, l’« Eglise officielle » d’aujourd’hui, ils sont la porte d’entrée des autres sectes dangereuses. Au premier rang des sectes dangereuses il y a la secte psy, celle qui a pris le pouvoir « religieux », celle qui sacre nos « rois », qui distribue l’« hostie » ou qui « excommunie ». Ensuite viennent les autres sectes dangereuses qui convoitent sa place, dont la scientologie.
Qu’elle soit officieuse ou officielle, il y a toujours une religion d’Etat, une philosophie dominante. Aujourd’hui, lorsqu’il y a un drame quelque part, on n’envoie plus de prêtre consoler les affligés mais des psys. Demain, on enverra peut-être des ministres scientologues. Les psys sont les actuels curés. En tant que religion officieuse la psychologie n’a ni les obligations ni les comptes à rendre d’une religion officielle, elle peut se permettre d’être largement plus tyrannique sans perdre forcément beaucoup de son crédit.
Je ne suis pas contre les sectes. Il y en a de bonnes et elles sont indispensables. Les bonnes sectes s’occupent généralement d’extraversion plutôt que d’introversion. Le club de football local est une bonne secte, tant qu’il ne tourne pas à la horde de supporteurs ivres de bière et de violence. Les bonnes sectes peuvent aussi dégénérer. Les psys ne sont pas seulement une secte dangereuse parce qu’ils sont tournés vers l’introversion (on peut avoir une bonne secte d’introversion, ce n’est donc pas le seul critère) mais parce qu’ils en abusent. Imaginez que la secte des gynécologues prennent le pouvoir dans l’avenir. C’est possible. Avec le développement de la génétique, ils auront un pouvoir considérable et ils seront tentés d’en abuser. Il faudra alors les ramener à leur place. De même, il faut ramener les psys à la place qui est la leur. Lorsque je vois un psychiatre dans l’émission « Loft story », j’ai envie de hurler : mais qu’est-ce qu’il fait là ? D’autres psychiatres habitués des plateaux télévisés avaient refusé de participer à cette émission, c’était leur devoir, mais il y en a toujours qui doivent être remis à leur place. Je n’ai rien contre « Loft story », ce n’est pas pire que d’autres choses ; mais un psychiatre dans « Loft story », c’est intolérable. Cet énergumène devrait être interdit d’exercice de la médecine à vie. Encore une fois, la psychiatrie est une médecine : un psychiatre ne doit pas compromettre son art dans un spectacle qui n’a rien à voir avec une émission médicale. Je ne parle même pas de la psychologue qui l’accompagnait parce que je ne reconnais pas ces praticiens illégaux, ces mercenaires criminels qui ont trahi d’entrée de jeu la psychiatrie, et dont il faut simplement se débarrasser.
Une secte devient dangereuse lorsqu’elle commence à se mêler de tout, à tout régenter, à verser dans le totalitarisme. Cela se fait progressivement. Il faut y mettre le holà dès que cela dérape. La mission des experts psychiatres est une bonne occasion de dérapage. On voit trop de rapports ahurissants où la psychiatrie n’est qu’un faire-valoir. Ces rapports sont longs, comme si l’expert devait justifier ses honoraires à coup de logorrhée. A quoi servent ces pages de littérature pour dire si c’est ceci ou cela ? Les autres experts médicaux ne délayent pas leurs diagnostics dans autant de lignes. S’il veut rester dans le cadre de sa mission, un expert psychiatre n’a pas forcément besoin de plus de trois phrases. Il est médecin, pas littérateur. Une copie des rapports d’expertise psychiatrique devrait être communiquée systématiquement à une commission de contrôle. Avec un personnage comme Hubbard qui passait d’une lettre de règlement sur la façon de laver une voiture à une autre sur celle de gouverner le monde, on a maintenant de bonnes références sur l’expansion verbale caractéristique des gourous, et donc aussi sur ce qu’un psychiatre doit éviter.
Dominateurs, nous sommes et resterons
Le principal reproche qu’on puisse faire à L. Ron Hubbard, c’est de n’avoir été qu’un grand criminel, c’est-à-dire un petit dominateur, un petit joueur. Si seulement il avait eu l’altruisme à son arc, il aurait pu être un dominateur digne de ce nom, un de ces princes de la paix qui jalonnent l’Histoire, une étape importante du « projet domination ». Au lieu de cela, il a choisi le mensonge. S’il avait eu le souci de la vérité, il aurait pu faire de grandes choses, il aurait pu être quelqu’un. Il entre à jamais dans les oubliettes de l’Histoire où séjournent les Erostrate, les espèces disparues, les prédateurs avides et les ratés de l’évolution. Il ne fait pas partie du futur.
On peut aussi lui reprocher d’avoir été obnubilé par l’argent en tant que tel, pas seulement l’argent pour le pouvoir mais l’argent pour l’argent. Finalement, il n’aimait que l’argent. Il en a gagné, certes, mais il n’a jamais été assez riche pour faire quelque chose gratuitement. Il laisse le souvenir d’un homme qui a vécu comme un pauvre, près de ses sous. Un échec aussi splendide ne doit pas nous faire oublier ce que nous sommes et resterons : des dominatrices et des dominateurs.
Conclusion
De la façon dont les choses se passent en scientologie, la personne est amenée à croire fermement que si elle n’arrive pas à contacter des images de vies antérieures, c’est qu’elle est un être inférieur ou qu’elle a commis trop de crimes atroces dans ses prétendues vies passées. Soumise à une telle pression, elle trouve rapidement énormément de prétendus souvenirs de prétendues vies antérieures. Comme dans les rêves, le mental humain génère à l’état éveillé des scénarios, des images mentales dans l’inconscient. L’électromètre de scientologie leur donne une authenticité mensongère alors qu’elles sont produites au fur et à mesure par la personne qui s’optimise ainsi jusqu’à l’extase mentale. Ces états extatiques plus ou moins forts sont la drogue des scientologues prêts à n’importe quoi pour ne pas en être privés. Certaines de ces extases provoquées par l’audition de scientologie sont tellement puissantes qu’elles laissent loin derrière elles celles dues aux drogues chimiques. Par les scénarios, les images mentales d’histoires explicatives dans de prétendues vies antérieures, la personne s’optimise, c’est-à-dire qu’elle se rend plus forte, mais surtout se justifie, se donne raison de tout, se prend bientôt pour un idéal vivant jusqu’à imaginer être un dieu (ce qui est la moindre des choses en scientologie), voire le Dieu tout-puissant lui-même ou plutôt beaucoup, beaucoup mieux que Dieu comme Hubbard ! C’est ce qui donne aux scientologues cette arrogance, cette incroyable superbe qui les caractérise. Néanmoins, comme avec les drogues chimiques, la descente est d’autant plus dure que les sommets atteints étaient élevés. Cette alternance entre total enfer et total paradis est encore plus caractéristique des adeptes de la scientologie.
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