VIES ANTERIEURES
ET
SCIENTOLOGIE
Comment la scientologie amène ses adeptes
à se construire un mental peuplé
de souvenirs de vies antérieures
« Projet domination »
Réflexion sur le thème
« sectes et société »
Paul Vannieuwenhuyze
Première partie
Aucun mouvement, a fortiori aucun mouvement sectaire, ne peut se développer sans offrir quelque attrait d’importance. Vu de l’extérieur, on peut se demander ce que la scientologie peut bien avoir d’attirant. Sont-ce les techniques de communication, de purification du corps et de l’âme, d’étude ou de gestion développées par L. Ron HUBBARD qui fascinent les scientologues ? Ce serait étonnant car il ne s’agit que de données déjà existantes qui ont été reprises et compilées par Hubbard.
A priori, il n’y a pas de quoi tomber en pâmoison devant l’enseignement ainsi réuni par Hubbard. Par exemple : comment faire effectuer un travail par une équipe quand elle se prétend incapable de le faire ? Pour répondre à cette intéressante question, M. Hubbard utilise la parabole suivante : il vous conte l’histoire de je ne sais plus quel tyran ou hobereau qui, ne pouvant obtenir de ses esclaves ou de ses soldats qu’ils arrivent à déplacer une charge énorme, en fit exécuter un sur dix devant les autres. Comme par miracle, les survivants réussirent ensuite à déplacer la charge en question. Effectivement, c’est efficace ; et la scientologie vous rend bien capable de diriger une entreprise. A condition, évidemment, de ne plus jamais vous poser la question de savoir si vous dirigez un monstre ou une entreprise.
En fait, il n’y a apparemment rien de nouveau sous le soleil avec la scientologie. Les Machiavel de tous les temps nous ont déjà révélé depuis belle lurette le large éventail d’horreurs dont l’humanité est capable. On peut parfois accorder un petit plus à Hubbard quand il dit à propos de Hitler qu’il a commis en 1939 l’erreur d’engager une guerre qu’il avait déjà gagnée. C’est vrai. L’analyse est excellente. Je partage tout à fait son avis, bien que ce soit le genre d’avis que je préfèrerais ne partager avec personne. On peut donc compter sur les scientologues pour ne jamais faire une guerre qui les perdrait. Un scientologue doit se développer comme aurait dû continuer de le faire Hitler, c’est-à-dire en menaçant et en faisant trembler son monde sans jamais se montrer ouvertement, sans jamais déclarer ses intentions véritables. Il doit conquérir seulement de petites positions, les unes après les autres ; les petits ruisseaux faisant les grandes rivières. Il doit anéantir toute volonté de riposte en faisant croire qu’il a pratiquement toujours été là et qu’il sera forcément toujours là, qu’il fait partie du paysage ; et que si vous avez l’impression que le paysage bouge, c’est uniquement dû à l’érosion calcaire et à la force du vent. Il doit veiller à ce que les réactions à ses menées soient entachées de disproportion et de ridicule. La scientologie, c’est Hitler moins l’illusion que fut sa guerre éclair ; c’est Frédéric de Prusse moins les campagnes hasardeuses qui faillirent le perdre et qui, plus tard, finirent effectivement par perdre l’Allemagne, c’est tous les théoriciens de l’art de la guerre ou de la stratégie de conquête moins leur inéluctable empressement et leurs derniers scrupules.
Tout cela n’a rien de bien ragoûtant. On n’attrape pas les mouches avec un tel vinaigre. Alors, où donc se trouve le nectar des scientologues qui leur permet d’avaler tout ça ?
Serait-ce la technologie d’étude compilée par Hubbard qui serait si merveilleuse ? La détection des mots incompris à l’aide de leur électromètre (dont l’utilisation provoque des stress si dangereux qu’ils mènent droit à la folie, comme nous le verrons un peu plus loin) serait-elle la panacée de l’enseignement ? Apparemment pas. Ils ne sont pas plus performants que d’anciennes méthodes. Ils n’arrivent même pas à guérir un dyslexique alors que d’autres y parviennent maintenant. Mon opinion actuelle sur ce sujet, opinion tout à fait personnelle et très susceptible d’évoluer, c’est qu’avant le mot incompris (c’est-à-dire un simple problème de vocabulaire facile à résoudre en prenant la certes louable habitude de consulter le dictionnaire), il y a la grammaire, la conjugaison et l’orthographe incomprises ; et que derrière, il y a la phonétique incomprise, tellement incomprise qu’on n’avait jamais pensé, jusqu’à il y a peu, qu’il était indispensable de l’étudier pour apprendre à lire et à écrire, ainsi que pour aborder toute nouvelle langue ; et qu’encore derrière, il y a l’essence même de la formation des sons utilisés dans le langage qui n’a pas été enseignée. C’est dire qu’il n’y a qu’un nombre infime de personnes qui savent ce qu’est un son voyelle, un son consonne, un son semi-voyelle ou semi-consonne et comment ces sons se combinent entre eux, alors que c’est là la base de la culture humaine.
On voit que les prétentions de Hubbard de remonter à la source de tous les problèmes des élèves ou des étudiants sont, pour le moins, excessives. Il se vante beaucoup avec des données superficielles. D’autres sont allés bien plus loin avec plus de modestie et en se passant des conseils hors de prix de son « église ». Là-dessus la réforme du mastodonte de l’enseignement restera longtemps à l’ordre du jour, mais ce ne sont certainement pas les scientologues qui aideront à faire avancer le « schilmblick ». Il faudrait une volonté politique tout à fait étrangère à nos scientologues et à leurs centres V.I.P. (Very Important Person = Grosse Légume) pour mettre l’enseignement également à la portée de tous. Qui veut se charger d’abolir les privilèges liés à la plus ou moins grande fortune des parents, et permettre à chacun d’être responsable de ses études ? Qui veut retirer aux professeurs l’immense plaisir d’avoir le public à disposition qu’ils ont toujours eu, et sur lequel ils ont un pouvoir plus important que le droit de vie et de mort ? Qui veut défaire le carcan des classes et abolir l’antédiluvien enseignement magistral pour le remplacer par un enseignement individuel programmé où l’enseignant deviendrait un entraîneur (un « coach » comme on dit maintenant) ? Qui veut mettre l’enseignement au service des élèves et non plus des professeurs ? Qui veut permettre à chaque élève de travailler indépendamment et à son propre rythme des matières obligatoires et d’autres de son choix ? Qui veut se charger d’en finir avec les examens « guillotine » ? Qui veut en finir avec le choix uniquement en fin d’année entre le passage en classe supérieure ou le stupide redoublement ? Qui veut en finir avec l’imbécile bachotage qu’impliquent les innommables examens comme le baccalauréat ? Qui veut se charger d’instaurer dans chaque matière une compartimentation, une programmation en petites sections, du contrôle des connaissances, et cela du niveau cours préparatoire jusqu’au niveau bac + 20 (nous avons déjà une spationaute qui est bac + 19, il faut prévoir !) ? Qui veut laisser l’élève choisir l’enseignement de ses besoins, et non être obligé de disserter sur Molière et Marivaux dont il n’a pas forcément grand-chose à faire ? Qui veut permettre à l’élève de se dispenser totalement d’enseignements qui lui seront inutiles comme les mathématiques (alors qu’une licence d’anglais est aujourd’hui indispensable), sachant que pas plus d’une personne sur dix mille n’est amenée à utiliser autre chose que les quatre opérations élémentaires et une géométrie de base durant toute sa vie (vous avez déjà utilisé un sinus ou une équation du second degré ? même dans l’informatique ?) ? Qui veut en finir avec la soumission par la sélection et l’exclusion ? Qui veut remettre en cause la « diplômocratie » en permettant à tous d’obtenir des diplômes ? Qui veut instaurer un livret qui indique chacun des petits niveaux certifiés dans chaque matière ? Qui veut établir un système de diplômes basés sur ces petits niveaux certifiés ? Qui veut ouvrir aux élèves les portes de l’autoformation (qui existe déjà dans de nombreux domaines mais qu’on refuse à l’école et à l’université) ? Qui veut faire des 800 000 mille personnes qui rentrent chaque année dans le scolaire autre chose que seulement 80 lauréats en bout de chaîne (notre société ne peut plus se contenter du droit à l’éducation jusqu’à 16 ans, et après va mourir dans les petits boulots, les boîtes d’intérim et de prestation de services, avec chômage définitif garanti passé la quarantaine !) ? Qui veut faire en sorte que les élèves se sentent pour la vie en sécurité vis à vis de leurs études, et non plus à la merci de leur jeunesse, de leurs parents, des professeurs, d’un accident ou d’un quelconque conflit ? Qui veut essayer de changer la mentalité éducatrice des professeurs ? Qui veut faire en sorte qu’il n’y ait plus, par exemple, de cours d’éducation sexuelle mais d’information sexuelle (viens ici que je t’éduque sexuellement, mon petit mignon !) ? Qui veut en finir avec l’incroyable cours de « philosophie » (comme s’il n’y avait qu’une seule et unique philosophie : celle de la franc-maçonnerie et de son « Siècle des Lumières » enseignée exclusivement par nos professeurs) pour en faire un cours sur les innombrables philosophies, quelles que soient leurs origines politiques, religieuses ou autres ? Qui veut abattre l’école tyrannique établie par Napoléon ? Qui veut en finir avec cette école soi-disant laïque ? alors qu’elle n’est que totalitaire puisque au lieu de favoriser toutes les formes d’expression religieuses et politiques comme le veut la laïcité, elle les interdit toutes sauf la sienne qu’elle impose tyranniquement et qu’elle prétend respectueuse des autres ! Qui veut accorder aux élèves des droits élémentaires d’information, d’expression et de défense d’apprentis citoyens ? Qui veut accorder aux représentants et ex-représentants des élèves un minimum de protections les mettant à l’abri des manipulations cyniques et vengeresses des professeurs et de l’administration ? Qui veut faire que les représentants des élèves soient autre chose que des alibis, acteurs malgré eux d’un sinistre marchandage ? Qui veut permettre aux élèves de pouvoir intervenir contre la nullité d’un professeur (le genre qui fait son cours sans se préoccuper de savoir s’il y en a qui suivent, ce n’est hélas pas ce qui manque) ? Qui veut faire des élèves autre chose que des bachoteurs psychologiquement brisés par la soumission au rituel sadique des examens, de futurs esclaves d’entreprise, de la viande à gourou, ou des révoltés que les réalités de la vie se chargeront d’écraser ?
Je m’étale un peu sur le sujet mais cela permet de montrer qu’il n’a rien de simple. C’est plus qu’une révolution, c’est un changement de civilisation qui transformera le mastodonte de l’éducation nationale. Je ne doute pas qu’on y arrive un jour mais, raisonnablement, cela ne peut que prendre des siècles. On a toujours enseigné comme on enseigne aujourd’hui depuis que le monde existe ; alors d’ici à ce qu’on change, il peut s’écouler bien des lustres. Ce n’est pas demain la veille qu’on arrêtera de faire défiler le 14 juillet les élèves de l’école polytechnique. Et lorsque cela se fera, ce ne sera sûrement pas grâce à l’« église » de scientologie qui, elle, ne cherche qu’à s’infiltrer dans cette élite d’hyper privilégiés, ces premiers de toutes les classes. Ce que veut la scientologie avec sa prétendue technique d’étude, c’est profiter de l’insatisfaction engendrée par le système actuel pour avancer ses pions et conquérir de nouvelles petites positions. Si jamais elle arrivait à ses fins, ce serait pire qu’avant ; il y aurait encore plus de totalitarisme, de sélection et d’exclusion. De plus, elle produirait un nombre considérable de fous parmi les élèves en les soumettant à son électromètre, cet appareil servant aussi de détecteur de mensonges et permettant effectivement de lire d’une certaine manière dans la pensée. Nos chères têtes blondes ne seraient plus dressées pour être seulement des esclaves mais des robots dont la plupart péterait les plombs.
Les soi-disant merveilles de Hubbard sur l’étude ne sont donc certainement pas non plus l’ambroisie dont se régalent les scientologues. Serait-ce alors le prodigieux programme de purification qui élimine soi-disant un tas de toxines emmagasinées par le corps ? On voit que la plupart de ceux qui le font s’y soumettent contre leur gré, pressentant les dangers pour leur organisme ; et qu’ils font tout pour le traverser au plus vite afin de limiter les dégâts. Alors où est le délice qui ravit leur âme ? Serait-ce la fabuleuse dianétique ? Quand on lit le bouquin, les tentatives d’avortement et les prétendus incidents prénataux, au cours desquels les mamans traumatiseraient leur futur bébé en ayant des rapports sexuels ou en se masturbant pendant la grossesse, ne sont pas très convaincants. D’ailleurs, il n’y a pas grand monde en scientologie qui s’intéresse encore à ces billevesées. Cela n’a fait fureur qu’au lancement de la dianétique, il y a déjà un demi-siècle ; et c’est vite retombé à plat.
Alors ? me direz-vous, à quoi marchent-ils les scientologues ? A la pile Wonder, comme Bernard Tapie ? Un peu de patience, j’y viens. Quand je veux… Et puis d’ailleurs, c’était dans le titre en très gros. N’allez tout de même pas dire que j’ai fait exprès de vous tenir en haleine pour le plaisir. C’était pour mieux expliquer. Comme vous l’aviez deviné depuis le début, Sherlock Holmes que vous êtes, les scientologues marchent aux vies antérieures et à l’immortalité qui en découle. On comprend déjà un peu mieux. En voilà un truc intéressant : être immortel comme dans Highlander à la télévision. J’en ai toujours rêvé. Je donnerais tout pour ça. Je tuerais père et mère. Eh bien ! justement, mon enfant, vous allez pouvoir passer à l’acte. Ce n’est pas le même scénario que dans la célèbre série ; il n’y a pas de combats au sabre ou à l’épée, et l’on ne coupe pas la tête du vaincu pour recevoir dans un transfert d’éclairs son passé et son énergie. En fait, c’est tout à fait autre chose mais c’est le même rêve, celui de l’immortalité :
« Un groupe de jeunes, venus d’ailleurs et s’imaginant immortels, établit sa base secrète dans une station thermale abandonnée, en plein cœur du désert au sud de la Californie. Ils se méfient des étrangers au groupe et se croient traqués par le FBI. Alors, cédant à la panique, ils entreprennent de faire disparaître tout ce qui pourrait nuire à leur leader adoré. Sa protection est pour eux devoir d’autant plus sacré qu’ils le savent seul capable de sauver le monde face aux catastrophes à venir. L’un d’eux furète dans le grenier d’un hôtel délabré […] Gerry Armstrong est ce jeune homme agenouillé dans la poussière du grenier de l’ancien hôtel Del Sol à Gilman Hot Springs en cet après-midi de janvier 1980. Depuis plus de dix ans scientologue dévoué, il avait été bûcheron au Canada en 69 quand un de ses amis lui fit connaître la scientologie, dont les promesses de pouvoirs surnaturels et d’immortalité l’avaient aussitôt séduit. Soumis à de constantes humiliations durant ses années au sein de l’église, il avait été deux fois condamné à de longs « séjours » au Centre de Rédemption (RPF), pudique appellation de la prison de la secte, et vu son mariage sombrer ; il restait malgré tout convaincu que Ron Hubbard était le plus grand homme que la Terre eût jamais porté. » (Russell Miller, Le Gourou démasqué, introduction).
Que s’est-il passé durant les années mil neuf cent cinquante ? A force de rechercher le prétendu incident prénatal le plus ancien, le « basique des basiques » qui devait libérer totalement la conscience selon la théorie dianétique, quelques personnes se sont mises à voir des images de prétendues vies antérieures. On ne cessait de leur demander d’aller toujours plus loin dans le passé, et ils étaient déjà censés être remontés dans le ventre de leur mère. Où sont-ils forcément aller ? Dans de soi-disant vies antérieures :
« Dès les débuts de l’audition, certains sujets invités à remonter leur « piste de temps » étaient retournés au-delà de leur naissance ou de leur conception jusqu’à une existence antérieure, souvent romanesque, chevalier médiéval ou centurion romain. Le même phénomène était arrivé à Helen O’Brien, qui s’était revue au début du XIXe siècle sous les traits d’une jeune paysanne irlandaise tuée par un soldat anglais qui voulait la violer » (Russell Miller, Le Gourou démasqué, chap. 11).
On savait depuis longtemps qu’avec l’hypnose on pouvait suggérer à une personne de remonter dans autant de vies antérieures qu’on lui demandait. Ces pratiques ont été finalement condamnées comme dangereuses pour la santé mentale et comme relevant de la suggestion. L’hypnose a été de ce fait définitivement dévalorisée par la science moderne. Néanmoins Hubbard avait trouvé un moyen de suggestion qui n’était pas l’hypnose et qui donnait d’aussi fantastiques résultats. Il ne lui a pas fallu longtemps pour comprendre qu’il tenait là une vraie pierre philosophale. Toute voile dehors sur les vies antérieures ! Adieu la dianétique et ses incidents prénataux ; avec les fabuleuses vies antérieures suggérées sans hypnose, la scientologie était née.
Que Hubbard soit lui-même entré dans la suggestion et qu’il ait cru à la véracité de ces vies antérieures, c’est possible. La plupart des gourous croient fermement à ce qu’ils racontent. Ils croient surtout qu’ils sont des génies. Les seuls gourous intéressants sont ceux qui doutent d’eux-mêmes. Malheureusement, on n’en rencontre jamais ! Il se peut aussi que Hubbard ait été l’un des plus gigantesques menteurs de tous les temps, un dément qui finissait par croire tout ou partie de ce qu’il inventait, ou un individu prêt à n’importe quoi pour se mettre en avant et dominer son monde.
A la fin, un seul d’entre nous dominera
Avec la somme considérable d’informations réunies par la scientologie sur les fantasmagoriques vies antérieures, on obtient quelques sujets de réflexion qui en valent la peine. On ne va pas refuser de rouler sur les autoroutes allemandes sous prétexte qu’elles ont été construites par Hitler. Puisqu’elles sont là, autant s’en servir pour autre chose que du transport de troupes nazies. A la lueur des innombrables vies antérieures fantasmées par les scientologues, j’en tire que contrairement à ce que déclare Hubbard, l’impératif suprême de la vie n’est pas la survie mais la domination finale que nous appellerons « projet domination ». Jusqu’à preuve du contraire, le moteur de toute vie, humaine ou autre, est le « projet domination ». Il n’y a pas de dominants ni de dominés, il n’y a que des dominateurs et des dominatrices en compétition avec toutes les autres formes de vie. La soumission n’existe pas ; elle est contraire à la vie, qu’elle soit humaine, animale ou végétale. Même le brin d’herbe est un dominateur qui poursuit humblement son chemin. Qui peut dire si, dans un milliard d’années, ce ne seront pas ses descendants qui auront évolués et qui règneront sur la terre ? Un(e) dominé(e) est soit un dominateur(trice) en attente, soit un(e) dominateur(trice) séducteur(trice) apparemment soumis(e) mais qui ne cherche qu’à séduire le(la) dominant(e) en place afin de savoir comment le(la) renverser, soit encore un(e) dominateur(trice) qui emprunte une de ces autres innombrables voies de l’apparente soumission. Le(la) dominant(e) est un(e) dominateur(trice) exposé(e) ou, plus sagement, en retrait. Sa position est instable et, finalement, peu enviable car c’est contre lui que s’exercent tous(tes) les autres dominateurs(trices) qui miment la soumission. Le « projet domination » veut que le dominateur final (le dominateur des dominateurs, le seigneur des seigneurs, le roi des rois de la plupart des religions) soit le prince de la paix dont tous les autres accepteront la domination. C’est pourquoi il est de bonne guerre de mimer la soumission à cet(te) apprenti(e) prince(sse) de la paix qui se condamne à être un(e) dominant(e), en attendant de trouver le moyen de lui régler son compte.
La survie a été abandonnée, probablement très peu de temps après la création de la vie. Les formes de vie qui ont cherché uniquement à survivre n’ont pas pu évoluer suffisamment. Celles qui ont donné d’autres formes de vie et qui ont accepté de mourir ensuite ont pu mieux évoluer, et ainsi dominer rapidement en éliminant celles qui ne voulaient pas mourir. Le « projet domination », c’est la volonté d’être dans la lignée physique et/ou spirituelle du(de la) dominateur(trice) final(e). Bien sûr, il n’y a aucun(e) dominateur(trice) final(e), mais c’est simplement parce que l’évolution continue, et donc que la guerre continue. Le « projet domination » n’a pas de fin. A première vue, il n’y a pas d’amour. Il y a des ruses de guerre programmées génétiquement (émotion, affection, désir, etc.), et des symbioses plus ou moins temporaires entre dominateurs(trices). La voie d’évolution qui semble avoir jusqu’à présent le mieux réussi est passée par le sexe, mais rien ne permet de dire que c’est celle qui l’emportera.
Voilà en gros quelques réflexions que j’en ai tirées. Cela mériterait d’être mieux développé que nous le ferons ici. On pourrait créer une science de la domination qui étudierait les différentes formes de rapports des dominateurs(trices) en eux(elles). On arriverait, par exemple certainement à établir que dans une relation sado-masochiste, c’est l’esclave qui a largement la plus forte volonté de domination des deux (c’est lui qui fait les plus grands sacrifices pour s’attirer l’attention de l’autre afin d’établir une communication à partir de laquelle il va pouvoir passer à l’attaque) ; ou que dans une relation parent-enfant, l’enfant est un(e) dominateur(trice) qui séduit ses parents jusqu’à ce qu’il(elle) estime n’avoir plus besoin d’eux. C’est sauvage et pire, si cela était possible, que la philosophie de Hubbard. Néanmoins, si l’amour peut exister quelque part, ce n’est pas en masquant la réalité qu’on l’aidera à s’épanouir. Si nous voulons faire la paix un jour, il faudra nécessairement commencer par faire l’inventaire exhaustif de nos armes les plus sournoises
Secret impossible et paroxysme de l’angoisse
« La méthode de co-audition peut être délivrée telle quelle sans support matériel particulier, mais elle peut aussi faire appel à l’électromètre. Dans ce cas particulier, 1’électromètre, (sans effet réel tant diagnostique, que cultuel ou autre) renforce en fait le pouvoir exercé par l’auditeur en accroissant la dépendance psychologique et en privant le sujet du reste de son libre arbitre et de sa faculté à dissimuler, convaincu qu’il est de la réalité d’une technique de détection à laquelle il est soumis et à laquelle il est persuadé de ne pas pouvoir se soustraire » (Secte scientologie : expertise judiciaire du docteur expert psychiatre Jean-Marie Abgrall).
C’est uniquement au tout début des années cinquante qu’on ne se servait pas encore de l’électromètre. Cet appareil est ensuite devenu obligatoire dans toutes les procédures de dianétique et de scientologie. Malgré les doutes compréhensibles du Dr Abgrall, l’électromètre est effectivement performant entre les mains d’une personne exercée. L’appareil ne marche pas tout seul. Il faut être entraîné dans la façon de communiquer pour que l’électromètre réagisse valablement. Les journalistes et les enquêteurs qui se sont tous fait repérer la première fois qu’ils sont passés à l’électromètre ne s’en sont pas vantés. Ils auraient dû. Cela aurait éveillé plus de soupçons. Depuis qu’elle existe, la scientologie fait ce pied de nez au fonctionnement des institutions. Est-il normal que les Renseignements ne puissent faire leur travail ? Est-il normal de tolérer une telle zone de non-droit ? une telle zone d’insécurité où les services d’enquête des gouvernements sont interdits de séjour ? A ma connaissance, personne n’a jamais réussi à franchir ce barrage de détection et à infiltrer suffisamment la scientologie pour en tirer des informations valables. En dehors des éléments issus des perquisitions, toutes les données dont nous disposons proviennent d’anciens scientologues. Aucun esprit curieux n’a jamais pu séjourner dans un centre de scientologie. Il ne s’agit ni de faire de la publicité ni de nier la réalité. L’électromètre marche. Un seul petit problème : il rend complètement fou, et parfois très rapidement.
« Hubbard exposa ses théories pendant l’été 52 devant un public surtout composé de dianéticiens convaincus n’ayant jamais douté de son génie et acceptant tout ce qu’il disait sans discuter. S’il fallait valider un point ou un autre, il faisait intervenir son postulat des « vies antérieures », désormais intégré aux procédures d’audition. Les Thétans ne se limitant évidemment pas à notre seul univers, les séances d’audition faisaient surgir d’innombrables récits de voyages dans l’espace et d’aventures survenues sur d’autres planètes, anecdotes étrangement similaires à celles des récits d’Astounding et autres magazines auxquels l’inventeur de la Scientologie travaillait encore récemment. La réalité des vies antérieures trouvait une confirmation inattendue dans les oscillations de l’aiguille de l’électromètre, immédiatement adopté pour aider la science. Inventé par un dianéticien nommé Volney Matthison, l’électromètre était en fait un instrument de mesure des variations de conductivité de la peau sous l’effet d’un stimulus ou d’un stress, à qui fut très vite donné le pouvoir quasi-mystique de déceler les pensées les plus intimes d’un individu. L’appareil devint donc importante source de bénéfices, aucun scientologue digne de ce nom ne pouvant se passer de son électromètre fourni exclusivement par l’Association » (Russell Miller, Le gourou démasqué, chap. 12).
Non seulement l’électromètre détecte les pensées refoulées les plus intimes mais il réagit pareillement aux pensées inconscientes, oniriques et imaginaires. L’électromètre ne fait pas la différence entre ce qui provient du monde inconscient, du monde onirique, du monde imaginaire et du monde réel. C’est là que se trouve le rédhibitoire défaut de la cuirasse des théories scientologiques : on y prend l’inconscient, les rêves et les fruits de l’imagination pour des réalités. Si vous avez rêvé un jour d’être Tintin reporter ou James Bond 007, on vous conduira gentiment au chargé des relations publiques de l’église de scientologie comme journaliste ou agent de renseignements. Si vous avez oublié depuis longtemps que vous vous étiez laisser aller à imaginer dans votre enfance que vos parents n’étaient pas vraiment vos parents, mais que vous veniez de la planète « Krypton » comme Superman, vous vous ferez néanmoins éjecter manu militari de la scientologie comme émissaire sournois d’un groupe extérieur malintentionné.
Il est possible de passer au travers de l’électromètre comme au travers des autres détecteurs de mensonges. Pour cela, il faut s’exercer avec une personne qui communique de façon adéquate. Le fonctionnement de l’électromètre est entièrement basé sur la façon de communiquer de l’utilisateur de l’électromètre. Une personne qui n’a pas la qualité de communication requise n’arrive pas à faire fonctionner l’électromètre. Les études qui ont été faites par des scientifiques n’ont jamais tenu compte de cet aspect essentiel de son fonctionnement. Vous pouvez prendre un électromètre et essayer de vous en servir, vous n’obtiendrez aucun résultat, à moins d’avoir une communication naturelle particulièrement brillante, ce qui est rare. Il faut avoir ses « TRs en place » (Training Routines : routines d’entraînement portant sur la présence et sur la communication), comme disent les scientologues, pour que l’électromètre marche. Le point faible, c’est le même que celui des autres détecteurs de mensonge : il ne réagit bien que la première fois. La même question reposée une deuxième fois réagit déjà moins bien ; la troisième, on ne voit plus grand-chose ; et la quatrième, le stress est pratiquement aplani. Pour passer à travers, il faut aplanir encore et encore toutes les questions qui peuvent servir à vous piéger. Il existe aussi des natures qui ne réagissent à rien. Certains criminels peuvent mentir de façon indétectable, même sans entraînement. Par contre, un innocent peut passer pour un menteur alors que c’est son inconscient, son monde onirique ou imaginaire qui réagit.
« Parmi les éléments ayant fait l’objet d’attaques répétées lors des procès scientologiques, l’Electromètre tient une place de choix. Appareil génial ou escroquerie, objet de culte ou détecteur de mensonges, miracle de la technologie hubbardienne ou assemblage de boîtes de conserves, il est l’instrument nécessaire à l’administration d’un certain type d’audition. Avant d’étudier celle-ci, il est bon de décrire l’électromètre. Celui-ci a été introduit en dianétique en 1951 par Volney G. Matthison, peu de temps avant qu’il quitte Ron Hubbard pour créer son propre mouvement : In concept therapy.
DESCRIPTION
Extérieurement il se compose, d’un cadran à aiguille unique, de trois cadrans à cristaux liquides (type horloge digitale), de quatre potentiomètres. Le tout étant relié à deux fils, eux-mêmes reliés par des pinces-crocodiles à un jeu d’électrodes cylindriques présentant l’apparence de boîtes de conserves. Intérieurement après ouverture, il est composé d’un circuit électronique pré-câblé relié aux potentiomètres et cadrans, et qui à l’analyse se révèle être un Pont de Wheastone électronique. En outre, il est muni d’un chargeur sur secteur, permettant de recharger la batterie de piles qui l’alimente. Le tout est présenté sous forme d’un appareil en plastique thermo-formé présentant un « look » années 50. L’ensemble est commercialisé dans une valise de transport.
L’électromètre a fait l’objet de plusieurs expertises en France et aux USA sur demande de la scientologie et a bénéficié de rapports plus que favorables quant à la valeur de l’instrument. Sans préjuger de la compétence en électronique desdits experts il semblerait que ceux-ci ne se soient pas à proprement parler appuyés sur les connaissances les plus récentes de la science en matière d’électronique médicale, (voir expertises jointes) et que leur expertise se soit bornée à une simple étude du matériel, sans que l’utilité dudit matériel soit le moins du monde analysée. En 1980, une société française, la SEREME, commercialisait un appareil de biofeedback (voir plus loin) dont la technologie nous est apparue nettement plus élaborée (analyse conjointe de 8 paramètres physiologiques avec enregistrement et graphiques simultanés) contre un seul pour l’électromètre. Le coût moyen de cet appareil étant identique a celui d’un électromètre.
L’un des potentiomètres permet d’étalonner l’appareil en fonction de la résistance moyenne appliquée aux électrodes. Le second permet d’affiner les mesures. Le troisième est un interrupteur : marche/arrêt/test. Quant au quatrième il change l’échelle d’étalonnage bas/médium/élevé.
Déroulement de la séance
Le sujet (pré-clair) tient une électrode dans chaque main, il possède une résistance donnée qui s’affiche sur le cadran. Cette résistance est fonction de plusieurs paramètres physiologiques ou physiques : surface corporelle en contact avec les électrodes, degré d’humidité des mains, poids corporel de l’individu, pression des mains sur les électrodes. La résistance variant avec ces paramètres, les valeurs affichées vont donc varier durant la séance, oscillant autour d’une valeur moyenne qui correspond à l’étalonnage de départ. Ces variations se font en plus ou moins, selon l’augmentation ou la diminution de la résistance. Elles se traduiront par des mouvements de l’aiguille dite de « tone-arm », indiquant en fait les variations de résistance du corps humain. Cela est bien loin de l’analyse du phénomène donnée par LRH.
L’INTERPRETATION SCIENTOLOGIQUE DE L’ELECTROMETRE
Selon LRH l’humain se compose de trois parties: le thétan, le mental et le corps physique. Le thétan et le mental étant situés hors du corps humain. Le thétan procède d’une forme d’énergie cosmique qui par l’intermédiaire du mental (via le support physique du corps) va s’exprimer. Toute variation de cette énergie supra corporelle va se traduire par une variation de la « charge mentale » et va donc pouvoir être enregistrée ou visualisée : c’est le but de l’électromètre. L’électromètre a donc pour fonction de mettre en évidence les variations de la « charge mentale » qui correspondent à l’évocation des souvenirs douloureux (engrammes) ou à la mise en communication du sujet avec des éléments de la banque mémorielle cosmique (???). Toute variation de l’aiguille correspond donc selon LRH à une variation de la « charge mentale », et est le reflet de la mobilisation d’un « engramme douloureux ». Tout équilibre de l’aiguille est synonyme au contraire d’indifférence à une évocation et de neutralité des souvenirs ou images évoqués. Pour LRH, la charge mentale se nomme Tone Arm. L’état d’équilibre se traduit par une Floating Needle (aiguille flottante) ou F/N. L’évocation d’un « engramme douloureux » entraîne des chutes de 1’aiguille soit, SF (small falls, petites chutes) soit LFBD (long fall blow bown, chute importante et durable) soit par des Tics (pulsations). Pour que la procédure soit valable il faut évidemment que les reads (lectures) soient interprétables et tout résultat probant se traduira par un VGI (Very Good Indicator (très bon indicateur). Muni de l’e-meter et de son principe de fonctionnement l’audition peut donc se dérouler.
L’AUDITION AVEC ELECTROMETRE
Nous avons vu précédemment la fonction de l’audition et son déroulement général. Par rapport à l’audition normale, l’audition avec électromètre apporte un « plus ». Toute évocation d’un « engramme douloureux » se traduit sur le cadran de l’électromètre, selon LRH, par une variation de la charge mentale. Après avoir été stimulé à plusieurs reprises, cet « engramme douloureux » doit devenir indifférent et laisser le pré-clair impavide à son évocation. Cet état se traduit par une « aiguille flottante », signal de la réussite de la stimulation. L’audition est donc dirigée par l’auditeur ou coach qui utilise l’électromètre et applique au pré-clair les « procédés » déjà évoqués plus haut.
L’ELECTROMETRE, LE DETECTEUR DE MENSONGES, LE BIO-FEEDBACK
A plusieurs reprises, l’électromètre a été assimilé à un « détecteur de mensonges », et la scientologie a eu beau jeu de ridiculiser cette assertion. En fait l’amalgame est facile car fondé sur une réalité : le réflexe psychogalvanique. Dès la découverte des signaux physiologiques les services de police et de renseignements ont réfléchi à l’utilisation qui pouvait être faite en utilisant ceux-ci comme reflet d’un équilibre relatif de l’humain, équilibre rompu dès qu’une agression touche le sujet. Partant de ce principe, des travaux ont été menés pour mettre en évidence la relation entre modification du signal électroencéphalographique d’une part, et « mensonge » ou « dissimulation volontaire » d’autre part.
Cependant la pose d’électrodes au niveau du scalp n’étant pas suffisamment rapide, étant soumise à la volonté du sujet, nécessitant un protocole lourd et rigoureux, progressivement le signal électroencéphalographique a été abandonné au profit de l’enregistrement du signal psychogalvanique.
Le réflexe psychogalvanique
Il est acquis qu’une agression, un stress modifient la physiologie humaine. Face à une agression, le cœur accélère, la respiration s’amplifie et l’ensemble des modifications va se traduire par une hausse du cortisol plasmatique, de l’adrénaline et de la noradrénaline. Si l’on enregistre la résistance du corps humain entre deux points particuliers du corps lors d’un stress, cette résistance va chuter. En effet sous l’effet des sécrétions hormonales liées à l’agression, le degré d’hygrométrie de la peau va augmenter par hyper sudation en relation avec les décharges de cortisol et d’adrénaline. En outre la vasodilatation périphérique et l’accélération du rythme cardiaque vont diminuer la résistivité globale du corps humain. Ces variations de l’ordre de l’ohm vont se traduire par une augmentation de l’intensité d’un courant mesuré en deux points du corps humain. Si deux électrodes sont posées sur la peau du sujet (en général une à chaque poignet), un stress va se traduire par une décharge électrique qui a donné lieu à la description du réflexe galvanique. C’est ce réflexe psychogalvanique qui est la base des « détecteurs de mensonge » employés dans les années 50 à 60. Cependant peu à peu ce réflexe psychogalvanique et ses applications policières, est tombé en désuétude en raison de son manque de fiabilité (facteurs extérieurs, apprentissage du sujet, variabilité des réponses), il est aujourd’hui quasiment abandonné et ne représente qu’un élément anecdotique de certaines grilles de sélection. Cette analogie est actuellement niée par la scientologie, elle accuse les psychiatres de collaborer avec la police et les services secrets dans la torture mentale des individus. Cependant cela n’a pas toujours été le cas puisque Ron Hubbard affirmait lui-même : « Bien que l’accent principal de ce texte soit mis sur l’usage de l’électromètre, instrument spécialement étudié pour l’usage de la dianétique […] les données qu’il contient sont également applicables à tout détecteur de mensonges tels que la Police et les laboratoires de Psychologie l’utilisent. La mesure de la pensée avec un appareil de mesure n’est pas nouvelle. C’est la compréhension et la manière de mesurer qui sont nouvelles. » Cependant ce réflexe psychogalvanique a formé le lit de la rétroaction biologique ou biofeedback.
Le biofeedback
La rétroaction biologique ou biofeedback, désigne l’ensemble des techniques permettant d’enregistrer un phénomène physiologique, de l’amplifier et de le transformer en un signal visuel ou sonore perceptible par le sujet. Le sujet devient alors conscient des modifications de son fonctionnement physiologique involontaire et apprend à le contrôler progressivement. Dans un premier temps le sujet apprend à contrôler les phénomènes physiologiques auparavant inconscients devenus apparents par l’amplification; dans un deuxième temps l’appareillage tend à se substituer au contrôle volontaire, et la seule apparition d’un signal « anormal » entraîne par voie réflexe (feedback) une régulation du phénomène physiologique en cause. Cette technique s’applique à l’ensemble des fonctions physiologiques : vasodilatation, température cutanée, rythme cardiaque, fonction rénale, ondes cérébrales, tension artérielle, tonus musculaire, spasmes gastriques, sphincters.
Utilisée en psychothérapie dans nombre de symptômes psychosomatiques cette technique a été utilisée pour faciliter les états de relaxation et l’apparition des ondes cérébrales alpha, témoins classiques des états de relaxation nuancée, cependant cette application sur laquelle nous avons personnellement travaillé pendant plusieurs années est très contestée. Une part de cette technique a été représentée par le G.S.R. feedback, qui consiste à enregistrer la conductance cutanée qui est fonction de la sudation, et permettant ainsi de contrôler les réactions émotionnelles et d’approfondir la relaxation. Actuellement le biofeedback conserve des applications dans les rééducations sphinctériennes.
COMPARAISON DE L’E-METER, DU RPG ET DU GSR-FEEDBACK
Si l’on examine l’utilisation de l’Electromètre on constate que celui-ci joue un rôle très proche des appareils utilisés dans le cadre du RPG (réflexe psychogalvanique) ou du GSR feedback. L’appareillage utilisé en RPG est quasi superposable à celui utilisé en audition, mais on a vu que cette technique était peu fiable et aujourd’hui quasi abandonnée. L’appareillage utilisé en bio-feedback est nettement plus sophistiqué et fait appel à des enregistreurs de haute précision ce que n’est pas l’électromètre. En outre la mise de l’appareillage sous contrôle d’un auditeur enlève le caractère réflexe du bio-feedback sans lequel celui-ci n’a plus d’intérêt.
ANALYSE CRITIQUE
Malgré les dénégations de la scientologie, l’appareillage représenté par l’e-meter est totalement superposable à celui utilisé comme « détecteur de mensonges » et basé sur le principe du RPG. Cet appareil qui pourrait être utilisé comme aide à l’apprentissage de la relaxation est totalement inutilisable dans le cadre qui est le sien. Par ailleurs son utilisation sous contrôle d’un auditeur renforce le caractère contraignant de la technique d’auditing, dans ses éléments inspirés du behaviourisme.
La base expérimentale de ces techniques : le behaviourisme
Depuis Skinner, il a été démontré expérimentalement que le comportement animal ou humain était régi par des contingences dites de « renforcement ». Placé dans un environnement donné, un sujet va émettre des informations qui vont agir sur le milieu, entraînant une réponse du milieu. Si les informations sont en cohérence avec le milieu, celui-ci tendra à donner des réponses qui renforceront le comportement initial (renforcement positif), si elles sont en opposition avec le milieu les réponses viseront à les réduire (aversion) à les supprimer (extinction), dès lors le sujet tendra à éviter les réponses du milieu (renforcement négatif).
Si le behaviourisme explique le comportement humain face à une information venue du milieu, il a permis de mettre au point les pratiques psychothérapiques de conditionnement ou thérapies comportementales (ex-: thérapie d’aversion en matière d’éthylisme), mais il permet aussi la mise au point de programme de conditionnement ou de déconditionnement utilisé dans les différentes armées du globe, en particulier dans les corps d’élite (marines, commandos). On voit immédiatement quelle peut en être l’utilisation par une secte, et quelle peut être sa place dans le programme hubbardien.
Si les chocs électriques n’accompagnent pas la réponse du système au « mauvais comportement » comme cela a été envisagé dans les thérapies aversives, utilisé dans les camps de « redressement politique » ou illustré dans « Orange Mécanique » de Anthony Burgess, la réponse par l’auditeur contient un message répressif potentiel. Le préclair doit progresser sur le « pont » et ses réponses doivent être conformes à celles requises par la scientologie dans son projet mondial. Toute réponse qui se traduit par une chute de « tone arm » est vécue comme porteuse de trouble pour le système. Le préclair doit donc accorder ses réponses le plus rapidement possible à ce que désire la secte, il trouve donc des conduites d’évitement qui le contraignent à un fonctionnement où sa liberté et son libre arbitre sont relégués au second plan.
En résumé : l’électromètre agit donc comme une thérapie de conditionnement répressive et est loin de la quête de liberté qui a servi à appâter le sujet pour l’amener à ces techniques. L’électromètre peut être utilisé sans l’aide d’un auditeur, cet usage appelle toutes les remarques précédentes. Mais de plus il apparaît paradoxal qu’un sujet utilise un appareil dont le but est de « lui révéler la vérité de ses pensées » et que conjointement il puisse étalonner lui-même cet appareil pour le rendre moins sensible aux réponses pathologiques ou pour lui donner un niveau zéro qu’il pourra indéfiniment remettre en question dès que les résultats présagés ne seront pas conformes à ses désirs.
L’ELECTROMETRE – OBJET CULTUEL
Devant faire face à des attaques sur la valeur technique de l’électromètre, la scientologie en a fait un objet de culte. « L’Electromètre Hubbard destiné au conseil pastoral, est un instrument qu’on utilise parfois dans la technologie de guérison spirituelle de dianétique et la philosophie religieuse appliquée en scientologie. En soi l’électromètre n’accomplit rien. Il n’a ni pour but ni pour effet de diagnostiquer, de traiter ou de prévenir aucune maladie, ni d’améliorer la santé ou n’importe quelle fonction corporelle » (page de garde du Cours Hubbard sur l’électromètre. lang=EN-GB style='font-size:14.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;mso-ansi-language:EN-GB'>New Era Editions).
Nous ne développerons pas cet aspect, loin de nos compétences, nous soulignerons seulement le caractère incongru de cette interprétation en remarquant qu’il semble curieux qu’une « église » donne une garantie de six mois à un objet cultuel dont l’utilisation est à mettre en regard du contrat d’un milliard d’années signé par les membres de la Sea Org.
EN CONCLUSION
Nous ferons nôtres les conclusions de la Cour d’Appel de Paris dans son jugement du 29 février 1980, estimant que la scientologie « emploie dans des conditions non conformes à l’usage scientifique, un appareil dit électromètre, utilisant le phénomène connu depuis longtemps en psychophysiologie sous le nom de réaction électrodermale, ou réflexe psychogalvanique […] Cet appareil confère un prestige scientifique de nature à faire impression sur les nouveaux adeptes, alors que son emploi dans une perspective psychothérapique ne s’accompagne pas des contrôles et enregistrements indispensables pour l’interprétation extrêmement délicate de ces phénomènes ». Nous émettrons néanmoins une réserve quant à ce jugement, les lignes qui précèdent ont été écrites en 1980, à cette époque pourtant récente, le réflexe psychogalvanique avait quelque crédit chez les physiologistes, aujourd’hui il semble bien qu’il ne soit plus défendu que dans des milieux crédules ou mal informés » (Secte scientologie : expertise judiciaire du docteur expert psychiatre Jean-Marie Abgrall).
J’ai dit précédemment que je souhaiterais voir l’apparition d’une science sur les rapports de domination (directe, indirecte ou autres notions à découvrir) des êtres entre eux. Une autre science me semblerait également digne d’être développée. Il s’agirait d’étudier de près ce qui est connu et ce qui est inconnu dans chacune des sciences. L’intérêt en serait de nous permettre de relativiser plus clairement nos connaissances. Par exemple : lorsque nous lâchons un objet et qu’il tombe, pensez-vous que la science actuelle sache pourquoi cet objet se dirige vers le sol ? Cela paraît pourtant évident que l’on doit forcément savoir pourquoi ; depuis le temps qu’on se prend toute sorte de choses sur les pieds ! Eh bien ! non. La science d’aujourd’hui est encore incapable d’expliquer pourquoi. Elle appelle cela « la force de gravité », ce qui est descriptif mais pas explicatif. On ne sait toujours pas ce qui se passe pour qu’un objet tombe. On sait qu’il tombe, c’est tout. On se sait toujours pas ce qui fait que la matière attire apparemment la matière (comment ? avec quels petit bras ?). C’est-à-dire qu’on n’en sait pas plus sur ce point précis qu’il y a vingt mille ans. Je ne parle même pas des non-sciences comme l’astrologie, la chiromancie et autres arts divinatoires où, là, on ne sait vraiment rien du tout. Je parle des vraies sciences où il y a des choses que l’on sait et d’autres que l’on ne sait pas. On considère qu’une chose est scientifiquement connue à partir du moment où l’on peut l’expliquer et qu’aucun fait contraire ne dément cette explication. La science est prudente, toutes ses connaissances ne sont valables que jusqu’à preuve du contraire, jusqu’à ce qu’un fait nouveau vienne les démentir. Ce sont ces démentis qui la font progresser.
Je ne suis pas satisfait de l’analyse de l’électromètre du Dr Abgrall à cause d’un fait qui n’a pas été étudié, et qui ne colle pas avec ses explications. Il s’agit du phénomène du « Tone Arm Flottant » (Floating Tone Arm ou F/TA). Qu’est-ce que le tone arm flottant ? C’est lorsque l’aiguille est tellement libre, qu’elle sort régulièrement et alternativement tantôt à gauche, tantôt à droite de l’écran ; et que même avec la plus basse sensibilité, il est nécessaire de bouger le tone arm (le faire « flotter » manuellement) en sens contraire du déplacement de l’aiguille pour arriver à la maintenir, plutôt mal que bien, sur l’écran. Si l’aiguille flottante est révélatrice d’un léger état de béatitude, le tone arm flottant est révélateur d’un état extatique. Je ne vois pas comment la sudation, le cœur, la respiration, le cortisol plasmatique, l’adrénatique et la noradrénaline pourrait expliquer cet étrange et si spectaculaire comportement de l’aiguille de l’électromètre.
Doit-on croire pour autant que l’explication scientologique du thétan cosmique est la seule valable ? Je ne crois pas. Ce que je crois, c’est qu’on ne sait pas. Excusez-moi ! Ce n’est pas terrible mais c’est un bon début pour une analyse scientifique. Avoir comparé l’électromètre avec d’autres appareils me semble insuffisant et susceptible d’induire en erreur. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi le cerveau et le système nerveux sont-ils si peu impliqués dans les causes potentielles ? C’est pourtant eux qui me paraissent les mieux à même de réagir à la vitesse constatée. Parce que l’aiguille de l’électromètre réagit non seulement bien différemment mais aussi de façon beaucoup plus instantanée que celle du détecteur de mensonge. Alors la sudation, la respiration, les battements du cœur, la transmission par un liquide plasmatique ou par la production d’hormones, c’est évidemment beaucoup trop lent par rapport à ce qui se passe sur le cadran d’un électromètre ! Je ne suis pas docteur, je ne fais que de l’automédication comme tout le monde, mais je crois qu’il vaudrait la peine de chercher du côté du cerveau et des nerfs, si je peux me permettre. (Non merci, je suis pressé. Vous me paierez la prochaine fois !)
« Mon père a obtenu les droits d’usage de l’électromètre auprès de Volney Mathison en 1952 de la même façon que tout ce qu’il obtenait : par escroquerie et coercition. Mon père a appris l’existence de l’électromètre par Mathison qui l’avait imaginé, et lui a frauduleusement pris les droits afin de pouvoir s’en servir dans l’audition scientologique » (Affidavit de Ronald De Wolfe, né L. Ron Hubbard junior).
« L’Electromètre est en réalité une sorte de détecteur de mensonge, basée sur la mesure de la résistance électrique du corps humain, avec deux électrodes en forme de boîtier, que l’audité tient dans ses mains » (Jon Atack, Le piège de la liberté totale).
« L. Ron Hubbard écrivit La Dianétique en 1950; il avait un passé de magie noire sataniste pratiqué dans l’OTS d’Aleister Crowley et d’hypnotiseur ; il emprunta à Freud et à Alfred Korzybski ainsi qu’à la thérapie de régression. […] But primordial de cette tech éthique : obtenir une confession de la personne, portant sur tout crime ou mauvaise action qu’elle aurait commis ou cru commettre envers l’organisation, ou que l’organisation dit qu’elle aurait commis. Ces actes sont appelés « overts », et l’on demande à la personne de les écrire ou de les confesser lors d’un interrogatoire appelé « sec check » ou « vérification de sécurité ». Ces méthodes font partie de la tech licenciée par WISE […] On a vu des gens perdre la raison lors de ces « maniements d’éthique » [note du traducteur (Roger Gonnet) : un tel maniement a fait monter ma température à 41.2 en une journée, mon record absolu, sans maladie apparente, et j’ai en effet frôlé la folie] ( plainte civile déposée aux Etats-Unis à la suite du décès de Mlle Lisa McPherson, 36 ans).
« Ce souci d’aider l’humanité collait mal avec la multiplication des contrôles de sécurité, à l’aide d’un questionnaire mieux adapté au dépistage d’obsédés sexuels et de criminels que d’éventuels dissidents. On y retrouvait bon nombre des obsessions cinglées de Hubbard : « As-tu déjà eu des rapports sexuels avec un membre de ta famille », « As-tu déjà assassiné quelqu’un » (sic) ou encore : « As-tu déjà acheté illégalement des diamants ? » (re-sic) ! Hubbard exigeait aussi de savoir si l’individu contrôlé avait jamais eu des « pensées critiques » envers lui-même ou Mary Sue. Sur son ordre, les rapports des contrôles étaient centralisés à Saint Hill et inclus dans le dossier individuel de chaque scientologue, dont Hubbard connaissait ainsi les pensées les plus secrètes (Russell Miller, Le gourou démasqué).
« Je suis d’ailleurs régulièrement forcé de dévoiler toutes mes pensées, même les plus intimes, à un « confesseur ». S’il s’aperçoit de la moindre faute, ne serait-ce que dans la manière de penser, il m’envoie dans la plupart des cas chez une personne responsable pour me faire effectuer des punitions et m’endoctriner ensuite quant à la manière « idéale » de penser et d’agir au sein de l’organisation. Un vrai lavage de cerveau ! » (La vie quotidienne dans la Sea Org, BULLES du 3e trimestre 1984).
« D’abord, il fallait écrire toutes nos mauvaises actions (overts) de cette vie ci et des précédentes. Ensuite, on nous mettait devant un auditeur à l’électromètre. Deux missionnaires flanquaient l’auditeur (Mike Sutter et Isabella Ferrer). L’auditeur, lisait l’overt, le vérifiait sur l’électromètre et les missionnaires commençaient à vous hurler dessus. Cela s’appelle Gang-Bang sec-checking. « Ce n’est pas ce que tu as fait, tu as d’énormes overts, tu es la personne la plus horrible sur terre, on veut tes vrais overts… » Les hurlements pouvaient durer une heure ou plus jusqu’à ce nous reconnaissions que nous étions vraiment des mauvais et des méchants. Beaucoup ne pouvaient pas le supporter. Une nuit, un italien commença à pleurer et admit être mauvais et se mit à remercier le missionnaire qui lui avait révélé la vérité à son sujet. Il tomba sur ses genoux et rampa vers le missionnaire Mike Sutter et lui embrassa les chaussures. Mike le regarda dédaigneusement et lui dit : « Tu es déclaré personne supressive, fous-moi le camp d’ici ». L’italien n’avait pas d’argent et ne savait vraiment pas comment rentrer dans son pays. J’ai su plus tard qu’il a trouvé dans le port un cargo qui l’a ramené gratuitement en Italie. Je me rappelle d’une jeune femme belge qui reçut le même traitement. Elle commit l’imprudence de leur faire cette confidence : celle d’avoir finalement compris qu’elle avait négligé son mari et ses enfants à cause de la Scientologie. Elle essaya de s’échapper mais échoua. La semaine suivante elle ne parla avec personne, elle traînait dans la cour en riant toute seule de manière hystérique. On m’a dit qu’elle devint folle, ensuite elle n’était plus là… Je ne sais pas ce qui lui est arrivé, mais je pense souvent à elle » (My story about Scientology, Birgitta Dagnell, suédoise, ex-membre de l’OSA).
« Cela est réalisé avec le fameux contrôle de sécurité, ou « sec check », lui-même composé d’une série de questions conçues pour découvrir ses crimes. Cette procédure, comme toute les auditions scientologiques, est effectuée avec l’aide de l’Electromètre, ou e-meter, un appareil qui mesure la résistance électrique d’un PC tenant deux électrodes dans ses mains, l’appareil étant censé révéler ce qui se passe dans la tête du patient, un peu comme un détecteur de mensonges. Par exemple, cette question peut être posée: « N’as-tu jamais volé quelque chose à notre organisation ? » et l’aiguille de l’e-meter bouge. C’est censé indiquer que quelque chose dans la pensée de la personne est en rapport avec cette question. La personne répond, par exemple: « Un jour, j’ai volé un crayon ». La même question est ensuite répétée et si l’aiguille réagit à nouveau, il lui est demandé d’en dire plus encore. La question est répétée jusqu’à ce que ce soit « propre », en d’autres termes jusqu’à ce que l’aiguille ne bouge plus. En audition normale, l’auditeur doit respecter le code d’Ethique, qui indique que l’auditeur ne doit pas juger son PC, l’invalider, ou se fâcher contre lui au cours d’une séance. Le code indique aussi que l’auditeur ne doit jamais révéler ce que dit un patient pendant la séance. Ce code n’est pas respecté dans le cas d’un « sec-check », car l’auditeur est amené à faire le maximum pour obtenir des informations. Quiconque veut quitter la Scientologie et exprime un tel désir est soumis à des heures, voire à des jours et des semaines de « sec-check » pour débusquer les crimes qu’il aurait commis contre la Scientologie. Des récentes affaires juridiques ont mis en évidence le fait que les informations révélées aux cours de ces « sec-check », et même au cours des auditions normales, ont été utilisées contre les adeptes qui exprimaient leur envie de quitter la Scientologie, et contre des ex-scientologues qui tentaient de dévoiler les méfaits de la secte. Les informations soigneusement archivées pour chaque PC peuvent être utilisées pour faire de la propagande noire contre eux. Quand j’étais auditrice, je n’avais pas conscience de cela. Je croyais que les informations révélées par mon patient, et que je notais dans son dossier, restaient strictement confidentielles. En tant qu’auditrice, j’employais ces techniques de blocage de la pensée sur bon nombre de mes PCs. S’il leur arrivait d’exprimer une pensée négative envers la Scientologie, je devais immédiatement lui demander : « Qu’avez-vous fait ? » (Monica Pignotti, Mes neuf vies dans la scientologie).
« Il occupait ses fonctions depuis une semaine quand Hubbard s’était plaint de se sentir mal et Dincalci avait été scandalisé qu’on fasse appel à un médecin. Celui-ci avait prescrit des antibiotiques et des analgésiques que Dincalci, persuadé que LRH n’en aurait pas besoin, ne s’était pas donné la peine de se procurer : « Je croyais qu’un Thétan Opérant de son niveau maîtrisait parfaitement son corps et dominait ses douleurs ». Mais quand Ron a su que je ne lui avais pas rapporté les analgésiques, il a piqué une crise de rage et m’a agoni d’injures. Craignant de commettre une nouvelle erreur, Dincalci consulta Otto Roos, l’un des « techniciens » les plus élevés en grade, sur la maladie du Commodore. Roos estima que le problème pouvait provenir d’un incident passé n’ayant pas été convenablement audité et que la seule manière de s’en assurer consistait à éplucher les transcriptions des séances d’auditing de Ron. Hubbard ayant chaleureusement approuvé la décision, Roos fit venir de Saint Hill et de toutes les Orgs des Etats-Unis où Hubbard avait été audité des centaines de dossiers, dont certains remontaient à 1948, qu’il entreprit d’étudier avec soin. Il fut alors extrêmement troublé d’y découvrir un nombre important de « discrédits » (actes discréditant la personne, qu’elle tente de cacher, aussi nommés « retenues manquées » ou « retenues » ou « overts » selon les cas), c’est-à-dire de passages où l’électromètre indiquait que Hubbard avait quelque chose à cacher. Roos était toujours plongé dans ses lectures à la fin mars quand une Messagère vint lui dire que le Commodore voulait voir ses transcriptions. Roos refusa avec la dernière énergie : selon une des règles les plus inviolables de la Scientologie, nul n’avait sous aucun prétexte le droit de prendre connaissance de son propre dossier. Cinq minutes plus tard, deux costauds firent irruption dans sa cabine et s’emparèrent des classeurs. Convoqué peu après chez Hubbard, Roos ne put que constater sa guérison miraculeuse : à peine le Hollandais eut-il franchi la porte que le Commodore se rua sur lui et le bourra de coups de poing et de coups de pied en hurlant un chapelet d’insultes incompréhensibles.
« Assise derrière le bureau, Mary Sue observait la scène en silence. Sa crise un peu calmée, Hubbard se tourna vers elle et lui demanda si, en tant qu’auditeur, elle avait jamais remarqué qu’il eut des « discrédits ». « Non, jamais », répondit-elle le plus sérieusement du monde. Roos, qui voyait les dossiers ouverts sur les passages compromettants, jugea prudent de ne rien dire. Hubbard lui assena alors une longue mercuriale, l’accusa d’avoir clabaudé partout sur son compte pour le ridiculiser et, malgré ses dénégations, le condamna aux arrêts de rigueur dans sa cabine. Au cours des heures suivantes, Mary Sue vint le voir à plusieurs reprises en s’efforçant de le convaincre que ces « discrédits » étaient dus à des techniques démodées ou mal interprétées. Quant à Diana, elle se contenta d’apparaître sur le pas de la porte et de lui hurler : « Je te hais ! » Pendant ce mélodrame, l’Apollo était à Tanger. Mary Sue y surveillait l’aménagement d’une confortable maison, la villa Laura, où les Hubbard comptaient résider tandis que le navire subirait à Lisbonne un indispensable passage en cale sèche » (Russell Miller, Le gourou démasqué).
« Le RPF fut créé en 1974 par LRH (fondateur de la Scientologie-Dianétique, initiales LRH pour Lafayette Ronald Hubbard) pour les gens qui avaient des « problèmes d’éthique » n’ayant pas été maniés (éthique est à prendre ici dans le sens de discipline par rapport au groupe scientologue) tout autant que pour ceux qui avaient eu des « Rockslams » [supposés criminels malfaisants] » (Déclaration d’Annie Rosenblum du 04/02/1997).
Vous imaginez la terreur dans laquelle se trouve la personne auditée d’avoir un jour ce fameux « rockslam » à l’électromètre (mouvement agité et désordonné de l’aiguille) !
L’électromètre détruit les barrières entre l’inconscient, l’onirique, l’imaginaire et le réel. Son utilisation est un acte de torture gravissime qui laisse des séquelles mentales majeures et irréversibles.
Immortalité, jugement final et « projet domination »
« Nous avons trouvé les moyens de transformer les hommes en esclaves » ( L. Ron Hubbard, Conférences de Philadelphie, lecture 20, 1952).
« Le Commodore Hubbard est mort en 1986 après avoir vécu cloîtré ses six dernières années; il a heureusement annoncé dans un document confidentiel aux membres de niveau OT VIII qu’il se réincarnera en leader politique » (Pourquoi craindre la Scientologie, Philippe Allard).
« Je ressentais en lui des choses que je croyais dangereuses. Dominé par son magnétisme, j’avais toutefois dit à ma compagne de chambrée que si jamais j’avais à l’épouser, il faudrait qu’elle me ligote et m’emprisonne à la maison… J’étais subjuguée : j’étais là, en face de l’homme le plus puissant du cosmos : ce n’était pas seulement une superstar, c’était Dieu que je rencontrais, avec tous ses signes […] Plus étonnante encore fut l’existence de Ron Hubbard: c’est celle d’un écrivain de science-fiction s’autoproclamant Messie […] Ron Hubbard vint au Club et réussit à hypnotiser tous les gars, moi excepté. Je tenais à rester présent et à observer. Je me souviens que ce fut fascinant: il avait dit à un type qu’il était un kangourou posé dans ses mains, et le type sautillait comme un kangourou dans la pièce. […] Cela ouvrait un nouveau monde, où tous les êtres seraient parfaits […] Je croyais que ça me donnerait un contrôle total sur ma propre existence. Ça l’air ridicule, non? mais dit comme ça… C’est en fait ce que disait Hubbard. Il disait que tout le monde pouvait devenir dieu, rien qu’en se servant de la scientologie (ou de la dianétique, à cette époque). Et qu’on était tous en quelque sorte des Dieux déchus […] HANA ELTRINGHAM – Député de Hubbard en Mer : Je crois que pour lui, il n’y a que l’argent qui ait compté. Ce n’est pas qu’il s’y intéressait tant pour lui – il avait ses joujoux, ses voitures, ses motos, ses livres, sa bouffe de luxe et des choses de ce genre, et finalement ses villas et ses terres, etc. – mais il voulait surtout de l’argent pour le pouvoir […] Cyril Vosper : « Il a probablement toujours su qu’il opérait en charlatan. Il a dû savoir que tout ce qu’il faisait n’était que foutaise. Mais je crois qu’en fin de compte, quand il s’aperçut que tous ces milliers de gens l’adoraient, il a commencé à fléchir. Je crois que s’il n’a pas cru qu’il était vraiment Dieu, il s’en est en tous cas senti très proche » (Vies secrètes – L. Ron Hubbard – Télévision : Channel 4, ANGLETERRE, MERCREDI 19 novembre 1997, 21 heures).
« Le but de la Sea Org était de « clarifier la planète », en d’autres termes faire de la Terre une planète scientologue. Après qu’elle ait été clarifiée, nous repartirions vers le cosmos, dans des vies futures, et répandrions la Scientologie à travers toute la galaxie… […] Hubbard croyait que l’univers physique était dans sa totalité une création des Thétans; et la réalité, ce sur quoi un groupe de Thétans était d’accord » (Monica Pignotti, Mes neuf vies dans la scientologie).
« Selon ses fidèles « L. Ron Hubbard est non seulement la réincarnation de Bouddha, mais aussi de Maitreya, qui illumina le monde d’après une légende bouddhiste » […] En 1945, Hubbard s’associe avec un certain Aleister Crowley, le dirigeant d’une secte satanique. Crowley se fait appeler « La bête 666 », servant de l’Antéchrist, et préconise d’étranges pratiques sexuelles et l’utilisation de drogues à accoutumance. Grâce à lui, Ron Hubbard rencontre John Parsons, alias Jack, un chimiste et un des premiers membres du laboratoire de Jet Propulsion en Californie, mais dont la magie constitue sa passion nocturne. Hubbard et Parsons se mettent à pratiquer des rituels sexuels sur Sara Elizabeth Northup, alias Betty; voulant devenir la mère de « Babalon », l’incarnation du mal […] Hubbard continue de pratiquer des rituels de magie noire et se lance dans des exercices d’autohypnose, avec des affirmations suggestives du genre « tous les hommes sont mes esclaves » […] Son usage de la drogue s’est prolongé durant toute sa carrière dans la Scientologie, alors qu’il avait créé des centres de désintoxication « Narconon », organisation écran de la secte. La Dianétique prétend triompher des tendances compulsives. Pourtant Ron Hubbard n’a jamais pu s’affranchir du tabac […] Il reconnaîtra plus tard son admiration pour Aleister Crowley, son « véritable ami », dont les idées sur la « magie noire » ont beaucoup inspiré les fondements de la Scientologie, constitués d’un amalgame avec la science-fiction. Avec la Scientologie, Hubbard affirme que nous sommes tous des êtres appelés « thétans », qui existent depuis des milliards d’années, et se réincarnent. Selon lui, grâce à l’utilisation de ses nouvelles techniques, n’importe qui peut acquérir des pouvoirs surnaturels. En 40 ans, aucune étude sérieuse n’a permis de mettre en évidence ces prétendues aptitudes […]
« Les niveaux top-secrets
« En 1952, Hubbard prétend que toute personne ayant terminé les auditions scientologiques et de l’endoctrinement aurait le « pouvoir de guérir des maladies et autres aberrations ». Les Scientologues consacrent des centaines, voire des milliers d’heures à la poursuite de cet objectif illusoire d’acquisition de capacités surnaturelles. A la fin des années soixante, Ron Hubbard commence à publier les niveaux de « Thêtan Opérant ». Un thêtan opérant est un individu supposé capable d’« opérer » sans avoir besoin d’un corps. Ron Hubbard justifie les prix exorbitants de ces niveaux d’OT par des déclarations mielleuses. Les niveaux d’OT sont tenus secrets par l’Eglise de Scientologie; mais une bonne partie de leur contenu est déjà portée à la connaissance du public, en particulier grâce à l’internet.
« Le premier niveau d’OT, au prix de 2 200 dollars en 1992, comprend une série d’exercices tels que marcher dans la rue en comptant le nombre de passants, jusqu’à atteindre l’état d’euphorie et avoir une sorte de « réalisation ».
« Au second niveau, d’un montant de 4 200 dollars, le « pré-OT » doit jongler avec des listes interminables de phrases et leurs contraires (par exemple « je dois exister » et « je ne dois pas exister »); en s’imaginant, à chaque phrase, en train d’apercevoir une lumière ou de subir un choc. Chaque pré-OT doit endurer 600 heures de ce rituel abrutissant.
« Pour OT3, le pré-OT verse une « donation minimale » de 7 200 dollars pour « traverser le mur du feu ». A ce niveau, il lui est révélé cette histoire délirante :
« Le chef de la Confédération galactique (76 planètes autour de grosses étoiles visibles de la Terre), fondée il y a 75 millions d’années, a solutionné le problème de la surpopulation (environ 250 milliards d’habitants par planète) en pratiquant des implants en masse et des déportations. Il a fait transporter les thétans sur la Terre et placer une bombe H dans les principaux volcans (incident 2). Les Thétans de la zone du Pacifique ont été envoyés à Hawaï, et ceux de la zone Atlantique à Las Palmas. Il s’appelait Xénu et employait des renégats pour cette tâche. Lorsqu’il eut achevé son crime, les Officiers loyaux, restés fidèles au peuple, réussirent à le capturer après 6 années de lutte dans une montagne où il se trouve aujourd’hui. Quant à « eux », ils ont disparu. La durée et la brutalité de l’incident ont été telles que cette confédération n’a jamais pu s’en débarrasser, et l’endroit où elle se trouvait est devenu un désert. L’implant est conçu de manière à « tuer » quiconque tenterait de le réduire. Mais la technologie que j’ai [Ron Hubbard] mise au point permet de résoudre ce problème. Je savais que quelqu’un devait « faire » le saut et, en 1967, c’est moi qui l’ai fait. J’en suis sorti terriblement secoué, mais vivant; et je suis probablement le seul au cours des 75 millions d’années à l’avoir réussi. Je possède TOUTES les données maintenant que je vous livre ici. Approcher librement l’implant sans préparation ni protection mène à la mort, sauf si on décide de suivre à la lettre le procédé que j’ai défini avec précision. Une « approche libre » n’a pas de fin, détruit le sommeil, et entraîne finalement la mort. Par conséquent soyez prudent, et parcourez l’incident 2 et 1 uniquement comme je l’ai indiqué […] Votre masse est une masse de thétans individuels collés à vous en tant que thétan menant le jeu, et à votre corps. Il vous faut débarrasser de tous ces thétans en parcourant d’abord l’incident 2, puis l’incident 1. C’est un long travail qui requiert du soin, de la patience et une bonne audition. Vous auditez des êtres. Ils réagissent comme n’importe quel pré-clairs. Les thétans croyaient qu’ils étaient UN. C’est l’erreur fondamentale. BONNE CHANCE ! »
Selon Ron Hubbard, toutes les cultures et religions ont ensuite dérivé de ces implants hypnotiques. Il affirme que « le Christ n’était qu’une illusion implantée il y a environ de 2000 ans ». Après l’implantation, les thêtans ont été implantés dans des clusters, et d’après OT3, « tout être vivant est une masse de ces clusters ».
« Les niveaux de OT4 à 7 traitent entièrement de ces clusters et des corps qui enferment les thêtans. D’après les Scientologues, « toute personne non initiée qui découvre ces documents risque de tomber malade et de mourir en quelques jours ».
« Dans OT7, un des exercices consiste à « entrer en communication avec des arbres et des plantes… »
« Le plus haut niveau disponible est OT8. Publié après la mort de Ron Hubbard, il est entouré d’un voile de mystère. OT8 n’est accessible qu’à bord de l’un des navires de la secte, le Freewinds, après une intensive « vérification de sécurité » pour s’assurer de la loyauté inconditionnelle à Hubbard et ses enseignements. Un ex-membre révèle que ce niveau traite des rapports de l’individu avec le divin. Au lieu de s’adresser à la divinité au moyen de prières, il est demandé au scientologue de se remémorer les moments de ses précédentes incarnations où il a rencontré Dieu. L’individu doit ensuite se souvenir des problèmes qui ont été résolus en croyant en Dieu (la « confusion originelle qui a rendu l’individu vulnérable à la croyance »). De cette façon, la croyance en Dieu est ébranlée. Dans OT8, le scientologue est supposé avoir d’autres existences dans des univers parallèles, et il lui est demandé de se déconnecter de ces milieux parallèles. Finalement, le scientologue doit reparcourir le moment de sa propre création, et découvrir les aspects oubliés de son propre moi. Ces exercices sont censés le mener à la réalisation de Dieu […]
« Selon Hubbard, la Scientologie n’est ni confessionnelle ni incompatible avec les autres religions. Cette affirmation est grotesque. Dans OT3, Hubbard affirme que le Christ n’est qu’une fabrication, une suggestion hypnotique implantée. Le niveau OT8, incohérent avec OT3, « révélerait » que le Christ fréquentait de jeunes garçons. Le désaxé Ron Hubbard y est allé d’une interprétation malhonnête de ce passage des Evangiles : « laisser venir à moi les petits enfants ». Son passé luciférien avec Aleister Crowley n’y est pas étranger. Voici un extrait de OT8 Series I (HCO Bulletin of 5 May 1980) : « A ceux qui pensent que j’ai marché sur les pieds du christianisme, permettez-moi de vous dessiller les yeux sur un de ses mythes favoris. Par exemple, l’histoire de Jésus est loin de correspondre à la sainte image qu’il se donnait. Non seulement il avait des relations sexuelles avec des jeunes garçons et des hommes, mais en plus il se laissait aller à des accès de fureur et de haine non contrôlable, incompatibles avec son appel à l’amour des uns et des autres. » Le Yoga, et par conséquent l’hindouisme sont considérés comme un « piège ». Au cours d’une interview, Hubbard a révélé le titre de son livre préféré, Douze contre Dieu, où l’auteur William Bolitho qualifie Mahomet de psychopathe. Naturellement, la doctrine de la réincarnation, qui constitue la base de la Scientologie, est inacceptable dans le judaïsme, l’islam ou le christianisme. Hubbard prétend que la Scientologie est le « Bouddhisme du vingtième siècle ». Pourtant la doctrine fondamentale de « anatta » ou « absence d’âme immortelle » est complètement ignorée dans la Scientologie, qui croit en un être éternel appelé « Thétan ». En outre, Hubbard dénigre indirectement le bouddhisme à travers cette déclaration : « Aucune civilisation dans l’histoire du monde, exceptées celles qui sont complètement dépravées et éteintes, n’a rejeté l’existence d’un Etre Suprême ». La Scientologie contredit les enseignements de toutes les grandes religions en présentant la santé infaillible comme une vertu et le résultat d’une grande force spirituelle. Hubbard divise « la lutte pour la survie » en huit « dynamiques ». Ces dynamiques sont l’individu, la famille et le sexe, les groupes, l’humanité, les formes de vie, la matière, l’esprit, l’Etre Suprême. Hubbard prétend que pour prendre une décision censée, il suffit de déterminer son effet sur les « dynamiques », et de choisir la solution qui vise le plus grand nombre d’entre elles. La huitième dynamique, ou Dieu, est inaccessible. Dans cette optique, il est toujours possible de prendre une décision car elle privilégie les sept premières dynamiques. Cette pratique est inconcevable dans toutes les autres religions de croyance en un seul dieu […] » (Jon Atack, Le piège de la liberté totale).