Sixième partie

Michel

Patricia chérie,
mon amour, mon ange, mon adorée,
mon chausson aux pommes,
mon aurore claire,

Jeudi 21/05/98, 22 h 40.

Encore besoin de t’écrire, besoin de dire le dernier mot, besoin de te cracher tout mon amour et tout mon dégoût pour toi, besoin de te dire à quel point je t’aime ou je t’aimais, car je ne veux plus t’aimer tellement tu m’inspires à nouveau cette indescriptible horreur, besoin de te dire à quel point je te déteste, à quel point je te hais, besoin de te faire du mal, enfin, d’y arriver, parce que pour te faire le moindre mal, encore faudrait-il pouvoir t’atteindre, mais tu es inaccessible, lointaine, distante, étrangère, absente, tu n’es pas là, tu es ailleurs, « Elle est d’ailleurs », comme dit ce connard, ce débile, ce châtré de l’amour de Pierre Bachelet (auteur des musiques des films Emmanuelle et Histoire d’O, tu es faussement là, tu es une ombre, une image, un piège. Tu es bien la gorgone que j’avais vue depuis longtemps en toi, la femme monstrueuse aux cheveux de serpent. Je te hais, je te déteste, et je t’aime. Je me déteste, j’ai maintenant furieusement honte de t’aimer. Honte de t’aimer toi, une poufiasse, une flemmarde de banlieue. Comment ai-je pu m’abaisser au point de me laisser séduire, de tomber amoureux, d’une fille, certes bien faite autrefois, une vraie poupée Barbie, une splendeur érotique à ta grande époque, lorsque tes seins étaient droits, pleins, gonflés, superbes, lorsque ton ventre était plat et tes jambes impeccablement fuselées ? Comment ai-je pu tomber amoureux de cette vieille bonne femme, de cette poufiasse sur le déclin ? Comment ai-je pu croire qu’il pouvait y avoir un cœur derrière cette façade ravalée ?

Lorsque tu m’as parlé de ta fille Julia, et que j’ai vu cette lumière dans tes yeux, que j’ai senti cette émotion de ton être, j’ai commis l’impardonnable erreur de croire que tu pouvais avoir un cœur de femme. Tu parles ! Il s’agissait seulement de la joie animale d’assurer ta descendance, de ta résolution de la hantise du néant. Julia t’apporte seulement la part d’éternité qui solutionne le problème de ta mort. De là à dire que tu puisses aimer, que tu puisses vraiment avoir un cœur de femme, il faut vraiment être con comme je l’ai été avec toi. J’ai cru que parce que tu avais l’air d’être amoureuse de ta fille, tu pouvais l’être d’un homme. J’ai même cru que tu avais un besoin irrésistible de l’amour et du respect d’un homme, et que cet homme ne pouvait être que moi !

J’ai cru entendre une voix venant de toi, un cri, un appel, quelque chose qui s’adressait à moi et qui me disait : « Fais quelque chose, merde ! Sors-moi de là ! Tu ne vois pas que j’en ai marre de n’être plus rien d’autre qu’une pute qui vieillit ? Bouge, invente n’importe quoi, fais tout ce que tu voudras mais arrange-toi pour que je ne termine pas comme une horrible et vieille poufiasse, seule, sans amour, sans même cette fille qui m’aime aujourd’hui mais qui me détestera, qui me haïra forcément demain. Je sais que j’ai fais un tas saloperies, que je suis une reine parmi les salopes, une Lætitia, une « fille de joie », mais je crois que je mérite mieux que ça. Je reconnais que je me suis gourée, que j’ai joué trop longtemps avec la vie. J’aurais dû arrêter depuis un moment déjà, et voilà que je replonge pour jusqu’à quand ? Un an ? Deux ans ? C’est toujours ce qu’on dit, et puis on reste là, on revient semaine après semaine parce qu’on a pris ses habitudes, ses relations, ses copains, ses copines, et qu’on n’a rien d’autre ailleurs à quoi s’accrocher, pas d’autre endroit où je ne m’emmerde pas en dehors de cette rue Blondel. Continuer à faire la pute ne m’apporte plus rien qu’un vide de plus en plus grand dans mon cœur. J’ai passé le temps des découvertes et de la curiosité, je n’ai plus rien à y apprendre. Je n’ai plus qu’à attendre, qu’à regarder les minutes, les heures, les jours, les semaines, les mois, les années passer comme une merde qui vieillit sur mon bout de trottoir.

« J’ai aimé jouer avec le sexe et avec les hommes, j’ai aimé faire tout ce qui était un peu caché, un peu tabou, plus ou moins interdit. J’ai aimé soutirer aux hommes plein, plein, plein de pognon. J’ai aimé leur en piquer un maximum avec le sourire, et, qu’en plus, ils me disent merci. J’ai aimé leurs fins de mois difficiles, j’ai aimé leurs faillites, j’ai aimé leurs huissiers à leurs culs, j’ai aimé leur ruine, leur misère. J’ai aimé les détruire par tout cet argent qu’ils me donnaient, et qu’ils faisaient semblant de recevoir du ciel. J’ai aimé leur dire : « Eh ben, tu vas avec ta carte au distributeur, il y en a plusieurs juste à côté, et tu reviens vite me voir ! » J’ai aimé la puissance que procure cet argent issu de toute cette misère sexuelle et sentimentale des hommes. J’ai adoré mes sœurs, les autres femmes, leurs épouses. Je les ai adorées à cause de tout ce qu’elles leur refusent, à cause de tout ce dont elles les privent pour mieux me les livrer pieds et poings liées, avec leur bite en bandoulière. J’ai aimé faire de ces hommes qui se croient forts, qui se croient puissants, j’ai aimé en faire des pantins, des pantins qui piquaient dans la caisse de leur société parce qu’ils avaient trop le blues, des pantins qui allaient droit à la faillite, des pantins qui se retrouvaient en prison parce qu’ils avaient trafiqué pour combler les trous (c’est personnellement vrai que j’ai trafiqué des drogues pour avoir de l’argent pour me faire fouetter par toi),  des pantins de petits salariés qui grignotaient sur le budget des vacances, sur le budget des études des mômes. Des pantins amoureux tellement égarés, tellement seuls, tellement aveuglés par leur manque de femme que certains allaient jusqu’à me supplier d’accepter de très grosses sommes pour les mettre à mort en les castrant. J’ai adoré qu’on me supplie pour avoir le privilège immense d’être immolé par castration de mes mains ; l’un d’eux m’a même offert 50 000 F pour que je l’attache et que je lui coupe les couilles, et que je le laisse crever ainsi en perdant tout son sang. C’était il y a environ dix ans, cela ferait bien dix briques d’aujourd’hui. Bien sûr, je n’ai pas accepté de le mettre à mort en le castrant. Avec un cadavre mutilé sexuellement, j’aurais été recherchée par la police, même si on avait réussi à lui sauver la vie. Et parce que c’était trop voyant, alors que j’ai préféré détruire, castrer et tuer les hommes lentement, en douceur, en profitant simplement de l’air et des mœurs du temps, de la merveilleuse liberté qu’ont nous donne à nous les femmes d’aujourd’hui. J’ai aimé être une tueuse d’hommes, une tueuse de l’amour, une tueuse de leurs minables petits sentiments. J’ai aimé être une meneuse de jeux au travers de leurs petits désirs plus ou moins refoulés de se faire battre, attacher, de se faire fouetter, enculer. J’ai aimé être une sorte de complice, une sorte de sœur, une égale qui n’avait pas l’air de les mépriser ; ce qui faisait qu’ils étaient prêts à me donner encore plus d’argent pour recommencer avec moi. J’ai aimé faire payer très cher à certains parce que je voyais qu’ils flashaient sur moi ou qu’ils étaient tombés amoureux de moi, et me contenter de trois sous pour faire la même chose avec des clients marchandeurs plus indifférents. J’ai aimé cette liberté de n’en faire qu’à ma tête, de venir me prostituer à l’heure que je voulais, si j’en avais envie, ou de ne pas venir du tout. »

J’ai entendu cette voix venant de toi qui me disait : « J’en ai marre d’être absente, de ne pas être là, d’être toujours en fuite dans ma tête, en fuite avec et devant moi-même, en fuite dans mes relations avec les autres, surtout avec les hommes. » Quand tu m’as montré les photos de Julia, c’est comme si tu m’avais dit : « Regarde-moi, non pas sur les photos, mais regarde-moi, là avec toi, toi et moi tous seuls dans cette chambre, regarde comme je peux être belle quand je suis là, quand je suis présente, quand je vis. Regarde-moi et vois la femme qui est devant toi et qui n’a rien à voir avec celle qui s’allonge sur le lit pour se faire tringler contre de l’argent, rien à voir avec celle qui relève la main gauche un peu à côté et au-dessus de la tête, pour s’éloigner, s’absenter, se protéger, se consoler, et qui s’évade une fois de plus pendant que le client termine sa petite affaire, arrive à cracher sa petite ordure liquide et blanchâtre, éjacule, jouit, lâche enfin sa pourriture et toutes ses saletés dans mon ventre. »

Dimanche 24/05/98, 18 h 30.

Je viens de changer le tout début de la lettre. J’avais mis, quand j’ai commencé à l’écrire jeudi dernier, « Patricia de merde, ». Je suis revenu sur cette faiblesse, sur cet énervement. J’ai mis à la place : « Patricia chérie, mon amour, mon ange, mon adorée ». C’est vrai que je t’aime et que je te déteste tout à la fois. Ce que j’aime, c’est toi ; et ce que je déteste, c’est tout ce que je crois ne pas être toi. Mais il se peut que je me trompe complètement, il se peut que tu sois réellement tout ce que je déteste, et que tu ne sois rien de ce que je crois que tu es. Comme tu me l’as dit la dernière fois qu’on s’est vu, je suis en train de me monter un film tout seul. Mais je refuse de croire que j’ai monté ce film tout seul car à chaque fois que je t’ai posé la question, tu n’as jamais voulu répondre. Quand je t’ai dit que je n’étais pas tout seul, qu’il y avait eu un appel de ta part, une langueur, quelque chose que j’ai entendu, tu n’as rien trouvé à répondre ou plutôt, tu n’as rien voulu répondre, et c’est arrivé plusieurs fois. A chaque fois, tu es restée silencieuse, renfermée, comme s’il y avait quelque chose au fond de toi que tu ne peux pas me dire, quelque chose dont tu ne peux pas me parler, quelque chose qui te fait peur ou que tu ne veux pas que je sache, quelque chose que tu gardes secrètement, quelque chose que tu ne veux pas reconnaître, quelque chose que tu ne peux pas avouer. J’ai l’impression que tu garderas toujours ton secret et que tu ne me diras jamais ce que c’est.

Pour moi, cela veut dire que tu sais que tu m’as bien envoyé un message, que tu ne peux pas le nier complètement sans te mentir évidemment à toi-même. Quand je dis message, j’entends tout ce cirque que les femmes savent si bien faire pour envoyer un appel à un homme sans avoir l’air d’en envoyer un. Tu comprends très bien de quoi je parle, et ce cirque, tu l’as fait avec moi. Ou alors, c’est que je suis complètement idiot ou que je rêve ou que n’importe quoi. Le jour où tu m’as donné ton véritable prénom, Patricia, tu m’as fait un cirque de femme qui appelle un homme. Ce jour-là, tu m’as fait des appels de phare de la plus grande envergure. Tu donnes ton vrai prénom à tous tes clients, maintenant ? C’est ça ? Tu veux me faire avaler une couleuvre pareille après coup ? Ce jour-là, tu m’as mis au défi, et je t’ai dit que si je le décidais rien ne me ferait reculer, qu’en amour, j’étais capable d’aller jusqu’au bout de tout. Tu t’en souviens maintenant ? Tu te souviens du défi que tu m’as lancé avec tes yeux ? Tu te souviens que je t’ai fait comprendre que je le relevais, ce défi ? Tu te souviens que je t’ai fait comprendre que la « Lætitia », la « fille de joie » ne me faisait pas peur, que je n’avais pas peur de faire ma vie avec une fille de joie ? Tu te souviens, un peu avant, du gloussement avec lequel tu avais prononcé cette phrase, quelque chose du genre : « Lætitia, ça veut dire « fille de joie » m’a dit un client ». Tu étais en train de me sucer à ce moment-là. Tu t’en souviens maintenant ? Tu ne m’as pas envoyé un appel désespéré, un S.O.S., un au secours, un signal de détresse, tu ne m’as pas mis au défi d’avoir le courage d’être ton amoureux ce soir-là ? Tu ne m’as pas mis au défi d’être l’amoureux de la fille de joie que tu pleurais d’être ce soir-là ? C’est moi qui me monte un film tout seul !

C’est moi qui rêve ! C’est moi qui m’emballe, on ne sait pourquoi ! Après, tu as arrêté de me sucer, et on a parlé, allongés l’un à côté de l’autre, presque les yeux dans les yeux, et tu ne m’as pas lancé de défi de t’aimer vraiment ? Et je ne t’ai pas répondu qu’en amour j’étais capable d’aller jusqu’au bout ? Et quand je t’ai dit ça, tu ne m’as pas regardé d’un air de douter que j’en étais vraiment capable ? J’ai rêvé tout ça ? Je me suis fait mon petit cinéma tout seul ? J’étais tout seul sur ton lit aussi ? J’étais tout seul à me donner ton vrai prénom ? J’étais tout seul, à ta place, dans tes yeux, dans ton corps, sur ton lit, pour me lancer le défi de t’aimer ? J’étais tout seul encore pour te répondre qu’en amour j’étais capable de tout ? J’ai eu une hallucination ? C’est ça, j’hallucine ! Elle est bien bonne ! J’étais tout seul à presque pleurer en disant que Lætitia ça veut dire fille de joie ?

Je vais te dire que j’en ai marre de ce prénom de Lætitia, marre, marre, marre ! Pour moi, tu es Patricia. Je ne connais pas ton nom de famille, mais cela n’a pas d’importance puisque je veux que tu portes le mien. J’en ai marre de la Lætitia, je ne peux plus la voir. Vivement qu’elle disparaisse ! Mort à Lætitia ! Longue et éternelle vie à Patricia ! Tu me dis que tu t’es habituée à Lætitia. C’est justement de cette habitude dont j’aimerais sortir. Je préfère encore ne pas t’appeler du tout plutôt que d’être obligé de t’appeler Lætitia. Depuis le temps qu’on se connaît, tu ne m’as pas appelé une seule fois. Pas une seule fois depuis dix-neuf ans tu n’as prononcé mon nom. Pourtant, depuis le temps, tu devrais savoir que je m’appelle Michel. Est-ce pour éviter les impairs avec tes clients que tu ne les appelles jamais ? Comme ça, tu es sûre de ne pas risquer de te tromper dans les prénoms. Je crois plutôt que tu t’en fous complètement. Tu arrives à donner l’illusion d’être là tout en étant ailleurs. C’est pour ça que j’ai fait cette expérience avec la cigarette la dernière fois, pour voir jusqu’à quel point tu n’étais pas là. Peut-être que j’aurais de drôles de surprises le jour où tu apparaîtras enfin, peut-être que je trouverais devant moi une monstresse, quelque chose d’horrible. Je prends le risque.

Tu m’as donné un petit aperçu de ce à quoi je pouvais m’attendre en m’engueulant comme tu l’as fait dernièrement. Ce n’est déjà plus la douce, la gentille, la tendre. C’est la dure, la féroce, la cruelle, la sauvage. Tu as réalisé que tu as pris le risque de me faire péter la gueule très sauvagement ? de me faire démolir le portrait très salement ? Si je m’étais un tant soit peu laissé aller à une humeur masculine normale, vu le ton que tu as employé avec moi, étais-tu consciente ou inconsciente de ce qui aurait dû normalement se passer ? Avais-tu sciemment décidé de me faire bousiller la gueule par le gars qui est dans le couloir, et qui n’attend qu’un signe, qu’un mot de ta part pour surgir de derrière la porte ? Cette porte que tu n’avais pas fermée comme d’habitude, que tu as laissée ouverte. Et comme j’étais surpris, tu m’as demandé de ne fermer que le verrou du dessus. Je suppose que c’est celui dont le gars dans la couloir a la clef. C’est ça que tu veux maintenant pour moi ? Tu veux me faire casser la gueule ? Et salement en plus, car j’ai ouï dire du travail que faisaient ces gardes du corps, il paraît que ce n’est pas beau à voir. C’est ça que tu veux me faire ? La gueule en sang et le corps couvert de coups ? Tu sais que je ne suis pas encore complètement remis de l’accident que j’ai eu l’année dernière. Tu veux me renvoyer à l’hôpital ? Parce que je t’aime ? Parce que je t’écris des lettres d’amour ? Parce que je suis gentil avec toi ? Parce que je veux m’occuper de toi ? Parce que je t’offre des roses ? Parce que tu es importante dans ma vie ? Parce que je ne te cache rien ? C’est ça qui t’énerve ? Que je te dise tout ? Que je ne cache rien ? Que je n’ai rien de la pudeur ou de l’hypocrisie que les hommes ont habituellement ? Si cela te déplaît, il ne tient qu’à toi de t’en défaire entièrement de suite. Je te rappelle encore une fois que je ne fais que répondre au défi que tu m’as lancé. Tu veux que j’abandonne et que je déclare que j’ai perdu ? C’est toi qui m’as lancé ce défi, c’est toi seulement qui peut m’en relever. Tu peux même me dire que tu n’as rien fait du tout, que tu ne m’as lancé aucun défi, tu peux me dire ce que tu veux, je m’arrêterai à l’instant précis où tu m’en donneras l’ordre. Donne-moi cet ordre sous la forme que tu veux, dis-moi que tu ne veux plus que je t’aime, ce que tu veux, que je t’ennuie avec mon amour et qu’il faut que j’arrête. Je te promets que tu n’entendras plus jamais parler de moi comme amoureux. Je reviendrai même te voir comme un vieux client, on oubliera tout ça. Plus de lettres d’amour, plus de « Je t’aime et je veux t’épouser ». On fera comme avant ou on ne se verra plus du tout, je te le promets. Mais dis-le-moi clairement. Libère-moi de mon engagement de façon claire et précise. Pas de « Essaie de m’oublier ». Non, non, pas ça. Pas de truc qui fasse que je n’ai pas été à la hauteur du défi. Tu parles d’un amoureux celui qui arriverait à oublier son amour en essayant comme ça ! Reconnais que c’est toi qui n’es pas à la hauteur du défi que tu m’as lancé. C’est toi qui ne fais pas le poids. C’est toi qui faiblis dans la montée, c’est toi qui craques, pas moi. Tu voudrais que je m’avoue vaincu, que je renonce, que j’avoue que j’étais un menteur, que je n’en étais pas capable ? C’est ça que tu me demandes ? Tu me demandes de me trahir, de me parjurer devant mon destin éternel d’amoureux ? C’est impossible cela, Patricia. Tu devines bien que je ne suis pas un homme ordinaire ou, qu’en tous cas, je ne me prends pas pour un homme ordinaire. Je suis, ou je me prends pour une espèce d’aristocrate. Je crois que c’est pour ça que tu m’as lancé à moi cet appel. Et c’est justement parce que je suis ou que je me prends pour une espèce d’aristocrate qu’il y a certaines lâchetés qu’il m’est impossible commettre. Je crois que tu me comprends, ma Patricia, ma patricienne, ma princesse du Bas-Empire Chrétien et Romain.

Tu n’as qu’à dire que tu veux que je redevienne un client comme avant ou que tu ne veux plus me voir, et cette histoire sera terminée. Je ne peux pas la terminer à ta place, je ne peux pas avoir la lâcheté que tu me demandes, je ne peux pas arriver à essayer de t’oublier ! On parle d’amour, Patricia, pas de crêpes ! Libère-moi de mon engagement, de mon serment envers toi. Il te suffit de me dire que je suis libre de tout ce que j’ai pu imaginer à ton sujet. C’est à toi de me le dire. Alors dis-le ou laisse-moi continuer ce que tu m’as demandé d’entreprendre sans me menacer de me faire salement casser la gueule. Là aussi, tu peux dire que tu ne m’as jamais menacé de me faire salement casser la gueule. C’est encore moi qui invente ! Je connais quand même suffisamment les femmes pour comprendre ce qu’elles veulent dire dans ce qu’elles ne disent pas, et pour réaliser la menace très sérieuse à laquelle j’ai échappé de justesse la dernière fois. Je me suis engagé envers toi à être un amoureux loyal, plutôt dans le genre charmant, pas à être un connard qui se retrouve la gueule en sang. Si je cours encore une fois le moindre danger de ce genre, si j’estime qu’il y a la moindre menace sur moi, je considérerai que je suis plus que légitimement relevé de tout engagement envers toi, je t’oublierai, et vite, et complètement ! J’ai accepté de jouer à un certain jeu d’amour avec toi ; si tu bafoues les règles élémentaires de l’honneur et de la loyauté, je suis prêt à déclarer forfait et à me retirer immédiatement.

Ce que je viens de t’écrire sur tes appels de phare, tout ça tu le sais, même si tu ne veux pas le reconnaître. Tu ne peux pas dire le contraire parce que tu sais que tu mentirais, et parce que nous sommes partis pour jouer franc-jeu, toi comme moi. Maintenant, tu peux me mentir, tu seras la seule à le savoir, mais tu n’auras plus l’excuse vis-à-vis de toi-même d’être franche. Tu sauras qu’en plus tu es une menteuse, que ta parole, c’est du vent, et que tu te mens même à toi-même. Tu reconnaîtras enfin ce que je veux te faire comprendre, c’est que les gens passent le plus clair de leur temps à mentir, non pas aux autres, un petit peu de temps seulement à mentir aux autres, mais surtout tout le plus clair de leur temps à se mentir à eux-mêmes. Tu reconnaîtras enfin que tu n’as pas arrêté de te mentir à toi-même depuis x temps ! A partir de là, on pourra commencer à se dire enfin des choses, à arrêter de se mentir. Je t’aime, je t’aime, je t’aime, Patricia. Je ne te mens pas. Je t’aime énormément, j’ai absolument besoin de toi, de ta présence, de ton existence, de ta vie, de toi. Tu me manques au point que ton absence est une déchirure qui me détruit, qui me ronge lentement, qui m’anéantit, qui me rend fou, qui me donne envie de mourir pour que ça s’arrête. J’ai vraiment envie de mourir parce que doute fort que tu traverseras la rue, que tu franchiras la porte. Je crois que tu vas rester là où tu es parce que la force d’inertie qui est sur toi est un obstacle pratiquement insurmontable. Je crois que tu ne vas pas aller vers moi, et c’est pour ça que j’ai envie de mourir. Je ne mourrai pas, d’abord parce que ma religion m’interdit dont celui-ci ne fait apparemment pas partie, sauf « ordre exprès du Saint-Esprit », comme il me semble l’avoir lu ou entendu quelque part. Je ne suis pas dans la position d’un résistant ou d’un soldat qui risque de parler sous la torture, ou quelque chose de ce genre, je n’ai donc pas droit au suicide parce qu’une femme ne m’aime pas. Il est d’ailleurs heureux que presque toutes les religions ou les systèmes moraux réprouvent ce genre de suicide. Je ne me suiciderai pas non plus parce que cela pourrait te faire de la peine, et que ce serait une peine sans retour, assez dégueulasse. Imagine que tu découvres que tu es amoureuse de moi en apprenant ma mort, je te ferais un cadeau plutôt empoisonné ! Je t’aime et je ne te veux que du bien. Il n’empêche que j’ai envie de mourir, de quitter cette vie où tu ne veux pas de moi, et où j’ai absolument besoin d’être aimé par toi. J’ai besoin de ton amour comme on a besoin de boire, de manger ou de respirer. J’étouffe complètement du fait que je te suis indifférent. Je t’adore et tu ne ressens rien pour moi, du moins c’est ce que tu me dis ou me laisse comprendre. Je ne veux pas te faire pitié. J’ai besoin de ton véritable amour de femme, de ton respect, de ton adoration, de ta fraternité, de ta complicité, de ton attachement, que tu me reconnaisses publiquement comme étant ton « mec », et même que tu me reconnaisses, toujours aussi publiquement, comme étant ton seul « Seigneur et Maître ». Cela a un petit goût moyenâgeux, bien dépassé, mais je crois que l’amour entre l’homme et la femme ne change en rien au fil des siècles. Cela pour dire que je ne peux faire appel à ta pitié pour ce que je désire de toi, c’est-à-dire ton amour dans l’admiration. La pitié n’est pas tellement compatible avec l’admiration !

Vendredi 29/05/98, 10 h du matin.

Je suis rentré de Tours. Ce boulot de merde est terminé, je t’en reparlerai tout à l’heure. J’ai commencé par rajouter « mon chausson aux pommes » à la dédicace du début de cette lettre. J’ai pensé dernièrement que tu ressemblais beaucoup à un chausson aux pommes. Tu en as la blondeur, le goût sucré, la douceur, et surtout l’envie que j’ai de te manger, te dévorer. Hum ! hum !... J’ai faim ! Je me lèche les babines rien qu’en pensant à toi, à tes petits seins, à tout le reste de ton corps, à tes lèvres, et tout et tout... Je t’aime, je t’aime. Je voudrais être un cannibale japonais ! Ne t’inquiète pas, je ne suis pas un malade ! C’est juste mon côté lion qui fait que j’ai un peu envie de te dévorer. Dans la réalité, je me contenterais de te lécher partout. J’aimerais aussi te caresser et te masser les pieds. Tu verras, c’est très agréable de se faire masser les pieds par son amoureux, c’est divin ! Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Il faut que j’arrête, pour le moment, de t’écrire car je suis à nouveau au chômage. Je commence par aller pointer à l’ANPE, et puis je me remets en quête de boulot. La galère ! Je comprends que tu fasses la pute, tu sais, parce que j’en ai marre de ces cons et de ces connes ! Marre, marre, marre ! Mais faut y aller. Je t’embrasse de tout mon cœur.

Lundi 01/06/98, 13 h 30.

Je n’ai plus envie de t’écrire comme avant. J’ai du mal à m’y mettre. Avant, je prenais un plaisir sans pareil à t’écrire ; aujourd’hui, je suis triste de penser à toi, triste d’essayer de t’écrire. J’ai failli pleurer hier soir tellement j’avais le cœur brisé. J’ai voulu venir te voir rue Blondel pour te montrer à un ami. J’avais envie qu’il te voit. Tu n’as même pas fait attention à moi. Je ne sais même pas si tu m’as vu. Pourtant, on est passé deux fois devant toi. Tu as fait comme si je n’étais pas là. Peut-être que tu ne nous as même pas vus à deux ou trois mètres de toi, en tous cas, tu n’en as pas montré le moindre signe. Je voudrais vraiment mourir. J’ai un chagrin incroyable et l’âme déchirée. Tu peux être contente, je n’ai jamais eu aussi mal. C’était horrible de passer à côté de toi sans que tu ne fasses attention à moi, comme si je n’existais pas, comme si j’étais un étranger, quelqu’un que tu ne connais pas. Je n’ai même plus de bonheur à t’écrire. Je me force comme pour accomplir un devoir, sans joie. Aucun bonheur, aucun amour, rien que des mensonges, rien que des jeux cruels, égoïstes, rien que de l’inconscience. Tu n’as jamais aimé qui que ce soit, Patricia, je le sais maintenant, et tu n’aimeras jamais. Tu es incapable d’aimer. Tu t’es mentie à toi-même pour ta bonne conscience avec de prétendus sentiments envers le père de ta fille, mais tu ne l’as jamais aimé, c’est impossible. Comment as-tu pu te prostituer pendant quatorze ans et croire que tu pouvais avoir une vie sentimentale de l’autre côté. Aucun homme ne peut supporter que sa bien-aimée fasse la pute, à moins d’être un maquereau. Or il n’était pas ton maquereau. Il y a longtemps que les filles comme toi n’ont plus de maquereaux. Vous travaillez à votre compte ; vos gardes du corps, ce sont vos employés, ils sont à vos ordres, vous les engagez et vous les virez comme vous le voulez ; vous avez pris en main les rênes de votre entreprise, c’est vous qui décidez en vrai petit comité d’amazones.

J’ai rajouté « mon aurore claire » à la dédicace de cette lettre. Malgré l’ennemi implacable que je discerne de plus en plus en toi, je vois aussi l’être merveilleux qui m’éblouit et dont je suis amoureux. Je pense à ce soldat de la Grèce ancienne qui tua une amazone au cours d’une bataille, et qui tomba amoureux de la morte en voyant son visage après lui avoir retiré son casque. Je suis dans le même état, je suis amoureux d’une morte. Car tu es morte, Patricia, tu es née morte. Tu vas sur tes quarante-trois ans et tu n’as jamais aimé de ta vie, la preuve en est que tu n’as jamais renoncé à la prostitution pour qui que ce soit. Si, pendant quatre ans, pour ta fille. Tu avais peut-être peur qu’on te la retire. Peut-être que le père ne sait pas que tu as recommencé à te prostituer. C’est peut-être pour cela que tu ne viens que le week-end, un peu comme en douce. Si j’étais le père de Julia, je ne te laisserais pas ma fille, sois-en persuadée. Elle est gâtée Julia, une mère prostituée et un père qui s’en fout apparemment. Tu es droguée de la prostitution, complètement toxico. En dehors de la puissance incomparable que te donne tout cet argent, 100, 200, 300, 500, voire 1.000 fois plus d’argent qu’un RMiste, tu aimes aussi ça. Tu aimes jouer avec le sexe et surtout avec le cœur des hommes, tu adores ça. Tu aimes jouer la belle, tu aimes les faire craquer, les rendre amoureux et leur soutirer le maximum d’argent. Il y a un peu moins qu’une dizaine d’années, une fille comme toi m’a dit que son record était de 30 000 F par jour. Trente mille balles, trois briques en une journée. Et toi qui me dis : « On le mérite cet argent ». Tu mérites quoi ? Tu sais ce que tu mérites ? Tu sais qu’une seule mort ne suffirait pas à rendre justice de ta prostitution. S’il y a plusieurs vies, tu sais qu’il faudrait que tu te réincarnes des milliers et des milliers de fois dans des corps misérables et souffreteux, et que tu meures dans des maladies d’enfance atroces. Qu’est-ce qui pourrait rendre justice du triomphe de ta prostitution et de ton renoncement à l’amour ? Les flammes de l’enfer ? Trop doux ! Trop gentil ! Pas assez cruel pour te réveiller de ton sommeil et de ton inconscience volontaires. Et puis j’ai l’impression que tu es de la même nature que les flammes de l’enfer, il te faut autre chose. Je ne sais pas ce qu’il te faut pour que tu prennes conscience un jour de ce que tu es et de ce que tu fais, mais il te faut autre chose que les simples flammes de l’enfer.

J’ai pris différentes décisions. D’abord j’ai décidé d’essayer de prostituer notre histoire d’amour, ou plutôt, mon histoire d’amour, parce qu’il ne saurait être question d’amour de ton côté, tu en es incapable. Je me réserve le droit d’essayer de faire éditer ou d’éditer moi-même ces lettres d’amour que je voulais écrire pour toi seule. Je me parjure parce que j’estime que j’ai le droit de reprendre cette parole vue les circonstances. Je ne veux pas te faire un chantage à l’édition, à l’étalement sur la place publique, je ne veux rien faire de tout ça. D’ailleurs cela ne te toucherait aucunement car rien ne peut t’atteindre, tu es totalement insensible, tu es totalement dénuée de cœur. Je n’interviendrai pas sur ta vie personnelle, je changerai mon nom, je prendrai un pseudonyme d’écrivain, Michel ROMAIN. Si j’arrive à le faire éditer ou à l’éditer moi-même, le livre s’appellera « Lætitia ». Voilà ce que j’ai décidé d’essayer de faire. J’avais peur, dès le début que j’ai commencé à t’écrire, de succomber à la tentation littéraire. Eh bien, j’y succombe ! Je ne crois pas que ce soit par vanité mais parce que j’aurais aimé lire un livre pareil lorsque j’étais plus jeune. J’aurais aimé que des femmes le lisent pour qu’elles sachent tout le mal qu’elles font aux hommes, pour que je puisse y dénoncer au moins une partie de leur méchanceté. Tu me serviras à cette œuvre, tu serviras à l’amour malgré toi. Ta méchanceté et ton incapacité d’aimer serviront au moins à quelque chose. Parce que tu n’es pas la seule, parce que les autres femmes sont pires que toi, parce que si je peux à la rigueur épouser une ancienne pute, il me serait impossible d’épouser une ancienne femme-flic ou une institutrice ou une cheftaine d’entreprise ou quoi que ce soit de féminin qui domine les hommes encore pires que toi ; parce que je ne suis pas le seul homme dans mon cas, parce que nous sommes bien un milliard d’hommes adultes sur la terre aujourd’hui à nous branler 5 à 10 fois par semaine parce que les femmes nous refusent totalement leur compagnie, nous refusent totalement leur amour ou nous font un chantage sexuel des plus abominables ; parce que vous êtes des centaines de millions de femmes à vivre seules, ou en micmac avec différents mecs dans des relations minables, des centaines de millions de femmes à nous faire la nique avec vos ceintures de chasteté d’amazones ou d’Asmodée, des centaines de millions de femmes qui ne rappellent jamais ou si peu, et qui nous tuent de la mort la plus effroyable. C’est pourquoi je me parjure envers toi, je vais essayer parjure envers toi, je vais essayer d’en appeler au peuple. Au nom de l’amour que j’ai pour toi, je demande au peuple de me rendre justice, et je lui demande de se rendre justice à lui-même de l’oppression sexuelle et amoureuse qu’il subit depuis si longtemps. Je ne dis pas que je réussirai, l’édition est un domaine où la prostitution sévit comme partout ailleurs. Les faux éditeurs, ce n’est pas ce qui manque sur la place de Paris. Et puis, oser élever la voix contre les femmes, c’est quelque chose d’impardonnable dans notre société occidentale. « Rien n’est jamais la faute d’une femme » disent les Anglais, qui vivent sous leur cravache depuis bien plus longtemps que nous, Français ; alors que tout est bien de la faute des femmes ! Oui, vraiment ! C’est quand même bien de ta faute. Personne ne t’oblige à faire la pute, personne ne t’oblige à vivre en solitaire avec la môme que tu as faite pour toi seule. Rien ni personne ne t’y oblige, de même pour d’autres centaines de millions de femmes, rien ni personne ne les oblige à nous faire tant de mal, à nous laisser tellement seuls, à nous infliger une sentence concertée pire que dix mille morts.

Nuit de samedi 06 à dimanche 07/06/98.

« Ne jetez pas vos perles aux pourceaux de peur qu’ils ne les piétinent et ne se retournent contre vous ». C’est sur ces paroles de l’Evangile que je médite en ce moment. A quoi sert-il de t’écrire sinon à provoquer ta haine et ta violence ? Tu fais plus qu’évidemment partie des pourceaux de la terre. Tout ce que je pourrais te dire, les plus beaux chants, les plus mots d’amour, tout cela ne peut que te rendre encore plus méchante. Et pourtant je t’aime. Je continue de prier pour toi, et pour Julia, comme si nous étions une famille ! Je prie pour notre santé à tous les trois. Quand vais-je arrêter de prier pour toi ? J’ai bien arrêté de prier pour Nathalie un jour. Je ne me vois pas arrêter de prier pour toi, je ne me vois pas non plus continuer. Alors j’oublie de prier, en douce... J’oublie aussi de t’écrire. Je passe mon temps à écrire dans ma tête mais je ne vais pas à l’écritoire, au micro-ordinateur qui le remplace. Tu me manques, tu me manques terriblement, et puis ce bonheur à portée de main si tu le voulais, si tu te décidais à remuer ton cul de merde, tout cela m’est de plus en plus insupportable. Tu préfères faire la pute, comme un milliard de femmes actuelles, tu préfères ton indépendance, tu nies tes devoirs envers l’homme. « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Donnons-lui une aide et une compagne qui sera tirée de sa chair. » Voilà encore un autre passage biblique qui n’a pas l’air d’évoquer la moindre responsabilité chez toi et tes sœurs.

Dieu a dit « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Alors les féministes sont arrivées, et elles ont dit : « Il est bon pour nous que l’homme soit seul, car ainsi nous pourrons le dépouiller de tous ses attributs et en faire notre esclave. Il sera prêt à tout accepter plutôt que de subir la relégation éternelle que nous lui infligerons pourtant quand même. » Ainsi un milliard de femmes de le Terre, ou plus, se sont mises à reléguer les hommes dans la solitude dix mille fois pire que la mort. Un milliard de célibataires, de célibattantes, de célitueuses, de célimeurtrières, de zombies femelles apparemment vivantes mais totalement mortes à l’intérieur. Sur le devant de la scène, quelques-unes unes des plus belles célimeurtrières font semblant de se donner aux mâles les plus en vue, aux princes de nos villes, à nos chers artistes, à nos points de mire, pour faire rêver et pour dissimuler l’inimaginable génocide concerté d’un milliard d’adultes mâles, l’incroyable réalité de l’extermination collective décidée plus ou moins tacitement par un milliard de femelles mille fois pires que leurs ancêtres femelles SS, gestapistes, KGBistes, gardes rouges ou amazones plus anciennes.

Toute cette haine, toute cette violence, tous ces mensonges, tous ces meurtres dissimulés, tout cela je le ressens en moi en une formidable douleur qui me transperce de part en part. C’est comme une Passion, c’est comme la Passion de Jésus sur le mont des Oliviers. Je suis malade, blafard, je transpire en étouffant de chaleur ; ensuite, je meurs de froid. Je prends des cachets pour dormir qui ont un goût dégueulasse. Et cela dure des jours et des jours, des mois, des années, des décennies. Toute une vie de passion... dur, dur... Tue-moi, Patricia. Rends-moi ce service. Mets fin à ce que je ressens pour ce monde dont tu es le symbole triomphant de l’ordure suprême. Vise-moi au cœur, s’il te plaît, car c’est là où la douleur est la plus forte, c’est là qu’il faut l’éteindre.

Comme je te l’ai dit, j’ai décidé de prostituer mon amour pour toi. Je vais essayer de vendre mes lettres d’amour pour en faire un livre. Je veux que, plus tard, ta fille puisse lire ces lettres et que cela lui donne un éclaircissement sur que qu’est sa super putain de mère. Je voudrais qu’elle devienne un jour militante islamique radicale, et que ce soit ta Julia qui te jette un jour un flacon de vitriol au visage, de façon à ce que tu ressembles un jour à l’horreur que tu es vraiment. Il est dans la nature des nouvelles générations de se révolter contre les précédentes. Je mets mon espoir dans les Julia de demain, je mets mon espoir dans les quelques filles de ce un milliard de mères, car elles vont en avoir des choses à renvoyer dans la gueule de leur super putains de mères féministes. Chaque génération juge la précédente, et celle qui viendra vous juger vous tuera quand elle aura compris de ce que vous avez fait à leurs pères. Il y a une prophétie attribuée au pape Jean XXIII qui dit quelque chose comme ça :

– Caïna : tu as beaucoup de filles mais pas de mère car tu ne sais être mère. C’est ta dernière fille qui te tuera, et les autres te renieront quand elles s’apercevront qu’elles sont comme toi.

Caïna est le féminin de Caïn qui a tué son frère Abel. Caïna est donc la meurtrière de son frère. Les féministes sont nombreuses (« tu as beaucoup de filles »), mais elles ne peuvent perdurer car elles ne peuvent savoir être mère après avoir tué ou éliminé les pères (« mais pas de mère car tu ne sais être mère »). « C’est ta dernière fille qui te tuera » : il s’agit du cycle qui veut que les civilisations fortement féminisées deviennent ensuite des civilisations de type islamique où les féministes expient pendant des millénaires ce qu’elles ont fait précédemment. La dernière fille devient donc militante islamique radicale, et égorge ou vitriole sa propre mère. Les autres prostituées féministes réalisent ensuite qu’elles n’étaient que des horreurs de femmes, que des monstres, comme toi, Patricia, fausse princesse ou princesse perdue, dégénérée, ou Lætitia, ou fille de joie, ou fille du désespoir, de la solitude, de la nuit, de l’horreur, de la dix millième mort.

J’en profite pour te montrer mon tout premier écrit te concernant. Il s’agit du début d’un scénario sado-maso que j’avais autrefois envie de soumettre pour te donner des idées, et réaliser ainsi quelques fantasmes avec toi, fantasmes monnayés, évidemment :

MICHEL ET LÆTITIA

Lætitia s’approche de Michel, et, d’une main légère, lui caresse la veste, la chemise, puis le haut du pantalon. Sa main glisse sur le tissu pour descendre vers l’entrejambe où elle s’empare, à travers l’étoffe, de la verge et des couilles de Michel qu’elle tâte vigoureusement.

— Michel, mon chéri, dit-elle, j’ai hâte de te voir entièrement nu. Tu veux bien te déshabiller complètement. Enlève tout, ne garde rien sur toi, s’il te plaît, et viens vite m’offrir ta bite et ton cul. Je vais en profiter pour retirer mes vêtements, moi aussi, comme cela nous serons nus tous les deux. Tu pourras bien voir mon ventre, mes cuisses, mes fesses et mes seins que tu adores. Et surtout, je serai plus à l’aise pour te donner le fouet de toutes mes forces. Tu sais que je transpire avec toi pour que tu sois battu à fond, comme tu aimes. Il y a longtemps que tu n’as pas été fouetté ?

— La dernière fois, c’était avec toi. Cela fait déjà plusieurs semaines.

— Michel chéri, j’aimerais que tu sois fouetté plus souvent, et surtout avec plus de régularité. C’est pour ton bien, tu sais. Si tu veux réaliser ton rêve d’être un jour ouvertement et totalement mon esclave, il faut que tu t’y mettes sérieusement. Ce n’est pas facile d’arriver à une soumission parfaite et naturelle. Désires-tu devenir l’esclave dont je serai la plus fière ?

— Oh oui, Lætitia, de tout mon cœur !

— Alors, il va falloir travailler avec plus d’acharnement. Aujourd’hui, je veux te passer la bite à la cravache de la base jusqu’au gland, et sur toute sa circonférence. Je veux que ta verge soit entièrement couverte de belles marques noires. La dernière fois, tu n’as reçu qu’un seul coup de cravache en plein sur ton sexe. Cela t’avait bien fait crier mais n’avait laissé qu’une seule et unique marque de ta maîtresse, une pauvre marque un peu trop solitaire ! Il faudra, dorénavant, que tu cries de plus en plus longtemps pour que nous arrivions à ce que les empreintes de ton esclavage nous remplissent tous les deux de fierté.

C’était le début d’une mise en scène sado-maso. J’aimerais que Julia, ta fille, la lise un jour, pour qu’elle sache ce que tu faisais avec tes clients. Pas vraiment, parce que depuis dix-ans que je te connais, tu ne m’as même jamais reconnu le droit de me faire appeler par mon nom. Tu n’as jamais prononcé une seule fois « Michel » en t’adressant à moi. Tu emploies toujours le tutoiement ou d’autres formules qui te permettent de nier totalement l’existence de l’être à qui tu ne t’adresses même pas véritablement. Ce pour cela que j’ai gardé ma cigarette non allumée au moment où tu allumais la tienne. Nous étions assis l’un à côté de l’autre, et tu as éteins ton briquet sans même voir que je penchais vers lui ma cigarette. Non seulement tu n’es même pas là, mais les autres non plus ne sont pas là autour de toi. Tu vies dans les limbes, tu es déjà dans le royaume des morts, pas vraiment au paradis, plutôt en enfer. Tu ne vois que ton nombril, tu ne penses, quand tu penses ! ce n’est jamais qu’à toi. J’attends le moment inéluctable où ta fille arrivera à l’âge de conscience et où elle commencera à me venger, à te traiter comme tu mérites de l’être, à nier ton existence, à te renier.

Que Julia sache que comme tu devinais avant que je te le dise, que j’étais amoureux de toi, tu en profitais pour doubler ou tripler les prix. Quelle fasse de même ! Si tu l’aimes, que Julia te fasse payer deux ou trois fois plus fort. Les autres filles du quartier font la domination à partir de 400 ou 500 F, toi tu me prends 1 200 F pour commencer, pour quelques coups de cravache. Ensuite 400 F pour me mettre le gode dans l’anus, avec pas forcément beaucoup d’adresse ni d’érotisme. Ça fait 1 600 F ma dernière séance de domination avec toi. Tu trouves que tu les mérite ? A l’époque, j’étais au RMI à 2 100 et quelques francs par mois. Et toi 1 600 F en 45 minutes. Tu les mérites ? Vous les méritez ? En tous cas, moi je ne te prendrais pas un centime pour t’attacher, te fouetter et t’enculer.

C’est peut-être pour ça que tu ne veux pas que je parle à d’autres de tes clients. D’abord je parle avec qui je veux dans la rue. Cela m’est arrivé une seule fois de parler avec un mec qui venait de monter avec toi. C’était parce qu’il attendait son copain. Ils avaient fait un deal à deux. J’ai su que tu te faisais troncher pour 350 F. 700 F les deux, tu fais les tarifs de groupe. Je ne t’ai jamais donné moins de 500 F, tu as toujours essayé de m’en soutirer plus. Il y a une bonne dizaine d’années, tu m’as soutiré 2 000 F pour faire une domination avec une de tes copines. L’autre fille n’a pratiquement rien foutu, sans doute voulais-tu l’initier. Finalement, elle était de trop, il n’y avait que toi qu’y m’intéressait. Toi, la si belle Barbie, parce que tu étais superbe physiquement, et que tu le savais. Tu dégénères un peu avec l’âge mais tu sais t’entretenir, tu as toujours ta belle petite gueule de madone même si tu as pris un peu beaucoup de ventre. Tes seins sont devenus différents, ils sont tombés, mais ils restent très beaux.

Je sais que le travail que j’opère sur toi ne me profitera pas directement. Moi, je n’aurai droit qu’à ta haine. Un autre mec qui viendra derrière pourra profiter de la voie que j’ai ouverte, mais pas moi. Il en profitera à ma place. Tu te serviras de lui pour me donner tort en ton fort intérieur alors que tu sais que j’ai raison. Tu seras gentille avec lui, tu voudras te prouver à toi-même que tu es capable d’aimer quelqu’un, et c’est lui qui en profitera. Fadaises ! Fadaises, Patricia ! Tu ne l’aimeras pas plus lui que tu n’as jamais aimé personne de toute ta vie. Pas même le père de Julia que tu prétendais aimer alors que tu continuais à faire la pute à ton compte, pas même Julia que tu hais à l’avance du miroir de toi-même qu’elle te montrera dès qu’elle sera en âge de le faire.

Méduse, une des trois sœurs gorgones, fut vaincu par un bouclier transformé en miroir. Celui qui regardait Méduse était pétrifié. Le héros qui la vainquit fit reluire le dessus de son bouclier, si bien que lorsque Méduse croisa des yeux le bouclier, elle se vit si horrible qu’elle se pétrifia elle-même. Ces lettres à toi adressées, et maintenant aussi à tes sœurs féministes, indépendantes, célitueuses, etc., ces lettres sont une espèce de bouclier que je fais reluire pour qu’il renvoie vos images, et pour que vous puissiez vous y pétrifier vous-mêmes.

Je voudrais que la Lætitia s’y pétrifie, et qu’elle laisse enfin vivre Patricia que je continue d’aimer envers et malgré tout. Malgré les risques que je prends, malgré l’argent démentiel que je dépense en pure perte, malgré les menaces de violence dissimulées avec tes gardes du corps, malgré la violence que tu pourrais très bien faire toi-même. Je n’ai jamais frappé une femme depuis mes bagarres d’enfance, mais, quand je te vois, et quand je t’entends me parler sur le ton de la dernière fois, je pense que tu dois largement être capable de casser la gueule à un mec. Les bottes que tu portes doivent être prévues pour ça, d’ailleurs. Un peu de sado-maso érotique, c’est excitant, mais le cassage de gueule, cela n’a rien à voir. Et je sais que tu es capable de le faire, d’autant que je suis encore handicapé physiquement aux chevilles. Je me remets régulièrement. Je fais beaucoup de piscine en ce moment, c’est bon pour l’ensemble de ma santé, et je crois que cela fait aussi du bien à mes talons et à mes chevilles.

Je discute donc de ce que je veux et avec qui je veux dans la rue. Tu te prends pour qui pour m’interdire de parler avec telle ou telle personne ? Tu as des droits sur moi ? Lesquels ? Au nom de quoi ? Si tu veux me menacer de ne plus monter avec moi, eh bien, ne monte plus, cela me fera faire des économies ! Je ne suis pas ton mari, je n’ai pas de comptes à te rendre sur mes relations.

Tu ne veux pas non plus que je parle de toi avec d’autres filles. Ben voyons ! Et puis quoi encore ? Je peux quand même leur demander si tu es là et où est-ce qu’on peut te trouver. Tu dérailles ou quoi ?

Tu ne veux pas que je fasse appel à des détectives privés pour te retrouver. Eh bien, tu vas être servi ! Je ne ferai pas appel à ce genre de services. Si tu disparais de la rue Blondel, eh bien tu disparaîtras totalement enfin de ma vie ! Je ne demande que ça. Disparais, et vite. Que je t’oublie, que je ne te voie plus, que je ne pense plus à toi, que j’arrête de me rendre malade. Moi qui croyais faire preuve d’amour envers toi en te disant que j’étais prêt à aller jusque là pour toi. Pauvre bête d’homme que j’ai été. Dépenser des fortunes dans une agence de détectives pour une minable pute comme toi : non, fini, j’arrête mes conneries. Si tu veux me retrouver, tu gagnes tellement d’argent en faisant la pute, alors à toi de payer l’agence de détectives. C’est pourquoi je ne mets plus mon adresse. Je compte déménager je ne sais pas quand. Le portable est un Mobicarte, le numéro peut changer. A toi de te démerder, mais comme tu n’auras jamais le cran de te relever de ton trottoir de pute, comme tu resteras toujours une poufiasse de dernier étage, une pétasse qui se fait troncher à 350 F aujourd’hui, à 300 demain, 250 après-demain, 200 après-après demain... Tu arriveras peut-être un jour à l’endroit où je loge, il y a des filles à 30 F la passe, si elles sont noires, et 50 F les autres. Tu pourras peut-être avoir 75 F si tu restes bien blanche, et bien blonde !

Je ne mets plus mon adresse parce que tu ne connais même pas mon nom. Tu ne sais même pas que je m’appelle Michel. Michel ? Ça te dit ? Pourquoi ne m’appelles-tu jamais par mon nom ? Pourquoi tu m’ignores, pourquoi tu m’anéantis à ce point ? Pour ne pas faire d’impairs avec d’autres prénoms de clients, mais quand même, avec le temps. 19 ans qu’on se connaît, et tu ne sais même pas mon prénom Michel. Tu réalises l’horreur ? la négation des autres qui est en toi ? Putain, Michel, Michel, Michel, c’est moi ! ! ! ! Ouh-ouh ! Je m’appelle Michel. Tu te réveilles un jour ?

Je ne peux même plus te dire « je t’aime, je t’aime, je t’aime » comme autrefois. Je te hais, je te déteste, je te maudis, je t’exècre, et je t’aime encore malgré tout.

Tu ne veux plus que je parle ou que j’écrive sur Julia. Eh bien ! là aussi je fais ce que je veux. Je ne suis pas tombé amoureux de Lætitia, celle-là c’est une merde. Celle dont je suis tombé amoureux, c’est de Patricia, la mère de Julia. Julia, c’est la seule chose que tu aies faite de bien. Toi sans Julia, tu ne vaux rien, moins qu’une merde, moins que la dernière des dernières des poufiasses. Par contre j’ai eu l’illusion la première fois qu’on s’est revu après tes quatre années d’absence, j’ai eu l’illusion, quand tu as parlé de ta fille Julia, que tu étais capable d’aimer, que tu étais une grande amoureuse. Tu parles ! Tu m’as complètement berné. Je me suis monté tout un film où je te voyais sous l’emprise d’un maquereau alors que c’était toi que refusais de renoncer à la prostitution, et que tu as réussi à te faire faire un enfant, cette Julia, pour te donner raison de ton amour de merde, de ton amour de pute qui ne voulait pas décrocher de ce trottoir où tu es tellement bien, tellement heureuse, tellement riche, tellement à l’aise avec les copines dans votre petit royaume de la rue Blondel que vous gouvernez en comité d’amazones avec vos mercenaires de gardes du corps.

Julia, ce n’est pas l’enfant de l’amour, c’est l’enfant de ta prostitution irréductible et de ta dissimulation. Pour elle seulement tu as arrêté le trottoir quatre ans. Et si tu envisages d’arrêter, c’est parce que tu as peur qu’on te la prenne. Ces quatre années d’arrêt, ça n’a jamais été pour élever ta fille ! Du bluff ! C’était pour des raisons de sécurité parce que tu avais peur que la DDASS (direction départementale des affaires sanitaires et sociales) ou son père naturel te la prenne. Ta parano des détectives privés vient sûrement de là. Qu’est-ce que ça fait si j’ai ton adresse ? Rien. Je vais aller frapper à ta porte et tu ne vas pas m’ouvrir. Ça change quoi ? Ton téléphone ? Toutes les filles comme toi filtrent leurs appels sur répondeur. Et puis la liste rouge, et puis encore changer de numéro toujours en liste rouge. Alors cela me servirait à quoi, sinon la crainte que son père réclame la garde permanente de sa fille parce sa mère fait à nouveau la pute, et qu’il l’obtiendrait s’il le voulait. Sans parler de la DDASS qui peut, elle aussi, te la retirer. C’est moins facile pour la DDASS, et c’est plus rare, mais si tu tombes sur une emmerdeuse qui n’aime pas les putes, au moindre rhume, au moindre bobo à la fillette, allez-hop, négligence parentale avec dossier de l’activité de prostituée de la mère. C’est probablement pour cela que tu as choisi de ne te prostituer que dans les 3 nuits de week-end et pour deux ans maximum, c’est ce qu’il y a de plus discret, n’est-ce pas ? Chaque jour tu dois trembler de peur qu’une autorité quelconque vienne enlever ce qui est devenu ta raison de vivre, ton excuse, ta justification vis-à-vis de toi-même. Julia en elle-même, tu t’en fous. Mais toi, tu en as absolument besoin sous peine de te voir aussi horrible que tu ne l’es vraiment. Julia c’est la justification de l’amour bidon que tu as prétendu avoir eu pour son père tout en te faisant troncher par n’importe qui tous les soirs pour du fric. Tu n’as jamais aimé personne. Tout ce que tu n'as jamais aimé, c’est ta petite gueule, ton petit cul, ton petit corps que tu savais adorable, ton visage merveilleux, tes yeux bleu clair magnifiques, et le fric, le fric, le fric... Ah ça, le fric ! Tout ce fric que tu sais prendre aux hommes. 10 000, 20 000, jusqu’à 30 000 F par jour ! Entre 300 000 et 500 000 F par mois ! Tu le mérites ! Tu te fous de la gueule de qui ? Ce que vous méritez, c’est une dictature islamique. Et c’est ce qui va nous tomber dessus un jour ou l’autre, forcément, inéluctablement, ça prendra le temps que ça prendra mais cela arrivera obligatoirement, à cause de salopes d’ordures féministes, de célitueuses et de putains de ton espèce.

Je t’aime, je t’aime, je t’aime, je suis prêt à tout pour toi, mais toi, tu as décidé de te ranger du côté des pires des criminelles. Les pires, ce sont celles qui ne font rien, celles qui se contentent de ne rien faire. Celui qui vit est forcément demandeur ; pour le tuer, il suffit de ne pas répondre à ses demandes, c’est-à-dire de simplement ne rien faire. Déjà un milliard de femmes qui se sont mises à ne rien faire. C’est la position la plus facile. Jusqu’à ce qu’arrive l’islam, et il arrive... Il commence à faire du bruit. Va faire un tour à Alger et dans les environs pour voir ce qu’il advient de celles qui se contentaient de simplement ne rien faire aux hommes. On en égorge plusieurs dizaines, parfois plusieurs centaines par jour, avec leurs enfants, avec leur Julia dans les bras, qu’on éventre aussi. Voilà ce qui va arriver à plus ou moins long terme ; Tu ne le verras peut-être pas, mais il est sûr que Julia le verra. Alger n’est qu’une banlieue de Paris.

Hier, je suis venu te voir. Tu n’as même pas voulu te lever pour me faire la bise, tu as préféré rester assise sur ton trottoir de pute. Pas trop d’effort... Je te faisais peut-être honte parce que j’avais avalé cinq cachets de somnifères et que je n’arrivais pas à dormir parce que je pensais à toi et que je savais que tu étais là, que c’était ton jour de début de semaine. J’ai failli me faire dépouiller un peu plus loin par une bande de jeunes qui voulaient me faire les poches. Il y avait surtout des noirs, très jeunes. Je cherchais ma voiture et je ne savais plus où je l’avais garée à cause des somnifères. En plus j’ai mal aux jambes ces temps-ci, ce qui fait que j’avais peut-être l’air d’un ivrogne. Désolé de te faire honte devant tes copines ! Mais enfin, c’est quand même toi qui es là assise sur ton trottoir de pute, et c’est quand même moi qui ai honte de toi. Je voudrais aussi que tu saches que je viens te voir non plus en client depuis que tu es revenue et que tu m’as parlé de Julia, mais que je viens en amoureux. Je ne suis plus ton client, quoi que tu en dises, je suis ton amoureux, ton amoureux maltraité, vilipendé, l’amoureux sur lequel tu pisses et tu chies.

J’attends que tu refuses de monter avec moi ou que tu ne lises plus mes lettres. Celle-ci est peut-être la dernière. J’ai suffisamment pour faire un bon bouquin. J’aime les livres épais. A une époque, je n’entamais pas un roman de moins de trois tomes. J’aime avoir le temps de vivre avec un livre, avec une histoire, il me faut un texte assez long. Je sais que ton arme ultime sera l’habituel ne rien faire. Tu ne vas rien faire, tu ne vas pas bouger un petit doigt, tu vas continuer à me mépriser, à m’envoyer tes ondes de haine, à me détester. Je crois maintenant que tu n’es pas capable de faire autre chose. Comme toutes les femmes, tu n’es même pas capable de traverser la rue pour retrouver l’homme que tu prétends aimer de tout ton cœur. Non, tu es juste capable d’attendre que les choses se passent, perchée sur ton cul, sur ton rebord de vitrine où tu me fais tellement honte, sur ton bout d’escalier ou de trottoir. Je t’aime, je t’aime, je t’aime, mais j’ai décidé de fixer une limite temporelle à cette histoire minable à sens unique. Tant que tu le voudras bien, je continuerai à monter de temps à autre avec toi, et je te donnerai tes 500 F, tes 500 F de l’horreur. Cela jusqu’à la fin de cette année 1998. A partir du 1er janvier 1999, je ne monterai plus jamais avec toi, je ne te donnerai plus jamais l’argent de la ta honte. J’estime que j’aurai fait mille fois plus que le plus courageux des amoureux. Fais-en seulement le millionième pour moi, tu en serais incapable. Tu me dis que tu n’écris pas. Ouaf ! ouaf ! ouaf ! J’aimerais voir trois mots écrits par toi, histoire de voir s’il y a moins de quinze fautes d’orthographe. C’est fini l’époque de « L’Ange Bleu » avec Marlène Dietrich et le professeur d’université fou amoureux d’elle, et qui finit en pitre faisant « cocorico » dans son spectacle. C’est fini ça. On a eu le sang de la Deuxième Guerre mondiale pour dissimuler et nettoyer les humiliations subies par les hommes de cette époque. Je ne serai pas le gentil client que tu me proposes de devenir plus tard. Pour faire quoi ? Pour faire « cocorico » dans ton cirque ? dans ton spectacle ? dans ta bande d’amis ? Je m’épargnerai de connaître tes fréquentations. Tes soi-disant copains et tes copines qui semblent, à tes dires, emplir ta vie et meubler ta solitude, la racaille que tu fréquentes, je ne viendrai pas me joindre à elle pour faire « cocorico ». Elles sont belles tes copines ! Plus menteuses et plus méprisables les unes que les autres. Et toi qui ose me dire que j’ai eu de la chance de tomber sur toi, parce qu’avec une autre elle en aurait profité. J’ai vachement de chance ! Déjà les moins pourries, elles se sont barrées avec des clients qui avaient l’air plus honnête que les autres. Tu sais bien que tes copines sont les pires des ordures, et tu sais aussi que tu es la pire d’entre elles ! N’est pas, « La petite Lélé ». Quant à tes copains, ceux qui supportent de fréquenter une pute comme toi, je n’ai pas tellement envie de voir cette racaille d’hommes, je te la laisse, c’est ce que tu mérites.

« Qui se ressemble, s’assemble », la putain que tu es s’assemble avec la racaille des voyous de ton espèce. Joli tableau, joli fête, jolie princesse. Tu dois régner sur tout ce beau petit monde ! Ton royaume, princesse Patricia ! La cour des miracles ! Et là, tu es bien ! Tu n’as besoin de rien, de personne, tu ne demandes rien.

Alors adieu, ou presque, Patricia, mon amour, ma chérie, mon adorée, parce que moi je te demande tout, tout, tout.

DONNE-MOI TOUT

1   Plutôt que de me dire :
« Je dois être folle à lier »,
Plutôt que de m’écrire :
« Mon amour, j’ai peur de tell’ment t’aimer »,

Plutôt que de m’apprendre
A jamais te comprendre,
Essayer d’éclaircir
Des mystères si grands que tu voudrais les fuir,

Pont 1   Au lieu que tu te rendes,
Quand ta raison demande
Les gages de vérité
Qui t’empêcheraient de douter,

Refrain   Donne-moi tout,
Tes larmes d’innocence, pour moi, laisse-les couler !
Donne-moi tout,
Jusqu’au fond de ton cœur, oh oui, laisse-toi m’aimer !

2   Plutôt que de t’attendre
A des heures calmes et tendres,
Plutôt que d’étouffer
La passion dans ton âme écartelée,

Plutôt que de gémir,
Refusant de souffrir,
Espérant retrouver
La paix intérieure qui t’a abandonnée,

Pont 2   Lorsque tout se dérobe,
Que tes pieds sous ta robe
S’enfoncent dans le plancher,
En continuant d’avancer,

Au refrain.

Instrumental sur couplet. Au pont 1.

Au refrain.

Fin   Laisse-toi m’aimer-er-er ! Laisse-toi m’aimer !

Adieu, mon amour, Patricia chérie. Il faut que je m’habitue à te dire adieu. Je ne serai pas allé plus loin que de provoquer chez toi un peu de gêne quand tu as monté dernièrement l’escalier devant moi, et que tu as essayé nerveusement de faire redescendre un peu ta jupe tellement courte, tellement indécente devant les yeux de l’homme qui t’aime et qui t’offre sa vie. Que veux-tu ? La règle veut que l’homme se tienne toujours vers le bas de l’escalier de façon à pouvoir retenir la femme en cas de chute. Il est donc derrière elle quand elle monte, et devant quand elle descend. Je voyais toute l’impudicité de ta tenue, et, pour la première et peut-être unique fois, j’étais content que tu en éprouves un tout petit peu de honte. Seulement je ne crois plus en toi. Je pense que tu es irrécupérable, que tu ne changeras pas. Il faudrait déjà que tu te réveilles. Mais comment réveiller une prostituée avec un baiser de prince charmant puisque les prostituées n’embrassent pas ? Cela les contes de fée ne le disent pas.

Il n’y a pas de réponse. Il n’y a rien. Il n’y a que la mort. J’ai trop pensé à mourir, à me suicider devant toi dans la rue Blondel, à me tirer une balle de pistolet dans la bouche dans ton petit studio pour qu’il y ait plein de taches de sang et de cervelle sur les murs, pour que tu sois obligée d’arrêter de faire la pute au moins pendant le temps du nettoyage, quoique tu serais tout à fait capable de faire des passes dans la chambre d’à côté pendant qu’on nettoierait mon cadavre, pour que tu sois obligée d’arrêter de te prostituer au moins le temps de remplir les formulaires de déclaration de la police, j’ai trop pensé à mourir pour que tu reviennes à la vie, pour que ton âme ait une chance, pour que tu ne sois pas éternellement perdue, damnée, monstrueuse. J’ai trop pensé à mourir, je n’ai pas envie de m’immoler pour toi, même pour ton âme. Je crois que je sacrifierais beaucoup en échange de bien peu, ma mort serait un marché de dupe. Je te laisse continuer à faire d’autres victimes. Je dois reconnaître mon impuissance et le supporter. Je suis aller jusqu’au bout de ce qui était possible. Je ne peux pas faire une histoire d’amour à moi tout seul. Un seul mot, un seul geste de toi et tout changerait. Mais tu ne le feras pas. Tu n’as jamais aimé, alors ce n’est pas maintenant, à presque 43 ans, que tu vas t’y mettre. Si tu n’as jamais aimé un homme, tu n’en aimeras jamais. Tu ne peux pas aimer. Peut-être parce que tu as eu la malchance d’être si belle, et de recevoir tellement d’amour à cause de ta beauté, que tu n’as jamais pu en donner ni même en avoir qui venait de toi. Ton amour pour Julia n’est qu’un mirage, une illusion. Les années vont passer et le temps te fera apprendre sa dure leçon. Ce n’est pas moi qui pourrais te l’apprendre. C’est le temps, les événements, les choses, l’histoire, la violence qui monte doucement mais sûrement, ces gamins qui viennent de plus en plus nombreux et de plus en plus souvent dans vos rues chaudes, et qui vous font comprendre que vous ne leur ferez pas ce que vous nous avez fait, c’est tout ça qui t’apprendra, pour peu qu’il y ait quelque chose à apprendre.

Quant à moi, je pense que c’est moi qui n’ai pas eu de chance de tomber sur toi, de tomber amoureux de toi. Je crois que j’aurais eu un peu plus de chance avec n’importe quelle autre femme, même une prostituée. Il a fallu que je tombe sur toi, la reine des putes de Paris et la plus redoutable. Tant pis pour moi ! On ne choisit pas de qui on tombe amoureux. J’ai joué ma partie, je t’ai montré ce qu’un homme était capable de faire pour l’amour d’une femme, pour ton amour. Je suis allé jusqu’au bout. Je n’ai pas fléchi. Je reste sans tâche, fidèle et magnifique, c’est-à-dire toujours égal à moi-même devant mon destin éternel d’amoureux, et je sors autant grandi de cette passe d’armes amoureuse que tu en sors réduite, dévoilée, vaincue, humiliée et plus minable que jamais. Ce n’est pas ce que je voulais t’apporter mais c’est la réalité du peu que tu m’as donné et de tout ce que tu m’as refusé.

Nuit de dimanche 07 à lundi 08/06/98, 1 h du matin.

Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Je t’ai vue. Pour une fois, tu n’as pas été trop méchante avec moi, tu es même venue parler avec moi, même si c’était surtout pour avoir ta place pour t’asseoir sur le bord de la boutique. Enfin tu as été un peu gentille, tu m’as fait une bise, tu aurais pu me laisser t’en faire une deuxième. Chez moi, la bise, c’est deux allez-retour, ça fait quatre bises en tout. On ne radine pas sur les effusions, ça permet de se sentir, de se respirer, c’est une vraie bise, une vraie embrassade, pas un truc de faux-cul pincé où l’on tend sa joue en regardant ailleurs. En parlant avec toi, j’ai pu sentir ton parfum, ta présence. J’avais un peu les larmes aux yeux. Voilà que je vais me mettre à chialer devant toi dans la rue, maintenant ! Bouh-ouh ! J’ai en un gros gros chagrin ! Je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aurai, je m’en fous que tu ne veuilles pas de moi, ça ne fait rien, je t’enlèverai un soir, par une nuit sans lune, je te ligoterai et te jetterai sur mon fier destrier, et en avant dans la nuit... Tu es faites pour moi comme je suis fait pour toi, mais tu ne le sais pas encore, tu ne le comprends pas encore. Tu me dis que parce que tu es une pute, tu n’es pas une fille qu’on épouse. Moi je te dis que justement parce que tu es une pute que tu es une des dernières filles encore épousables. Tu ne voudrais tout de même pas que j’épouse une de ces merdes que sont les nanas d’aujourd’hui ? Que j’épouse une avocate ? une femme-flic ? une gardienne de prison pour homme ? la femme juge d’instruction qui m’a mis en prison ? la femme juge qui m’a condamné à trois ans de taule ? la directrice de prison qui m’a condamné au mitard, c’est-à-dire à la torture ? la directrice de la boîte qui vient de me virer ? une institutrice qui donne des colles aux garçons ? une surveillante qui paye ses études en donnant aussi des colles à des garçons ? Tu voudrais que j’épouse une de ces salopes qui commandent, punissent et torturent les hommes dans la vraie vie, pas avec des petits coups de cravache d’opérette, mais avec de vraies armes, de vrais pistolets, de vrais fusils, de vraies menottes, de vraies prisons, de vraies tortures ? C’est ça que tu veux que j’épouse à ta place ? Eh-oh ! ! ! Réveille-toi, le monde a changé. Si je viens te voir et que je te demande ta main, c’est parce que ce n’est vraiment plus possible d’épouser une femme ailleurs. Tu comprends ça ? Tu comprends que les autres femmes sont cent fois pires et cent fois plus putes que les filles comme toi ? Tu comprends que c’est vrai, dans la vraie réalité, la vraie vie, le vrai pouvoir. Tu comprends qu’elles nous ont entièrement sous leur domination implacable, et qu’il n’est pas question que je donne mon cœur et mon corps à l’une de ces horreurs ? Je t’aime, toi, Patricia (ou Lætitia si tu préfères, mais je t’ai dit que je détestais Lætitia maintenant). Je t’aime, je t’aime, je t’aime... Je voudrais t’embrasser, respirer ton parfum. J’espère que la fille avec le grand chapeau à poils t’a donné la rose qu’on est allé chercher pour toi au quartier latin. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Je te couvre de baisers. Fais-moi un enfant, Patricia. Rien qu’un tout petit, tout tout tout petit. Je ne t’en demande pas un grand, juste un tout petit, minuscule ; Tu peux bien me faire un tout petit bébé minuscule, tu peux bien faire ça pour moi. Si tu veux, je te le paye, mais il faudra me faire crédit, étaler les paiements. Je t’aime, mon amour, mon adorée, et je voudrais un bébé de toi. Rien qu’un (pour commencer), tout petit, te dis-je. Je t’adore. Je t’embrasse partout et de partout. Je te fais tout plein de bébés, dans tes yeux, dans tes narines, dans tes seins, sur tes joues, je te fais des bébés partout. Qu’est-ce que je serais fou de joie si tu étais enceinte de moi, tu ne peux pas savoir ! J’ai envie de te mettre enceinte jusqu’aux narines, jusqu’aux yeux, jusqu’au front, tellement enceinte qu’on ne verrait même plus tes magnifiques cheveux blonds, on ne verrait plus qu’une grosse boule ronde, une magnifique boule ronde, une planète, ma planète rose, ma planète bleue, ma planète. Je t’aime, je t’aime, je t’aime.

Comment ça va pour ta voiture ? Il faut que tu en achètes une autre ? Je suppose que tu rentres en taxi si tu n’as pas d’autre véhicule. Il faudra que tu me racontes mieux ce qui t’est arrivé, je n’ai pas eu le temps de comprendre si c’était un accident, si tu étais au volant ou quoi ou qu’est-ce ? Rappelle-moi qu’il faut que tu me dises ce qui s’est passé.

Nuit du mercredi 10 au jeudi 11/06/98, 0 h 20 du matin.

Je pense à toi, je pense à toi. Je pense tout le temps à toi. Tu fais partie de moi-même, tu es comme collée à mon être. Il y a toujours une image de toi qui est présente à côté de moi. Tu es là, tu es toujours là, à côté de moi, en moi, sans être là. Je te vois partout. Non, je n’hallucine pas. Tu m’accompagnes, ou plutôt, c’est moi qui t’accompagne. J’ai mal aux dents ce soir. Je crois que c’est nerveux. Je me suis mis à faire pas mal de sport, de la natation, alors cela me remue physiquement. Il faut que je continue. J’ai fait 8 + 14 longueurs de 50 mètres la dernière fois. Cela fait 1 100 m en deux fois. Il faut que j’arrive à faire 1 km en brasse d’une seule fois, et aussi que je progresse en crawl. Il faudrait que j’arrête de fumer parce que mes poumons sont en mauvais état. En plus, cela me coûte une fortune, 1 500 F par mois !

Je travaillais sur mes chansons, je me suis mis à dater tout mon répertoire. Il y a plein de chansons que je voudrais te mettre, mais pas tout d’un coup. Là j’étais sur l’une d’elles que j’ai absolument voulu que tu lises. Je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime (sept fois !).

VEUX-TU ETRE LIBRE OU ETRE A MOI ?

1   Veux-tu être libre
Ou être à moi ?
A l’heure où pour vivre
Il y’a ce choix,

As-tu décidé dans ton cœur
D’en finir avec le passé,
Et de me donner le meilleur
De ce que tu voulais garder ?

2   Veux-tu être libre
Ou être à moi ?
Pourras-tu me suivre
A chaque pas ?

Et fondre ta vie dans la mienne
Pour ne plus jamais se quitter,
Afin que l’amour nous retienne
Au nom de sa félicité.

Refrain   Habituée à voir
Tant de désespoir
Depuis que le chacun pour soi a remplacé l’amour,

Sauras-tu m’attendre
Dans un monde tendre,
Et m’aimer le restant de tes jours ?

Instrumental sur couplet.

Au couplet 1.

Au refrain.

Fin   Oui, m’aimer le restant de tes jours-ou-ou-ours.

Je t’aime. Je fais plus que t’aimer, je t’adore. Je voudrais que tu m’excuses, que tu me pardonnes pour toutes les fois où je t’insulte parce que tu te prostitues. Je sais, c’est facile, tu vas voir une prostituée et puis tu l’insultes, tu la traites de pute, etc. Ce n’est pas bien malin. Je te supplie de ne pas m’en vouloir. Comprends aussi que depuis que je suis tombé ouvertement amoureux de toi, depuis que je me suis laissé aller à t’aimer, je ne peux plus supporter que tu te prostitues. Alors qu’avant, j’étais bien content de te trouver quand j’avais envie de passer un moment avec une fille comme toi. C’est complètement égoïste de ma part. Je n’y peux rien, excuse-moi. Excuse-moi de t’insulter, c’est uniquement parce que je t’aime. Si je n’étais pas follement amoureux de toi, je ne t’insulterais pas. Cela me serait égal, cela m’arrangerait même que tu te prostitues. Maintenant, cela ne m’est plus égal, cela ne m’arrange plus du tout. Je ne peux plus supporter que d’autres hommes te touchent, qu’ils te voient nue, qu’ils fassent quoi que ce soit avec toi, et surtout qu’ils puissent tomber amoureux de toi comme moi. Cela se trouve, il y en a parmi eux quelques uns que tu aimes bien, des un peu comme moi. Je ne peux pas supporter qu’il puisse y en avoir un seul autre, alors plusieurs !

Quoique plusieurs c’est moins grave qu’un seul autre. J’espère qu’il n’y en a pas un seul autre, qu’il n’y a pas un homme dans ta vie.

Je te sens là. Tu es assise à côté de moi comme sur le rebord de la boutique où tu t’assois rue Blondel. Je te vois aussi comme si j’étais en face de toi. J’ai tellement besoin de toi. Je ne veux pas vivre sans toi. Quelle connerie ! Pourquoi est-ce qu’on se fait chier, pourquoi est-ce qu’on se torture à vivre seul, toi et moi ? Je suis tellement malade de ne pas être avec toi. Je ne peux aller vers d’autres femmes car je n’ai que toi dans la tête. Je vais essayer d’aller voir d’autres prostituées pour t’oublier. Ou je voudrais monter devant toi avec une autre fille, juste pour voir la tête que tu ferais. Ça se trouve, tu t’en fous ! Tu t’en foutrais complètement ! Tu serais même prête à lui donner des conseils sur mes goûts et mes préférences pour qu’elle puisse me taxer un maximum. Solidarité professionnelle ! Qu’est-ce qui peut t’atteindre ? qu’est-ce qui peut t’émouvoir ? Dans tout l’amour que j’ai pour toi, il n’y a rien qui te touche ? Rien de rien ? Bof ! Rien à foutre... Je ne peux pas croire que tu sois aussi insensible. Est-ce qu’il y a un homme qui t’aime mieux ou plus que moi ? Est-ce qu’il y a un homme qui puisse te comprendre et t’aimer mieux ou plus que moi ? D’accord je ne peux pas t’apporter tout l’argent auquel tu t’es habituée. Je n’ai qu’un salaire très moyen d’employé dans l’informatique. Je n’ai pas toujours du boulot.

Au fait, je me suis fait virer du boulot à Tours. J’ai refusé de tremper dans une magouille de précarisation du personnel. La boîte pour laquelle je travaillais renouvelle systématiquement les périodes d’embauche de tous ses employés. A ma connaissance, je suis le seul à avoir refusé d’être précarisé par cette astuce patronale. Tous les autres employés signent. Je ne peux pas faire quelque chose qui aille contre l’intérêt de la collectivité. Je t’ai dit qu’il y avait des choses que je ne pouvais pas faire à cause de mon appartenance ou de ma prétendue appartenance à une aristocratie. Je ne suis pas aristocrate de naissance mais par conviction sociale et politique. Je suis monarchiste français, ou plutôt, monarchiste salique à cause de la loi salique française qui exclue les femmes du trône et de tout droit de transmission dynastique. Je suis devenu aristocrate salique et antiféministe au fur et à mesure de mon expérience de la vie. Je refuse de croire que l’homme soit l’égal de la femme. Je sais que c’est un délit d’opinion extrêmement grave qui me met au ban de la société occidentale pourrie actuelle. Cela ne m’empêche pas d’être follement amoureux de toi, Patricia, ma chérie, mon adorée. Mais je sais que je suis un homme et que tu es une femme. Je ne te demande pas de faire le millième de ce que je fais pour toi, je sais qu’une femme n’est pas capable de le faire et que, donc, ce n’est pas à elle de le faire. C’est à moi de déployer tous mes efforts d’homme pour essayer de t’attirer à moi. Aucune femme n’a jamais écrit à un homme des lettres d’amour comme je t’en écris, aucune femme ne peut supporter une telle lutte et une telle attente. S’il y a une preuve de la supériorité totale de l’homme sur la femme, c’est bien dans la chasse amoureuse. Lorsqu’une femme échoue dans la conquête de celui qu’elle convoite, il faut absolument qu’elle détruise celui qui s’est refusé à elle ; alors que les hommes sont largement plus fair-play et qu’ils gardent généralement de bonnes relations avec les femmes qui leur ont dit non. J’aime suffisamment les femmes pour refuser de leur mentir, même pour les séduire, en leur faisant croire qu’elles sont les égales des hommes. Notre société corrompue, basée sur la séduction, fait un bien mauvais cadeau aux femmes en leur faisant croire à l’égalité. Les femmes ont leur part de responsabilité dans ce qui leur arrive, et dans ce qui va continuer de se produire. Car ce cycle de dégénérescence ne s’arrête pas là. Nos féministes finiront par se retrouver dans l’uniforme si seyant et si féminin des musulmanes, avec des hommes légalement polygames, c’est-à-dire avec des prostitués mâles officiels qui les traiteront comme moins que des chiennes, et qui leur rendront la pareille de ce qu’elles ont fait aux hommes autrefois. Pour moi, le féminisme est un mensonge, et un mensonge très grave, qui ne peut que générer des mensonges encore plus graves, comme l’islam qui est la pire de toutes les calamités. Mais les Cassandre ne peuvent trouver bon accueil ! Va leur dire qu’elles se gourent, qu’elles se mettent le doigt dans l’œil jusqu’au coude ! J’espère que tu me pardonneras de ne pas céder à la folie féministe générale de nos contemporains occidentaux, et même mondiaux en dehors des pays islamiques. Je t’aime, je t’aime véritablement, et dans la vérité. Je ne te demande pas d’être mon égale, je n’ai pas besoin d’une égale, mais d’une femme que je sais m’être inférieure, d’une compagne que j’aime, que j’adore et que je chéris, et dont j’ai un besoin vital et absolu.

Vendredi 12/06/98, 20 h 30.

Je sais que tu seras là ce soir, rue Blondel, à partir de 23 h ou plus tard car tu as l’habitude d’arriver en retard le vendredi. sans doute histoire de te prouver à toi-même que tu ne fais que ce que tu veux, quand tu le veux. Je n’aurai pas les 500 F pour venir te venir dans la nuit de dimanche à lundi, je les aurai seulement la semaine prochaine. Cela fait des semaines que je n’ai pas passé quelques minutes seul avec toi, dans ta chambre professionnelle, avec les cravaches et les fouets accrochés au mur. Je n’ai pas d’argent pour te voir. Je suis venu plusieurs fois comme je vais sûrement venir te voir ce soir, pour te voir, pour essayer de te dire quelques mots, je vais mendier quelques minutes de ton temps. Cela se terminera par un « Tu m’excuses, mais il faut que je travaille ». Si tu es gentille, tu me feras une bise ; si tu es très gentille, j’aurais droit à deux bises. Deux misérables bises pour te débarrasser enfin de moi et de tout mon amour encombrant. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. J’ai absolument besoin de toi. Je ne peux pas vivre sans toi. Je ne peux pas aller vers une autre femme, pour peu qu’il y ait d’autres femmes vue la manière dont elles traitent les hommes aujourd’hui. Mais même, je n’ai que toi en tête, que toi dans mon cœur, que toi dans mon âme, que toi. Toi, tu te fous de moi complètement, je t’indiffère, je t’ennuie un peu. Peut-être pas trop. La dernière fois, tu m’as parlé des problèmes avec ta voiture. Je ne sais même pas ce qui s’est passé As-tu risqué un accident ? Était-ce un acte de vandalisme ? J’ai peur pour toi. Cela ne me rassure pas de te savoir dans ce quartier. La rue Saint-Denis, la rue Blondel et tout ce quartier me rendent parano. Je m’y sens très très mal. Je sens une violence sournoise prête à surgir à n’importe quel moment. Je m’y suis fait agresser dernièrement par une bande de six jeunes noirs, ils voulaient me dépouiller de mon argent. J’ai réussi à m’en tirer. Je suis inquiet pour toi. Cela devient de plus en plus dangereux ; Il y a des bandes de jeunes immigrés qui montent des banlieues. Ils n’ont pas d’argent pour se payer des filles comme toi. Ils sont de plus en plus nombreux chaque semaine.  Je sens que cela va aller de mal en pis. Je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose. Je sens qu’ils sont prêts à s’en prendre aux filles dans la rue. Vous n’êtes pas assez protégées lorsque vous êtes sur le trottoir. N’importe lequel de ces jeunes peut vous balafrer ou vous faire n’importe quoi. Je sens qu’ils sont proches de le faire. Je les sens ces jeunes immigrés du vendredi et de samedi soir. Et toi tues là, cela peut tomber sur toi. Ces jeunes sont hyper dangereux, c’est une nouvelle vague qui n’a pas grand-chose à perdre. Il faut que vos gardes du corps restent plus proches de vous. Il ne faut pas que vous soyez à la merci d’une de ces bandes qui détale à toute vitesse une fois leur coup accomplit. Ils n’en en rien à foutre de revenir, ils ne sont pas du quartier. Je sens qu’il va se passer quelque chose de grave. Je ne veux pas que cela tombe sur toi. Ne reste jamais seule, je t’en supplie. Surtout dans la rue. Ne va pas toute seule t’asseoir sur le trottoir de la boutique d’en face, tu y es trop vulnérable, trop isolée. Demande à ton garde du corps de rester près de toi dans le couloir quand tu es dans la rue. Je t’assure que tu risques énormément. Je sens la violence monter chez ces jeunes des banlieues. Protège-toi personnellement. C’est très sérieux. Je suis sûr que l’une d’entre vous va subir un sale coup d’ici peu. Je ne veux pas que ce soit sur toi que cela tombe. Je t’en prie, prends toutes les précautions, quitte à passer pour parano, ne reste plus jamais seule. Il faut que tu aies toujours au moins une copine à côté de toi et au minimum un garde du corps à quelques mètres. Ce ne sont pas vos clients habituels qui sont en cause mais ces nouveaux jeunes qui débarquent. Je te dis qu’ils sont extrêmement dangereux. Ils vont faire des sales coups sur vous. J’en suis absolument sûr. Mon instinct ne peut me tromper là-dessus. Fait en sorte que cela ne tombe pas sur toi, mon amour adoré, pas sur toi, ma chérie adorée. Les autres filles, je m’en fous, mais pas toi. Sois assez maligne pour réaliser la violence qui gronde chez ces jeunes en ce moment et pour prendre tes précautions en ce qui te concerne. Ne reste plus seule assise sur le trottoir de la boutique d’en face le vendredi et le samedi soir, quand les jeunes des cités débarquent. Ces gamins sont fous de rage, ils ont besoin de se prouver quelques choses à eux-mêmes en s’en prenant à vous, en vous faisant du mal. Qu’est-ce que tu peux faire contre un gamin qui veut briller devant ces copains et qui passent devant toi et qui te balafre à coup de cuter, et qui détale ensuite plus vite qu’un lapin ? Tu ne peux rien faire. Alors fait en sorte que cela ne puisse pas t’arriver à toi. Garde-toi à gauche et à droite. Fais en sorte que le gamin voit qu’il ne pourra pas détaler sans se faire attraper ni à gauche ni à droite, et que ce soit visible. Je t’assure que je sens qu’il va arriver quelque chose, que cela se prépare. C’est inévitable. Prends tes précautions pour ne pas être parmi les premières victimes de ce qui va obligatoirement arriver. Je le sens, j’en suis sûr, je ne dis pas cela pour te faire peur, ni pour te faire renoncer à te prostituer, mais pour que tu sois vigilante plus que jamais, et que tu t’assures les protections nécessaires qui sont vraiment indispensables pour toi en ce moment. Il faut que tu te fasses protéger dans la rue de façon vraiment efficace car elle devient vraiment dangereuse. Il te faut un garde du corps pour la rue, pas seulement pour ta chambre. Le plus grand danger est actuellement dans la rue. Je pense que tu le sens toi-même, et je serais au désespoir s’il t’arrivait quelque chose, alors, je t’en supplie, prends plus que toutes les précautions nécessaires. N’hésite pas à faire appel à une double ou triple garde pour la rue. Il faut absolument que tu voies cela avec tes copines pour que vous preniez des dispositions efficaces pour assurer votre protection dans la rue. Jure-moi que tu vas le faire. Je t’en supplie. Je ne veux pas t’alarmer inutilement, mais ce que j’ai vu dans les yeux des jeunes immigrés qui rôdent le week-end dans votre quartier, ce que j’ai vu dans leurs yeux est vraiment le dernier signal d’alarme avant la catastrophe. Il va se passer quelque chose d’extrêmement grave. C’est sûr que l’une d’entre vous va en pâtir salement. Je le sens, je le vois, j’en suis sûr. Si tu avais vu la lumière que j’ai vue dans leurs yeux quand je me suis fait braquer, tu saurais comme moi qu’ils sont prêts à n’importe quoi et qu’ils vont bientôt s’attaquer à vous. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent aux autres filles, mais surtout qu’ils ne te touchent pas toi. Je t’assure que j’ai vraiment peur pour toi, et que si je n’avais pas peur de t’ennuyer, je resterais toutes les nuits de vendredi et de samedi à proximité de toi pour pouvoir intervenir en cas de besoin. J’ai vraiment peur, Patricia. Promets-moi de rester toujours en compagnie, jamais isolée, ne va plus t’asseoir toute seule de l’autre côté de la rue, tu es trop vulnérable. La situation est vraiment dangereuse en ce moment. Des jeunes immigrés qui vont rater leurs examens de fin d’année, qui ne vont pas partir en vacances, qui ont plus que jamais la rage, et qui déferlent en masse le week-end dans votre quartier. S’il te plaît, prends un garde du corps spécial pour la rue, c’est là où c’est le plus dangereux actuellement. Sais-tu que leurs copains du bled, en Algérie, balancent des flacons de vitriol aux visages des prostituées ? Je sens cette violence arriver sur votre quartier. Je ne dis pas cela histoire de te faire peur, mais parce que je l’ai vraiment ressenti ces derniers jours en me baladant dans ces rues. Je sens que la violence y monte actuellement comme elle n’a jamais monté depuis que je connais ce quartier. Je ne suis pas voyant mais je sens les choses, les visages, les gens, je sais décrypter certains signes, et je te jure que de nombreux indicateurs sont au rouge comme je n’en ai jamais vu auparavant. Je t’en supplie, fais tout ce qu’il faut pour te protéger personnellement. N’hésite pas à investir en doublant ou triplant tes frais de garde du corps car la situation actuelle est extrêmement dangereuse. Ne reste jamais isolée, je t’en supplie, et oblige tes gardes du corps à te serrer au plus près en ce moment, à ne pas te lâcher d’une semelle, d’un regard, lorsque tu es dans la rue face à ces jeunes immigrés qui déferlent le week-end. Il faut que tu prennes un garde du corps spécialement pour la rue. Ce n’est pas le gars qui est dans le couloir qui va pouvoir intervenir et te protéger dans la rue. Il te faut absolument un garde du corps pour te protéger lorsque tu es dans la rue. Vois avec tes copines pour vous cotiser. Je t’assure que cette protection dans la rue est absolument indispensable en ce moment. C’est dans la rue que la violence va se passer, c’est là que je la vois. Il suffit de voir le visage de ces jeunes noirs et de ces jeunes beurs, de lire dans leurs yeux, pour comprendre que vous allez être agressées dans la rue, et salement, gratuitement, pour le plaisir. Jure-moi de prendre tes précautions pour être protégée dans la rue, s’il te plaît. Jure-moi de t’en occuper tout de suite, d’en discuter illico avec tes copines pour organiser une défense vraiment efficace dans la rue. Je suis persuadé qu’il va se passer des violences contre vous dans la rue comme vous n’en avez jamais vues auparavant. Vous devez vous organiser illico presto pour qu’ils aillent faire cela ailleurs que dans votre quartier. Je t’assure que je ne déraille pas. Pour peu que je sois capable de pressentir quelque chose en regardant les lueurs dans les yeux des gens, je te jure que je n’ai jamais vu ce que j’y ai vu dernièrement. J’ai vu des bandes de jeunes prêts à faire n’importe quoi et qui se sentent dans votre quartier comme chez eux. Il faut que vous leur fassiez comprendre au plus vite qu’ils ne sont pas chez eux mais chez vous, et par la force, pour qu’ils aillent s’amuser ailleurs. Il vous faut le faire tout de suite. La situation n’a jamais été aussi dangereuse que maintenant parce que vous n’êtes pas sur vos gardes, surtout dans la rue où vous êtes totalement vulnérables à toutes les violences qui brillent dans les yeux de ces presque gamins. Il faut absolument que vous preniez les devants, sinon vous allez subir des horreurs en réagissant trop tard.

Je t’aime, je t’aime, je t’aime, ma chérie. Je t’en prie, ne prends pas de risque. Voilà ce que je vois qu’ils vont faire : ils font frapper l’une d’entre vous au visage et détaler comme des lapins. Ensuite, ils reviendront, mais vous ne pourrez pas les reconnaître, ils se ressemblent et portent le même genre d’uniforme de jeune passe-partout. Je ne veux pas que ça tombe sur toi, pas sur ma Patricia. Arrange-toi pour qu’ils ne puissent pas te faire ce coup-là. Garde la rue à gauche, et garde la rue à droite. Qu’ils ne puissent pas s’en sortir. Attention, ce sont des bandes de six à dix jeunes noirs ou autres. Il faut pouvoir les bloquer de chaque côté de la rue Blondel en moins d’une seconde. Ils feront sûrement des diversions pour égarer vos garde du corps, pour les attirer ailleurs, pour tromper leur attention.

Je vais aller à Paris ce soir pour essayer de te remettre cette lettre. J’espère que tu prendras le temps de la lire. Je ne pourrais pas monter avec toi avant la semaine prochaine. Je ne pourrai tirer de l’argent sur le chèque de ma dernière paye qu’à partir de jeudi prochain. Je voulais t’écrire plus de choses, ce sera pour la prochaine fois. Je suis vraiment inquiet pour ta sécurité, et je voudrais que tu prennes vraiment des dispositions sérieuses pour te protéger dans la rue les nuits de week-end. C’est pourquoi je veux te remettre cette lettre maintenant. Je vais te recommander de la lire, surtout cette dernière partie.

Je t’aime, Patricia chérie. Je te dirai plus tard au sujet de ce que tu me dis quand, d’après toi, tu n’es pas le genre de femme qu’on épouse. Tu es vraiment le genre que je veux épouser. Si tu savais à quel point les autres femmes sont mille fois plus pute que toi. Toi, au moins, tu as la franchise de l’être ouvertement, mais les autres, c’est bien pire. Bon, ce sera pour plus tard. Je veux d’abord que tu te protèges, que tu prennes des dispositions particulières dans la rue en ce moment. Je t’aime, je t’aime, je t’aime.

Michel.

P.S. : je te joins une photo de moi que je viens de faire faire. C’est du photomaton, mais pas trop mal quand même. Je n’ose espérer que tu me rangeras avec les autres photos qui te tiennent à cœur, mais on ne sait jamais. Enfin, tu auras toujours la photo d’un homme qui t’aime et qui pense tout le temps à toi. Elle est en couleur. Je n’y suis pas trop mal, quoique j’ai un peu l’air d’un homard. Il devait y avoir un peu trop de rouge dans la machine. J’ai bronzé un peu car je vais à la piscine faire beaucoup de natation en ce moment (j’ai fait 1 200 mètres d’un coup aujourd’hui), mais je ne suis pas tout rouge comme sur la photo. La prochaine fois, je ferai des photos en noir et blanc, et j’en garderai une pour toi. C’est souvent plus joli le noir et blanc en photo. Tu sais à quel point j’aimerais que tu me donnes la photo de toi en noir et blanc que tu m’as montrée un soir, celle où tu es avec Julia. Si tu ne veux pas que je vois Julia, tu n’as qu’à découper le bas où se trouve Julia et me laisser juste ton visage. Tu pourrais quand même bien me la donner cette photo. Je suis tellement seul. Je passe mon temps à penser à toi et je n’ai même pas une photo de toi. Ça serait sympa si tu me donnais au moins une petite photo de toi. Ça m’aiderait à vivre, à subsister, à survivre un peu mieux. Si je pouvais te voir sur une photo, j’aurais peut-être moins mal à te voir tout le temps juste dans ma tête.


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