Cinquième partie
M. Michel ROMAIN |
Lætitia |
23, rue du Jour
91230 Yerres
Tél. 06.84.52.24.07
Mon amour chéri et adoré,
Nuit de vendredi 08/05 à samedi 09/05/98, 1 h 15 du matin.
Je suis passé tout à l’heure rue Blondel, j’avais tellement besoin de te voir, toute cette semaine sans toi, c’était vraiment trop dur. J’ai attendu de 23 h à 23 h 30. Ensuite je suis parti car j’avais donné rendez-vous à mon ami Mohamed à 23 h 30 à ma voiture pour le ramener à Montgeron. Comme tu m’as dit que tu ne venais pas toujours, que tu appréciais de pouvoir venir quand tu voulais, et que tu n’étais pas venue vendredi dernier, je ne me suis pas trop inquiété. Peut-être es-tu arrivée plus tard ? Je me suis dit que tu avais peut-être de moins en moins envie de faire ce boulot, et que c’était éventuellement un bon signe pour moi. Je sais, je suis complètement égoïste, mais j’aimerais vraiment que tu arrêtes, que tu en aies marre de la rue Blondel. Je me dis que depuis le temps, tu as dû faire le tour de la question, et, qu’à part un tas de billets, je ne vois vraiment pas ce que ce boulot peut encore t’apporter. Ça doit commencer à devenir terriblement ennuyeux, sans surprise. Est-ce qu’il y a de nouveaux fantasmes qui sont sortis ces derniers temps ? Bof ! pas grand-chose ! Je t’aime, ma chérie adorée, je te voudrais toute pour moi, rien qu’à moi.
Toute cette semaine sans toi, sans même avoir le temps de t’écrire, j’en suis devenu malade. J’ai bossé dur cette semaine à Tours. Le travail s’est très bien passé. Tout va très bien de ce côté pour le moment. Espérons que tout se passera bien la semaine prochaine, je dois la passer avec mon chef direct. Passé ce cap, cela devrait devenir plus routinier, et aussi plus assuré. J’ai emmené mon ordinateur à Tours, je l’ai transporté dans ma chambre d’hôtel, mais je n’ai vraiment pas eu le temps de raccorder l’ensemble. Si bien que je l’ai emmené pour rien. Je vais le laisser à Montgeron la semaine prochaine, je vais voir si j’arrive à avoir un peu de temps. Mais tout ce temps sans toi, sans même t’écrire, sans te parler devant mon écran, c’est dur, dur, dur. Quand je t’écris, je me sens mieux ; c’est comme si je te parlais, comme si tu étais à côté de moi, comme si j’avais un peu de toi. Je me sens très proche de toi en t’écrivant, même plus proche que lorsque je suis avec toi parce que j’ai un peu peur de toi, je suis encore timide devant toi. J’ai peur que tu m’envoies balader, que tu me ramènes à la dure réalité, c’est-à-dire que tu n’as pas d’amour pour moi, que tu m’aimes « bien », comme un vieux client de longue date (depuis 1979, cela fait effectivement une paye !), et puis c’est tout. Peut-être que tu as un peu plus d’affection pour moi que pour d’autres, parce que je suis touchant avec mes petites lettres, qui sont parfois très longues, mais, bref, tu n’es pas là pour t’amuser mais pour remplir ta caisse afin de partir en retraite tranquille. Je me suis demandé le montant du pactole que tu avais dû te fixer. Je parie pour 100 briques. Je pense que tu travailles pour te mettre 100 briques de côté, et après, bye bye, tchao ! la rue Blondel. Tu ne t’occuperas plus que de ta fille, et tu mèneras une vie tranquille, peinarde. Avec quelques allocations, le minimum retraite en ligne de mire, et 100 briques de côté, tu devrais assurer tes vieux jours. Ce n’est peut-être pas 100 briques, c’est peut-être plus, peut-être moins. Et moi, là-dedans ? Rien à foutre ! Prends 100 briques et tire-toi ! (« Prends l’oseille et tire-toi » : film de Woody Allen.) Et moi, je t’aime, Lætitia ! Je ne veux pas que tu disparaisses de ma vie, je ne veux pas que tu t’en ailles. Si, je veux que tu t’en ailles, mais pas sans moi. Je veux que tu t’en ailles avec moi. Les 100 briques, ou plus, ou moins, je n’en ai vraiment pas grand-chose à cirer. Je comprends que tu veuilles assurer l’avenir de Julia, qu’elle soit en sécurité, qu’elle puisse faire tout ce qu’elle aura envie, qu’elle puisse suivre les études qu’elle désirera ou préparer sa vie comme elle l’entendra sans gros problème d’argent. Je comprends que ce soit important, mais, moi aussi je représente un capital intéressant. Je me suis remis au boulot, j’ai signé pour un emploi fixe. Je dois aller en déplacement en province pour le moment, mais cela ne durera pas plus de deux ans. Il se peut même que je retravaille sur Paris l’année prochaine. En plus, c’est le meilleur contrat que j’ai signé de toute ma carrière dans l’informatique. La boîte qui m’a embauché me permet effectivement de monter. Je terminerai ma carrière largement au-dessus de 20 000 F actuels. Le poste que j’ai pris à Tours est effectivement pour remplacer quelqu’un qui va monter en grade et en salaire. Il y a beaucoup de formations dans cette société. Les trois premiers jours que j’y ai passés, c’était pour de la formation. Le boulot que j’ai commencé m’oblige à me former sur le tas à un niveau bien plus élevé que ce que je connaissais avant, et j’ai encore énormément de formation devant moi. Cela pour dire que côté travail, je crois que j’assure un avenir respectable. Je suis pratiquement assuré de terminé en tant qu’ingénieur maison en informatique en bossant sérieusement, c’est-à-dire assuré de gagner entre 30 000 et 50 000 F par mois. Ça vaut largement plus que 100 briques ou plus de côté. Et puis, un mec à la maison, ce n’est pas mal non plus. Ça serait mieux pour ta fille, elle serait plus équilibrée qu’avec une mère toute seule. (Je suis d’une fourberie sans borne avec ce genre d’argument qui consiste à d’utiliser régulièrement ta fille, Julia, contre toi pour t’amener à mes fins, je le sais ; mais, en amour, tous les coups sont permis ; et, en plus, c’est vrai que ça serait mieux pour ta fille d’avoir un homme et une femme pour s’occuper d’elle.)
Je t’aime, je t’aime, je t’aime, ma Lætitia adorée, ma Patricia chérie. Cela me fait tout drôle de penser à toi maintenant avec ces deux prénoms : Lætitia et Patricia. Tu me dis que tu préfères Lætitia, alors je t’appellerai Lætitia. J’avais l’impression d’avoir quelque chose de plus qu’un client ordinaire en t’appelant Patricia, mais puisque tu me dis que tu t’es habituée à Lætitia, c’est comme tu veux. Les deux prénoms sont charmants. Je connais si peu de choses de toi. Je ne connais rien de ta famille, rien de ton père, de ta mère. As-tu des frères et sœurs ? Je n’en sais même rien. Je ne connais rien de ton enfance. Comment t’appelait-on quand tu étais petite ? Je suppose que c’était Patricia. C’est pourquoi j’aimais bien t’appeler Patricia, parce que le prénom de l’enfance est généralement celui qui concerne le plus la personne. Mais il y a des gens qui changent de prénom et qui ne se sentent plus du tout concernés par l’ancien. J’ai rencontré des filles qui avaient changé de prénom par simple goût, parce qu’elles aimaient particulièrement un autre prénom, et, un jour, elles ont demandé à leurs relations de les appeler dorénavant par le nouveau prénom qu’elles avaient choisi. Je voyais aussi dans Lætitia un « nom de guerre », un nom de « professionnelle », de prostituée, c’est pourquoi j’ai préféré t’appeler Patricia, mais puisque tu aimes ce prénom de Lætitia, eh bien, va pour Lætitia ! Excuse-moi aussi pour ta copine que j’ai appelée « poufiasse » dans ma dernière lettre parce que j’étais énervé de ce surnom de « Lélé ». Non, non, Lélé, c’est charmant. Pardonne-moi ma raideur pseudo aristocratique, petite faiblesse de ma part. J’avais pris ce surnom dans un sens dégradant, c’est pourquoi j’ai mal réagi. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Je connais tellement peu de choses sur toi, et nous n’avons que quinze minutes par semaine pour nous parler. C’est pire qu’un parloir en prison. Le parloir, c’est au moins une demi-heure ou une heure. Je ne sais pas car je n’en ai jamais eu malgré mes différents séjours en prison. Ah si ! en 1971, mes parents étaient venus me voir à Fleury-Mérogis. J’avais pris un mois ferme pour mendicité et vagabondage (Je chantais et jouais de la guitare dans le métro ! Vive la France, pays de vrais connards fachos, de vrais délateurs et de vrais flicardiers !).
Comment te portes-tu ? Est-ce que tu as pu faire quelque chose pour l’allergie dont tu m’as parlé la semaine dernière ? Je t’ai dit que j’avais vu un reportage à la télé sur cette période de l’année où la floraison printanière provoque des troubles chez les personnes qui y sont sensibles.
Cela devrait passer avec la saison, au moins s’amoindrir. Mais après, il y a le « rhume des foins », l’allergie estivale, et puis, en automne et en hiver, il doit y avoir d’autres formes aussi. Alors il vaut mieux s’en occuper. Je te fais plein de bisous sur ton petit nez mignon pour qu’il guérisse vite. Je t’aime tout plein. Je t’aime de tout mon cœur. Tu es vraiment ma chérie, mon adorée.
J’ai tellement bandé pour toi autrefois, tu m’as tellement excité sur le plan érotique, que je n’ai pas
pris la peine de penser à autre chose tellement tu m’obsédais sexuellement.
Maintenant, j’ai envie de t’aimer de tout mon cœur, j’ai envie de te dire toute
la tendresse que j’ai pour toi, j’ai surtout envie de la vivre, c’est pourquoi
je veux vivre avec toi. Tu es toujours très belle, tu es toujours cette superbe
poupée qui fait exploser tous les fantasmes (Excuse-moi pour la « poupée
érotique », mais c’est vrai que tu es très belle, si belle que tu
déclenche tous les fantasmes. Qu’y puis-je ? Je n’ai pas envie que tu sois
moche ! Je suis fier de ta beauté, je suis fier d’être amoureux de toi, je
n’y peux rien, c’est comme ça. Je sais que je suis assez orgueilleux sur le
plan sexuel, et que j’ai besoin d’avoir une femme à mes côtés que je sois fier
de montrer. C’est très prétentieux mais je n’y peux rien, c’est physique, c’est
dans ma nature, je sais que je ne pourrais pas me changer.), mais je ne peux
plus me contenter de seuls jeux sexuels avec toi. J’ai besoin de tout ton
amour, de tout ton cœur. Je ne sais pas où j’irai, comment je vivrai, comment
je t’aimerai, mais je sais qu’il faut que j’y aille avec toi. Je sais qu’il y a
en toi une fille extraordinaire d’une grande loyauté, d’une grande honnêteté.
Je crois en toi. Je sais que tu n’es pas hypocrite, pas profiteuse, que tu vois
les choses avec beaucoup de franchise, parfois un peu trop. J’ai peur de ce qui
semble être chez toi de l’indifférence, mais je crois que c’est une grande
carapace, une grande protection, parce que tu es aussi très fragile en dessous.
Je crois que c’est en grande partie la fameuse carapace du scorpion à la façon
Lætitia. Je voudrais que tu en arrives à pouvoir me faire confiance. Je t’aime,
je veux que tu m’aimes, et je veux ne jamais te faire de mal. Je veux ne jamais
te faire souffrir si tu sors de ton poste d’embuscade. Je veux que tu prennes
le risque de tomber amoureuse de moi, c’est-à-dire que tu acceptes de souffrir
pour notre bonheur. Je le veux, et je veux aussi te promettre d’essayer de te
faire souffrir le moins possible. En tous cas, je te promets de ne jamais
t’abandonner. Ce crime ultime, je ne le ferai jamais, à moins que tu m’ordonnes
de te quitter, et encore ! Je peux te trahir, je peux avoir tout un tas de
faiblesses, mais je ne t’abandonnerai jamais. Je ne te laisserai jamais toute
seule, c’est-à-dire sans l’homme à qui tu auras donné ton cœur, si tu me le
donnes. Je ne te ferai jamais ça, je serai toujours avec toi. Même si je fais
ou si tu fais les plus grosses conneries, je ne m’enfuirai pas, je ne te
laisserai pas. Je t’aime et je sais ce que c’est d’être abandonné. Je ne te
ferai jamais une chose aussi horrible. Pas moi. Moi, je ne te ferai jamais ça.
Je te jure que je préfèrerais mourir plutôt que de commettre un tel crime
contre toi. Je ne dis pas ça à la légère. Je sais à quoi je m’engage. Je sais
que je renonce à toutes les autres femmes pour n’être qu’à toi et pour
toujours. Je sais que je renonce à ma liberté et que je m’astreins à un certain
nombre de devoirs envers toi, et que ce sera pour toute la vie.
Nuit de samedi 09/05 à dimanche 10/05/98, 1 h 53 du matin.
Je t’ai vue ! Ouf ! Enfin ! Je n’en pouvais plus de ne pas te voir, je ne pouvais pas attendre jusqu’à demain, c’est trop long, tu me manques trop. Je traverserai la planète pour venir te voir, pour te regarder quelques instants, et pour avoir le bonheur de sentir ta joue contre ma joue. Excuse-moi de te déranger dans ton travail, je suis impossible ! Excuse-moi de t’avoir fait croire que je voulais monter avec toi tout de suite, j’en suis désolé. Je crois que cela ferait trop si je venais deux fois par semaine. Cela ferait une moyenne de 4 500 F par mois. Je veux bien dépenser tout mon argent pour toi, cela m’est égal. De toutes façons, je n’avais plus envie de rien avant de tomber amoureux de toi ou de réaliser que j’étais amoureux de toi depuis longtemps. Je m’ennuyais, et je me contentais des allocations minimums. Donc, tout l’argent que je gagne, il te revient. Mais je veux aussi installer quelque chose pour nous plus tard. Je veux prendre un appartement. Je vais voir pour un F3 la semaine prochaine. Ce sera trop petit pour nous deux et Julia, mais nous pourrons demander plus grand après. Tout seul, c’est déjà limite que j’arrive à avoir un F3 par l’amie qui travaille à la mairie de Villeneuve. Elle m’a dit qu’elle m’avait fait passer pour son frère auprès de sa collègue responsable du logement. Normalement, je n’aurais droit qu’à un F2, mais en tant que frangin d’une copine, je peux espérer un F3. Avec une femme et une enfant, je pense qu’on peut changer ensuite pour un F4, voire F5. Ce n’est pas très cher : 1 500 F pour un F3. Je paye actuellement 2 400 F pour un F1 de 14 m². En fait, je paye 650 F, car le reste est payé par l’allocation logement. Je pense pouvoir faire transférer l’allocation logement sur le F3. Ce ne sera pas éternel puisque je ne suis plus au chômage. Voilà pourquoi je ne veux pas dépenser trop d’argent. Ce ne serait pas raisonnable, et je crois que tu n’aimerais pas non plus savoir que je me ruine en montant avec toi. Je te connais et je sais que cela ne t’est pas indifférent, bien que ce ne soit pas ton problème. Je voudrais aussi faire une réserve d’argent pour être tranquille. Il y a toujours de vieilles dettes qui peuvent ressortir, de vieilles contraventions. Rien que pour les douanes, j’ai une condamnation à 44 000 F d’amende. Ils ne me recherchent pas d’après ce que je sais actuellement, mais cela pourrait arriver à un jour. Je préfèrerais m’installer avec toi avec 100 000 F d’avance, histoire de ne pas avoir à t’embarquer dans une de mes vieilles galères qui pourrait ressurgir.
J’ai besoin de te voir en dehors du dimanche soir, j’ai besoin de passer te dire bonjour et de te faire la bise ; et je ne monte avec toi que dans la nuit de dimanche à lundi vers 1 h 30, à moins que tu veuilles changer. Si tu veux que je vienne un peu plus tôt ou un peu plus tard, dis-le-moi. Même si tu fais encore quelques clients après moi, j’aime bien croire que tu termines ta semaine avec moi, que je suis le dernier ; et, peut-être qu’un jour, je serai vraiment le dernier ! Je te mettrai des billets sous l’oreiller conjugal quand j’aurai envie de me moquer de toi ! ou quand j’aurai envie d’un câlin bien particulier. Il faudra que tu affiches tes tarifs derrière la porte de la chambre, comme dans les hôtels ! Tout cela pour que tu ne perdes pas la main, et que tu ne croies pas que maintenant que tu es mariée, tu n’as plus besoin de surveiller ta ligne ni plus besoin de faire d’effort ! (Je me moque de toi ! Je t’aime, je t’aime, je t’aime, ma chérie adorée.) Pour mes horaires, cela colle. Je commence lundi prochain à Tours à 6 h 30, je partirai donc juste après t’avoir vue, et plus que vue, t’avoir parler, t’avoir caresser, t’avoir embrasser tes seins que j’ai toujours adorés, t’avoir dit combien je t’aime, et tout et tout... Il faut trois heures et demi de route pour aller à Tours tranquille. Cela me laisse encore le temps de faire une pause sur la route.
J’étais heureux ce soir de voir que tu étais contente de me voir. Cela m’a fait très plaisir. Je me fais peut-être des illusions, mais je crois que tu commences à m’aimer un peu plus que bien, que cela pourrait en prendre le chemin, qu’il n’y a rien de désespéré. Il faut que je m’accroche. Le scorpion est un guerrier qui a besoin de tester la résistance de son partenaire. J’espère que tu ne vas pas me faire endurer tes épreuves trop longtemps avant d’estimer que je fais le poids ! Moi, je suis très solaire, très flamboyant, mais le scorpion (signe d’eau) peut m’éteindre, comme le cancer ou les poissons. Le scorpion est le signe le plus dur pour moi. C’est pour ça que j’ai fait un hic quand tu m’as dit ton signe. C’était effectivement le signe de Nathalie ! Grosse catastrophe ! C’est le scorpion qui choisit son partenaire plutôt que de se laisser choisir ! Et là, c’est moi qui t’ai choisie le premier ! Il faut bien qu’il y en ait un qui se décide à aller le premier vers l’autre ! D’ici à ce que toi tu me choisisses, il y a un grand pas, d’autant que je t’ai déjà choisie ! Est-ce que je peux arriver à ce que tu me choisisses malgré tout ? Il y a pas mal de défis dans cette affaire ! Ce n’est pas impossible, mais ce n’est pas facile du tout. Le scorpion est le plus insensible au charme du lion. Le lion règne dans la lumière, le scorpion règne sur tout ce qui est secret, dissimulé ; alors, la lumière du lion, cela le fait doucement rigoler. Le scorpion est aussi le symbole du sexe (tiens donc !), c’est donc un signe très fort sexuellement, avec une sexualité exigeante. Une exigence de procréation aussi, le scorpion ne se sent à l’aise qu’après avoir assuré sa descendance. En ce qui te concerne, l’arrivée de Julia était vraiment nécessaire dans ta vie, cela se voit de façon évidente. Je t’ai trouvée magnifiquement transformée quand je t’ai revue après que tu es revenue, tu es devenue une femme accomplie, une femme merveilleuse et rayonnante. La jeune fille que j’ai connue était déjà pas mal, mais la maman est vraiment irrésistible. Je t’aime, je t’aime, je t’aime...
Ce n’est donc pas évident de faire un couple lion-scorpion, mais si le maître de la lumière arrive à se faire un allié du maître de l’obscurité, cela peut faire quelque chose d’une puissance peu commune. Tu vois ce que moi je ne vois pas, et inversement. Pour peu que nos nous communiquions nos différents points de vue (parce qu’ils sont vraiment différents !), c’est quelque chose qui en vaut la peine.
Il y a aussi le fait que je me sente tellement bien avec toi, que je suis tellement heureux de te voir, que j’ai tellement l’impression que nous sommes faits l’un pour l’autre, que... tant pis pour les discordances astrologiques. En ce qui me concerne, tu m’attires, même si j’ai un peu peur de toi car je sais que tu peux me tenir complètement tête, et même au-delà. J’ai beaucoup fréquenté des natifs et natives de la balance, comme Hélène (une relation sexuelle qui a beaucoup compté pour moi) et Jeanne (celle que j’ai épousée en mariage bidon dans la secte scientologie). Il y en avait aussi dans ma famille : mon père, ma grand-mère. La balance est le plus violent des signes. Sous des apparences diplomates et vénusiennes, la balance a toujours raison, elle a toujours la justice de son côté. La justice, c’est-à-dire sa justice, mais c’est celle qui compte. La balance est un signe aussi très sensuel, d’une sensualité plus spirituelle que celle du taureau qui est beaucoup plus matérialiste. En ce qui concerne le scorpion, c’est le grand désastre de ma vie. Il faut dire que Nathalie était un cas ! Moi aussi, d’ailleurs ! Le scorpion peut m’anéantir complètement en une seule fois, et il le sait. S’il le décide, ses eaux froides resteront impénétrables à ma chaleur, sa carapace sera pratiquement invulnérable sauf pour un autre scorpion. Je me donne néanmoins une chance car je suis aussi un assez bon scorpion, ayant Mars en scorpion dans mon thème (Mars est la planète du scorpion : donc, même si je ne suis pas natif du scorpion, j’en ai les caractéristiques, les possibilités).
Je t’ai trouvée très belle dans ta robe d’été. Il commence à faire chaud ! Bien sûr, je préférerais
que tu ne portes ce genre de robe si dénudée que dans l’intimité conjugale,
mais bon, puisque tu continues à faire ce boulot... Tu es très mignonne dans
cette robe. Qu’est-ce que j’avais envie d’être avec toi ! Qu’est-ce que je
ressentais la douceur de ta présence ! Je voudrais te manger toute crue
dans ces moments-là. Tu sais, je crois que ce n’est pas du tout déraisonnable
de vouloir faire notre vie ensemble, je crois que c’est un choix excellent,
très pertinent. Ce n’est pas une folie, bien au contraire, c’est la sagesse
même. Tu n’es pas une idiote non plus, et tu peux comprendre que nous ne
retrouverons pas sur notre route, l’un comme l’autre, un partenaire aussi
judicieux. Je suis un homme qui peut te convenir, car tu n’es pas facile du
tout. Je suis plus qu’un oiseau rare pour toi. Je crois que tu commences à y
penser, même si tu n’en laisses rien paraître, en bon scorpion que tu es. Tu ne
dis pas oui, mais tu ne dis pas un non définitif. Je crois que je t’intéresse un
peu quand même, et que tu étudies le cas quelque part au fond de toi. Il faut
bien que tu te trouves un mec, Lætitia. Un mec, un vrai, un avec qui l’on fait
sa vie. Un gars plutôt solide, vu ton caractère charmant, il est vrai, mais qui
ne peut s’accoupler qu’avec quelqu’un d’assez fort et d’assez résistant. Je
veux être ton mari, Lætitia. Je veux être le bonhomme un peu chiant à la
longue, mais l’homme qui compte vraiment. Je veux que tu sois ma femme. Je
pense que tu as la tête solide, bien sur les épaules, que tu es une sacrée nana
qui n’a pas froid aux yeux, une femme intelligente, forte, et très belle en
plus. Tu as juste l’âge qu’il faut. Je ne peux pas aller avec une fille trop
jeune, même si cela est parfois attirant sexuellement, car je ne veux pas jouer
à faire découvrir la vie à une jeune femme, je ne veux pas non plus avoir à
subir l’attente d’une plus jeune envers un aîné. Les jeunes demandent toujours aux plus anciens de leur apporter
quelque chose de spécial, quelque chose qui justifie leur ancienneté. Je n’ai
rien à répondre à cette attente : elle me fatigue, elle me stresse, elle
m’ennuie. Je veux quelqu’un de mon âge, une femme juste un tout petit peu plus
jeune que moi, qui vieillit bien, comme toi. C’est toi que je veux. Je voudrais
que tu me donnes les dernières belles années de ton merveilleux corps de femme,
qu’il n’appartienne plus qu’à moi, et ensuite, vieillir paisiblement avec
quelqu’un de solide comme toi, de tendre comme toi, de gentil comme toi. Si tu
pouvais encore faire un enfant, ce serait super, sinon tu as déjà Julia. Je
peux me contenter des enfants des autres, je n’ai pas d’esprit d’exclusivité à
cet égard, et c’est réel. Le lion se sent naturellement universel, et ses
lionceaux sont tous ceux qu’il peut avoir sous la main. Ce n’est pas du tout
comme le scorpion qui a absolument besoin d’avoir sa propre descendance.
Dimanche 10/05/98, 17 h 50.
Enfin, c’est dimanche, le jour de notre rendez-vous. Je vais te voir, te sentir, respirer ta présence et ton parfum, respirer le parfum de ta présence. Hum !... Hum !... J’en ai déjà les narines et la poitrine toutes émues. Qu’est-ce que j’avais envie de te dire que j’ai oublié ? Ah oui ! Il faut absolument que tu me donnes la photo où tu es avec ta fille. Je vais essayer de t’assiéger sur ce sujet ce soir. Tu ne peux pas comprendre à quel point c’est important et vital pour moi. Tu dois t’absenter le week-end prochain, je ne vais pas te voir pendant presque quinze jours. Tu ne peux pas savoir comme je vais être malheureux, comme je vais souffrir. Je ne te verrai pas, même de loin, je ne pourrai même pas venir te dire bonjour. Tu devrais avoir au moins un peu de pitié pour moi, et me donner cette magnifique photo noir et blanc où tu es avec Julia. Je n’ai même pas une petite photo pour te regarder de temps en temps. Je parle tout le temps de toi à mes amis, aux gens autour de moi, et j’ai l’air d’un con parce que je n’ai même pas une photo de toi. S’il te plaît, je te le demande à genoux, donne-moi cette photo. J’aimerais pouvoir la regarder de temps à autre, j’aimerais pouvoir te montrer à mes amis. S’il te plaît, Lætitia, je souffre trop, tu ne peux pas me refuser éternellement cette petite photo. Je te l’ai dit, tu en as plein d’autres, celle-là ne te manquera pas. Écoute, si jamais je pars ce soir sans la photo, envoie-la à mon adresse en tête de lettre à Montgeron, dans une enveloppe avec un timbre simple, je l’aurai en revenant de Tours. Ne sois pas impitoyable, pense un peu à moi. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Même si tu ne m’aimes pas du tout, pense que je souffrirai trop pendant ton absence et que cette photo m’aidera à tenir. Si vraiment tu ne m’aimes pas, je guérirai plus facilement grâce à cette photo. J’en ai besoin pour ne pas trop souffrir. C’est comme un produit de substitution pour les drogués, tu ne peux me refuser cela, ce serait trop dur, trop impitoyable. Tu n’es pas amoureuse de moi comme moi je le suis de toi, tu ne peux pas comprendre. Juste une petite photo pour que je souffre moins, cela ne te coûte pas grand-chose.
Oh, baby, you don’t know what it’s like !
Oh, baby, you don’t know what it’s like !
To love somebody,
To love somebody,
The way I love you.
Oh, chérie, tu ne peux pas savoir ce que c’est !
Oh, chérie, tu ne peux pas savoir ce que c’est !
D’aimer quelqu’un,
Comme je t’aime.
(To love somebody, vieux tube des Bee Gees.)
Je vais essayer de me faire faire une photo pas trop mal, je ne suis pas très photogénique, et je t’en
mettrai une dans une prochaine lettre. Comme cela si tu as besoin de la
regarder, tu pourras rechercher dans la lettre ou même la mettre dans ton
portefeuille, si tu as de la place. Je t’aime trop, ma chérie adorée. Ce soir,
je vais t’amener un bouquet de roses. J’ai eu tellement honte de ne rien t’avoir
offert pour le premier mai, que j’ai acheté cette botte en faisant les courses.
Les roses sont très serrées, il faut que j’arrange le bouquet, et que je trouve
quelque chose pour humidifier le bas des fleurs. Je vais mettre ça dans un
grand sac en plastique pour que ce soit plus discret. J’espère qu’elles te
plairont, mais surtout, si tu as des problèmes d’allergie avec les fleurs,
n’hésite pas à me le dire, n’hésite pas à les jeter ou à les donner à un
quelqu’un d’autre. Je ne voudrais pas te rendre à nouveau malade alors que tu
allais très bien hier soir. A propos, est-ce que tu as une allergie avec les
poils de chat ? Parce qu’on m’a offert d’adopter une petite chatte très
mignonne, une très fine, grise océane. Son nom est justement « Océane ».
Elle est très affectueuse, elle me lèche avec sa langue râpeuse et me mordille
longuement en ronronnant comme un moteur diesel, comme une vraie chatte
amoureuse. Je l’adore, et j’aimerais savoir si tu aimes beaucoup les chats. Si
c’est le cas, je pourrais l’adopter en entrant dans le F3. C’est la même dame
qui me fait passer pour son frère à la mairie, et qui a cette petite chatte.
Comme elle a un chien, cela fait des courses-poursuites d’enfer dans
l’appartement. Il faudrait savoir aussi si Julia est assez grande pour un chat,
car cette bête est très très mignonne, mais un geste malencontreux et tu te
retrouves avec un coup de râteau de ses griffes, et ça fait mal ! Cela
peut défigurer, surtout un bébé ou une jeune enfant. J’ai vu son fils avec la
main griffée, ce n’était pas beau à voir. Sinon elle est très gentille, mais il
faut toujours faire très attention avec les chats quand on n’est pas habitué, a
fortiori quand il y a une jeune enfant. Il est impossible de dresser un chat
comme un chien, les chats font absolument ce qu’ils veulent, un peu comme toi
Lætitia. C’est pour cela que je les adore, après en avoir eu peur, aussi comme
toi. Tu me diras si Julia a déjà eu un animal. Les enfants adorent les animaux,
mais il faut qu’ils ne soient pas trop jeunes pour comprendre qu’un animal
n’est ni un jouet ni une personne humaine, et qu’il peut être dangereux. Les
chats sont souvent incompatibles avec les jeunes enfants, alors autant éviter les risques.
Dimanche 10/05, 23 h 40.
Mon amour adoré, il est l’heure que je prépare mes affaires pour Tours, et que je m’apprête à venir te voir. Je t’embrasse de tout mon cœur. Je pense à toi et à ta fille tous les jours. Tu es mon T.G.A. (Très Grand Amour : ça fait plus moderne !). Je te fais plein de T.G.B. (Très Gros Bisous). A tout de suite. Je t’aime.
Michel. |
P.S. : monsieur et madame Fémal ont une fille.
Comment s’appelle-t-elle ? Aïcha, parce que Aïcha Fémal (aïe ! ça fait mal !)
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